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Jours tranquilles à Paris
20 janvier 2016

Ai Weiwei est au Bon Marché - exposition

Paris - Des animaux légendaires en bambou suspendus dans l'atrium, des figures mythologiques installées dans les vitrines: le Chinois Ai Weiwei expose ses œuvres au Bon Marché à Paris, une première dans un grand magasin pour l'artiste engagé qui souhaite ainsi rencontrer "un autre public".

Exposer dans un grand magasin, "c'est user d'un autre média pour aller à la rencontre d'un autre public, aussi large que celui d'un musée, mais qui ne vient pas a priori pour l'art", explique Ai Weiwei.

"Cette expérience me permet de concevoir une exposition d'une autre manière, avec des contraintes différentes de celles d'un musée ou d'une galerie", ajoute l'artiste, qui fut longtemps la bête noire du régime de Pékin.

Détenu en 2011 pendant 81 jours, il est un critique féroce du gouvernement chinois, même si le climat est à l'apaisement ces derniers temps.

Pour cette exposition baptisée "Er Xi" ("Air de jeux" - jusqu'au 20 février), il s'est inspiré du Shanhaijing, le livre des Monts et des Mers, ensemble de récits populaires imaginés dans l'antiquité chinoise et remontant à plus de deux mille ans. 

"On m'a raconté ces contes, comme à tous les enfants du pays, quelles que soient les périodes politiques, car c'est d'abord une tradition orale", dit l'artiste, qui réside à Berlin.

Si la thématique de l'exposition est inspirée des contes et légendes, la technique est elle empruntée à celle des cerfs-volants traditionnels chinois: des tiges de bambou tressées donne sa forme à la structure qui est ensuite habillée d'un papier de soie blanc pour la plupart des oeuvres.

- "Référence à la censure" -

"Le cerf-volant est le premier objet que j'ai fabriqué quand j'avais 10 ans, avec du bambou arraché de nuit aux volets des fenêtres", se souvient Ai Weiwei qui, à 58 ans, a gardé son âme d'enfant comme en témoigne le mur de selfies, souvent humoristiques, qu'il expose également au Bon Marché.

Résultat: des créatures mythologiques, oiseaux ou dragons à plusieurs têtes, flottent sur trois niveaux sous la verrière centrale du célèbre magasin de la rive gauche.

Mais nul besoin d'entrer pour voir certaines des oeuvres, une dizaine d'entre elles étant exposées dans des vitrines donnant sur la rue de Sèvres.

L'une d'elles ("With passport"), également en bambou, présente plusieurs symboles liés à la liberté d'expression, comme le crabe de rivière "he xie", largement utilisé sur internet en référence à la censure.

Artiste polyvalent, peintre, sculpteur et plasticien, Ai Weiwei, a notamment aidé à la conception du "Nid d'oiseau", le spectaculaire stade de Pékin construit pour les jeux Olympiques de 2008.

"Cette exposition est un hommage à la Chine et à son patrimoine culturel", a commenté Patrice Wagner, PDG du groupe Le Bon Marché. 

"C'est une oeuvre poétique et patrimoniale, à la fois esthétique et conceptuelle, qui touche tous les publics", a-t-il ajouté.

Pour l'enseigne, qui n'en est pas à sa première collaboration avec des artistes - elle avait notamment accueilli les clichés du photographe britannique Martin Parr l'été dernier - l'opération est un moyen d'"offrir une expérience unique" à ses clients. Sans forcément, assure-t-elle, qu'ils passent par l'acte d'achat, même si le grand magasin ne cache pas son souhait de les voir revenir.

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