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Jours tranquilles à Paris
9 avril 2016

De Jeff Koons à Ingres, exposition de photos d’artistes dans leurs ateliers

Exposition du 5 avril au 17 juillet 2016 au Petit Palais.

Qui n’a pas rêvé pénétrer dans le monde secret des ateliers d’artistes ?

L’atelier d’artiste appartient à notre imaginaire collectif avec sa lumière souvent idéale, zénithale, sa verrière, son poêle et son bordel d’instruments, d’outils et de bric-à-brac, d’accumulation d’objets-concepts, d’originalités visuelles. Mais le photographe peut-il sincèrement se targuer de rester d’un regard objectif ? N’y a-t-il pas transformation et recomposition ? En traduisant ce qu’il voit n’en devient-il pas le premier traitre, comme aurait pu dire la maman de Napoléon Ier ?

gautier deblonde

 Gautier Deblonde. L’atelier de Jeff Koons à New York, 2005. Tirage jet d’encre. Lille, galerie Cédric Bacqueville.

Plus de 400 photographies, mais également des peintures, des sculptures et des vidéos permettent d’approcher au plus près le processus de création de nombreux artistes fameux, dont Ingres, Picasso, Matisse, Bourdelle, Zadkine, Brancusi, mais aussi de Joan Mitchell, Miquel Barceló, Ron Mueck ou Jeff Koons, et d’un bon paquet d’autres.

ron mueck

 Gautier Deblonde. L’atelier de Ron Mueck à Londres, 2006. Tirage jet d’encre. Lille, galerie Cédric Bacqueville. De 2004 à 2013, le photographe français, utilisant une chambre photographique équipée d’une lentille évitant toute déformation, a saisi plus de 200 ateliers d’artistes célèbres dont 69 furent publiés dans son livre "Atelier", dont notamment David Hockney, Jeff Koons, Pierre Soulages, Miquel Barcelo, Ai Weiwei. Le catalogue de Ron Mueck a obtenu le Prix CatalPa 2013 pour les catalogues d’expositions de Paris.

Jamais encore une exposition n’avait traité à aussi grande échelle et de façon aussi spectaculaire le regard photographique porté sur l’atelier. L’offre d’une large proximité dans l’esprit de nombreux créateurs.

Si depuis toujours les ateliers d’artistes nous fascinent, que dire de l’immense curiosité des photographes, et cela depuis les débuts de cette technique.

Qu’elle documente les intérieurs et tire les portraits des artistes en vogue, qu’elle s’intéresse au geste créateur ou qu’elle prenne l’atelier comme métaphore de la naissance des images, la photographie n’a de cesse depuis le XIXe siècle de pénétrer et d’explorer ces espaces où l’œuvre d’art s’élabore. Quitte à parfois s’y sentir un peu trop comme chez elle. Envahissante !

Profitez-en aussi. Soyez indiscrets ! Saisissez-vous de cette occasion d’approcher, apparemment sans trop le déranger, voire même parfois en flattant agréablement son égo, l’artiste à l’œuvre, et de rendre ainsi un peu plus palpable, un peu moins secret, le processus magique de la création.

N’est-ce pas aussi un beau sujet de réflexion que de tenter de comprendre cette fascination bi-polarisée des photographes pour les artistes, et des artistes pour la photographie, qui met en valeur, fait passer à la postérité, couronne le présent d’un succès, l’originalité et la force d’une œuvre ?

toulouse lautrec

 Maurice Guibert (1856-1913). Toulouse-Lautrec peignant Au Moulin rouge, la danse, 1890. Tirage argentique. 26,5 x 36 cm. Don de Mme Guibert, 1955. Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes et de la photographie, N3 Toulouse-Lautrec. Maurice Guibert, compagnon de vacances et d’excursion du peintre, l’a photographié à l’œuvre dans son atelier.

Le parcours de l’exposition suit trois grands thèmes.

L’artiste en majesté. Dès l’entrée de l’exposition, nous pénétrons dans l’intimité de la création, par des tirages anciens et modernes, en noir et blanc ou en couleurs, qui montrent comment la photographie célèbre l’Art et les artistes, mettant ainsi en valeur leur personnalité et valorisant leur puissance créatrice.

Le visiteur découvre les portraits mis en scène d’artistes de la fin du XIXe siècle jusqu’à des figures plus contemporaines comme Nicolas de Staël, Piet Mondrian, Joan Mitchell, ou Paul Rebeyrolle.

La vie dans l’atelier. Les photographes ont été et sont toujours les témoins privilégiés des activités et des rencontres qui ont lieu dans cet endroit exceptionnel où l’on ne pénètre qu’en montrant patte blanche, ou au moins en ayant assurer de sa curiosité et de son intérêt, de quelque nature qu’il puisse être, pour l’art.

Ainsi Edmond Bénard (1838-1907), photographe et éditeur, réalisera la série "Artistes chez eux" qui contribue à la promotion des artistes de son temps et dresse un portrait de la réussite artistique à la fin du XIXe siècle : intérieurs cossus, collections pléthoriques cernant peintres ou sculpteurs endimanchés pour l’occasion. Quelle intimité !

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Carlos Freire. Francis Bacon dans son atelier à Londres, 1977. Tirage gélatino-argentique. Paris, galerie Jean Robert.

Bien sûr l’atelier, c’est le lieu même du geste créateur, mais aussi celui de l’apprentissage avec les cours collectifs. On y reçoit famille et amis. C’est également là que s’établit un face à face avec le modèle.

Méditations photographiques. L’atelier n’a de cesse d’être une source d’inspiration pour ces photographes qui produisent des images empreintes de gravité et de poésie telles les photographies de Luigi Ghirri évoquant le temps suspendu dans l’atelier de Giorgio Morandi ou encore celles d’André Villers fixant à jamais les toiles de Picasso rangées dans son atelier, ou sa palette sur une rustique chaise en paille.

L’exposition conclut sur une série de photographies qui hissent l’atelier au rang d’œuvre d’art, comme peuvent en témoigner la savante accumulation de toiles, d’outils, d’objets en tous genres dans l’atelier de Francis Bacon, ou encore l’agencement géométrique de socles et sculptures dans celui de Didier Vermeiren. L’atelier devient lui-même objet, prolongement même de l’artiste.

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Gustave Courbet (1819-1877). L’Atelier du peintre. Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale. Entre 1854 et 1855. Huile sur toile. 361x 598cm © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Cette exposition, disposant d’une technologie interactive, permet même la réalisation d’une extension virtuelle. Le public y est invité à choisir et disposer des œuvres non retenues qu’il aurait voulu voir présenter. Les photographies plébiscitées feront ultérieurement l’objet d’une exposition virtuelle présentées sur le site du Petit Palais.

Le commissariat de cette exposition est assuré par Delphine Desveaux, directrice des collections Roger-Viollet, Susana Gállego Cuesta, conservatrice de la collection photographique du Petit Palais, et Françoise Reynaud, conservatrice en charge des collections photographiques du musée Carnavalet.

Dans l’atelier. L’artiste photographié d’Ingres à Jeff Koons, du 5 avril au 17 juillet au Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston Churchill - 75008 Paris,  

Métro Champs-Élysées Clemenceau, RER Invalides, bus 28, 42, 72, 73, 83, 93. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h. Nocturne le vendredi jusqu’à 21h. Fermé le lundi, les 1er mai et 14 juillet.

Entrée payante pour les expositions temporaires. 10 ou 7€. Gratuit jusqu’à 17 ans inclus.

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