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Jours tranquilles à Paris
1 novembre 2015

AURAY : Saint-Gildas, cimetière d’histoires à faire revivre

Le cimetière et ses 2 648 emplacements est aussi un endroit qui se visite. Au fil des allées, on y découvre les tombes de personnalités qui ont participé à l’histoire d’Auray. Petite visite guidée.

Reportage

Philippe Uzel est un peu l’homme qui tombe à pic. Vous cherchez la tombe du général Auguste La Houlle ? Le gardien du cimetière est prompt à vous indiquer l’emplacement. La tombe des six soldats morts pendant la Première Guerre ? Rien de plus simple. En quelques pas vous voici devant la stèle érigée en leur honneur par le Souvenir français. Dire que Philippe Uzel connaît bien les lieux serait peu dire. Cette dernière tombe est comme flambant neuve. « Je l’ai entièrement repeinte, les gravillons qui l’enrobent sont tout neufs », indique le gardien avec une once de fierté légitime dans la voix. Un cimetière comme celui de Saint-Gildas, « c’est du boulot… mais j’aime beaucoup. Le plus dur c’est le désherbage, il faut être méthodique. Heureusement, j’ai l’appui des Espaces verts pour le cimetière de Saint-Goustan ». En cette veille de Toussaint, le cimetière de Saint-Gildas prend des couleurs. Peu à peu, les tombes refleurissent. On s’active dans les allées, on redonne un petit coup de jeune aux sépultures des défunts. On s’arrête ici et là, on discute avec les membres d’une famille voisine. « C’est loin d’être mort un cimetière, sourit Philippe Uzel. C’est même très vivant. On s’y parle énormément, on s’y rencontre. »

Dédale d’histoires

Saint-Gildas est aussi un dédale d’histoires de familles alréennes. En y prêtant attention, on se penche plus profondément dans la vie de personnages qui ont fait l’Histoire d’Auray. Accompagné pour l’occasion de Geneviève Hamon, directrice du service archives et patrimoine et de Patrick Gouégoux, conseiller au patrimoine, on remonte le fil de cette histoire, au fil des tombes sagement alignées. « Saint-Gildas a bougé au XIXe siècle, explique Geneviève Hamon. Autrefois implanté près de l’église (à la Plaine) le cimetière était à l’étroit et souffrait de problèmes sanitaires. On craignait des épidémies. La majorité des tombes ont été déplacées ici, en 1805. » Reste-t-il des traces de l’ancien site ? « Il subsiste encore des sépultures, acquiesce Patrick Gouégoux, sous le bitume qui environne l’église. En 2012, des travaux sur une canalisation de gaz ont mis à jour des ossements. » L’actuel cimetière Saint-Gildas est situé dans l’aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine (Avap). « Ce qui veut dire que toute cette histoire sera conservée et protégée », précise Patrick Gouégoux.

Fleurie ad vitam æternam

Parmi les sépultures (2 648 recensées), celle de la famille Le Doré et de l’ancien maire d’Auray, Louis Le Doré, un industriel qui a beaucoup fait pour le développement commercial d’Auray entre 1900 et 1908. « C’est lui, également qui permit la construction du Petit théâtre. » À deux pas, voici la tombe de Jean Marie Barré. « LE » bienfaiteur de la Ville. « Il était l’héritier direct d’une très riche famille. Dès 1796, il a beaucoup donné de sa fortune pour la Chartreuse, le cloître de SainteAnne-d’Auray et pour la chapelle du Saint-Esprit. Il était membre de la loge maçonnique « La douce entente » installée à Saint-Goustan ». Poursuivons la visite jusqu’à la stèle de la famille Royère, dont le parc du centre-ville porte le nom. « Zoé Guillon des Brûlons, la grand-mère de Jean Royère, décorateur de renommée internationale, possédait d’importantes propriétés à Auray. » La tombe du général Auguste La Houlle, aviateur engagé dans les deux guerres mondiales, mort à Rabat en 1959, sera de celle qui sera fleurie par le maire ce dimanche. « Par obligation aussi, explique Geneviève Hamon. À sa mort, il fut décidé, par délibération municipale, qu’elle serait fleurie et entretenue ad vitam… » Fleuries, les tombes des différents défunts maires d’Auray le seront aussi. Comme celles des soldats de la Première Guerre ou celles des résistants Jean Marca et Henri Conan, parmi les personnalités qui reposent paisiblement, avec tant d’autres, à l’ombre de Saint-Gildas. Un parcours qui pourrait aussi faire un jour l’objet de visites guidées et commentées ? Idée à creuser…

Pierre WADOUX.

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