EGOISTE - Nicole Wisniak - Le seizième numéro de sa revue « spasmodique » est en vente

Un académicien français, Jean d’Ormesson, un prix Nobel de littérature, Jean-Marie Gustave Le Clézio, deux philosophes, André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy, la fine fleur des écrivains, de Patrick Besson à Marc Lambron et de Frédéric Beigbeder à Marie Darrieussecq, et les meilleurs photographes (Paolo Reversi, Ellen von Hurweth, Richard Avedon…) : le sommaire du numéro 16 de la revue « Égoïste », à périodicité « spasmodique », comme le dit sa fondatrice Nicole Wisniak, ressemble à un palmarès. Ce magazine chic, rare et cher (35 €), exclusivement en noir et blanc, est une singularité dans la presse d’aujourd’hui. Il est toujours très attendu parce qu’on ne sait jamais quand il doit paraître : le dernier en date est sorti en 2006 et se vend le triple sur les sites d’enchères internet, moins que le n° 12 avec Yannick Noah, nu, qui saute en couverture (300 €) et les n° 1 et 2 qui dépassent les 700 €.

Autre particularité : l’unité du contenu. Nicole Wisniak, secondée par Eléonore Thérond, la fille de Roger Thérond, le mythique patron de « Paris Match », par Siegfried de Turckheim, le fils de la dessinatrice des Triplés et par Judith Grumbach, sa propre fille, s’occupe de tout, y compris des publicités. Les marques prestigieuses (parfums, bijoux, champagne, vêtements, chaussures…) sont mises en scène par la directrice elle-même qui choisit les poses et les modèles, et l’artiste qui saura les saisir. « Une double page peut demander jusqu’à un mois de préparation », confie-t-elle. Quand elle a commencé, en 1977, elle n’avait, assure-t-elle, que 8.000 francs sur compte en banque et habitait toujours chez ses parents. Mais ses amis n’étaient pas n’importe qui. Helmut Newton et Françoise Sagan, qui lui ont mis le pied à l’étrier, avec ce conseil : « Ne fais pas un journal avec des journalistes mais avec des écrivains ». Le nom « Égoïste », qui depuis a été vendu à Chanel, lui est venu à l’esprit comme une provocation. « Tout le monde a voulu en être parce que c’était un espace de liberté, sans contrainte commerciale. Tous ces talents réunis n’avaient pas d’autre souci que la qualité de ce qu’ils faisaient », se souvient Nicole Wisniak, qui s’amuse toujours à marier les uns et les autres, en fonction de leurs affinités. Ainsi, dans le numéro qui vient de paraître, qui compte deux tomes et 240 pages, Diane von Fürstenberg s’entretient avec Ingrid Betancourt ; Pascal Bruckner rend visite en Suisse à Roman Polanski ; Gonzague Saint-Bris livre l’une des dernières interviews de Jacqueline de Romilly ; Patrick Besson interroge Keira Knightley et rédige l’horoscope de douze personnalités, de Berlusconi (Balance, « cette douleur têtue dans les reins est normale ») à Ahmadinejad (Scorpion, « après une année très active, une année très radio active ») et de Dominique Strauss-Kahn, (Taureau, « à peine serez-vous installé dans les meubles de l’Élysée vous reprochera-t-on ceux de Marrakech ») à Albert de Monaco (Poissons, « complexe d’Œdipe en voie de guérison ») ; BHL liste vingt commandements à l’usage des paranoïaques expérimentés ; Michel Schneider parle de musique avec Renaud Capuçon ; Léa Seydoux est mise à nu par l’auteur de « 99 francs » et Valérie Lemercier, icône de mode, porte les tenues idoines pour rencontrer Almodóvar, Mike Tyson (une armure) ou Brad Pitt. À la veille de la parution, Nicole Wisniak a le trac : « Je jette dix idées à la poubelle avant de réaliser la onzième et peut-être ai-je tort. Je ne suis jamais contente. Personne ne me mettra jamais la barre aussi haute que je me la mets moi-même ».

Michel VAGNER de l'Est Républicain

On en parle également dans Paris Match

Quelques photos extraites des anciens numéros EGOISTE (numéros de ma collection)