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Jours tranquilles à Paris
29 mars 2015

L’esprit du 11 janvier souffle à Tunis

Des dizaines de mosaïques d’époque romaine. Des collections d’art islamique. Plus de deux mille ans d’histoire. Païenne. Chrétienne. Musulmane. Le Musée du Bardo, c’est un peu tout cela à la fois. Fierté touristique de Tunis. Fierté culturelle. Lieu incontournable de visites scolaires pour des millions de Tunisiens depuis des décennies, depuis que Bourguiba a fait de l’éducation et de la culture une priorité républicaine. Manifester aujourd’hui devant ce musée, contre le terrorisme, est ainsi tout un symbole. En appelant les Tunisiens et les leaders politiques qui le souhaitaient à le rejoindre, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi a non seulement voulu raviver l’esprit du 11 janvier. Il rappelle que son pays« continue sa lutte contre le terrorisme ». Des dizaines de milliers de Tunisiens sont attendus. Des participants au Forum social qui vient de s’achever aussi. Et puis quelques responsables politiques ont répondu présent. François Hollande, Matteo Renzi, Mahmoud Abbas, le chef de l’autorité palestinienne. Ou encore quelques ministres algériens, le Président polonais, la représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Qu’importe le nombre. A l’heure où les fanatiques de l’État islamique brisent le patrimoine culturel mondial en Irak et en Syrie, la marche du Bardo est précieuse. Elle sera sans doute moins imposante par le nombre que celle de Paris, mais son message est sans doute encore plus lourd de sens. Elle dit aux Tunisiens que leur pays n’a pas changé de cap depuis l’indépendance. Et que sa fierté n’est pas uniquement liée à l’héritage musulman, mais qu’il puise bien au-delà dans le temps. La marche de Tunis dit aussi au monde que la Méditerranée n’est pas un obstacle absolu. Que les valeurs, qui ont mobilisé en France quatre millions de personnes le 11 janvier, sont partagées sur l’autre rive. Que la folie meurtrière des groupes djihadistes laisse les Tunisiens aussi désemparés que nous. Qu’un peuple majoritairement musulman est lui aussi choqué par tant de violence. Et qu’il entend s’y opposer. Certains pourront juger la rhétorique d’une telle manifestation un peu convenue, alors que la porosité de la société tunisienne aux filières djihadistes n’a jamais été si grande. C’est oublier que la rhétorique est aussi un rempart, nécessaire face à la propagande djihadiste. Article de Laurent MARCHAND.

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