Mésentente entre Paris et le Vatican
En visite en France, le numéro deux du Saint-Siège va-t-il renouer les fils d’un dialogue devenu difficile entre les deux États ?
Il n’y a plus d’ambassadeur de France près le Saint-Siège depuis le 1er mars. Et le pape François recule son voyage dans l’Hexagone. Épiphénomènes ? Non. Plutôt les symptômes d’un malaise dans les relations entre « la fille aînée de l’Église » et le Vatican. Comment en sortir ? Mgr Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, était hier à Paris. Officiellement, le « Premier ministre » du pape participait à une conférence à l’Unesco. Il s’est aussi entretenu en privé avec François Hollande et Manuel Valls. Au menu : le MoyenOrient, le climat et… l’affaire Stefanini. Laurent Stefanini a été nommé ambassadeur de France au Vatican le 5 janvier. Mais le Saint-Siège n’a toujours pas donné son feu vert. Si personne ne met en doute les compétences du candidat, les révélations « dans la presse » (grâce à des « âmes charitables ») de son homosexualité ont compliqué la donne. Sur le fond, le pape, qui a reçu l’intéressé, n’a aucun a priori contre Laurent Stefanini. En revanche, il apprécie peu de se faire« forcer la main par François Hollande », assurent des proches de François. La publication du nom de Laurent Stefanini avant que le Saint-Siège n’ait donné son accord est jugée contraire aux usages diplomatiques. Le pape craint maintenant que son agrément à cette candidature ne soit interprété comme une caution au « mariage pour tous » à la française. Tout en manifestant publiquement des signes d’ouverture envers les homosexuels, François s’oppose au mariage gay. Si l’on ajoute la lecture, jugée trop stricte, de la laïcité et les débats sur la fin de vie, tous les ingrédients sont réunis pour plomber le climat entre Paris et le Vatican. Dans ces conditions, François ne semble plus pressé de venir en France. En tout cas, ce ne sera pas pour cette année. Article de François VERCELLETTO.