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Jours tranquilles à Paris
25 juin 2016

Brexit. Le pari perdu de David Cameron

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Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé sa démission, après le désaveu que lui ont infligé les électeurs. Il n'a pas réussi à les convaincre des bienfaits d'un maintien dans l'UE. La livre sterling qui frétillait, la City qui reprenait confiance, David Cameron tout sourire au bras de Samantha, drapée dans une robe bleu européen. C'était quelques heures avant les résultats. Puis, les 67 % obtenus en 1975 en faveur de l'Europe ont dégringolé à 48 %. En 2016, les Britanniques s'en vont. Que faut-il comprendre ? De notre correspondante à Londres. C'est un vote historique. Une onde de choc. Beaucoup d'électeurs se sont réveillés, hier matin, sidérés. Les journalistes de la BBC sortaient, interdits, de la longue nuit électorale. Des députés décrivaient un choc sismique. Les jeunes, sur Facebook, vendaient leur passeport et lançaient une pétition pour un second référendum. Il faudra partir, renoncer au Continent. « C'est honteux », criaient ceux qui, massés au pied du domicile de Boris Johnson, tentaient de bloquer son véhicule en route vers le 10 Downing Street. Les 60 % de soutien du grand Londres à l'Europe auront servi à souligner le vaste chantier d'un pays profondément divisé. Car ils sont plus de 17 millions à se réjouir de l'immense opportunité qui leur est faite de pouvoir, enfin, sortir de l'Union européenne. Au nord de l'Angleterre, au pays de Galles, ils ont préféré défier les experts. À l'inverse, les Écossais sont restés fidèles à l'Europe mais n'ont pas caché leur joie. Car, en sortant l'UE, le Royaume-Uni leur donne aussi l'occasion de le quitter. « Nous voyons notre futur dans l'UE », a déclaré leur Premier ministre, Nicola Sturgeon, déjà prête pour un nouveau référendum sur l'indépendance écossaise. Sur cet échiquier de désunion pour le moins chahuté, le gouverneur de la banque d'Angleterre - un Canadien - est intervenu pour rassurer les marchés. Si, pendant la campagne, il avait mis en garde contre les dangers de la récession, cette fois, la mine défaite, il a offert la flexibilité de son institution pour conjurer la volatilité. Changement de capitaine Cameron aussi a changé de discours. Il n'avait pas dit qu'il partirait. Il avait même soutenu, qu'en cas de Brexit, il ne démissionnerait pas. Mais, au sortir des résultats, après avoir appelé la Reine, il a annoncé devant des journalistes incrédules qu'il cédait sa place. C'est l'Europe qui le pousse dehors. « Le Royaume-Uni a besoin d'un nouveau capitaine pour aller négocier à Bruxelles », a-t-il déclaré, ému, toujours au côté de Samantha. C'est donc à un fervent eurosceptique de son parti qu'il propose de laisser les rênes des délibérations de sortie, en vertu de l'article 50 du Traité européen de Lisbonne. La mise sous l'éteignoir des attaques fielleuses sur l'Europe est devenue de rigueur. Les conservateurs se lancent dans une autre bataille. Il s'agit de choisir le sémillant candidat qui saura faire barrage au parti indépendantiste UKip, tout en réconciliant la droite. Les anti-européens se préparent. Ils ont jusqu'à septembre prochain pour faire la différence dans la course au poste de Premier ministre. Ce sont les membres du parti tory - 150.000 adhérents - qui choisiront. Et les Britanniques ne pourront qu'accepter le nouveau chef de gouvernement qui n'aura pas été élu. C'est la démocratie britannique. Et ce n'est pas la première fois que ça arrive. Le leader travailliste contesté À gauche, le Labour n'est pas épargné non plus. Élu, contre toute attente, en septembre dernier, le nouveau leader du parti subit les critiques acerbes de sympathisants travaillistes qui parlent de le déposer. Jeremy Corbyn, 67 ans, avait voté contre le maintien de son pays dans la Communauté européenne en 1975 et a mal caché sa réticence devant les opportunités de réforme de l'Europe. Et ça s'est vu sur son visage. Faire campagne pour l'Europe au côté de David Cameron aura dépassé son entendement et son manque de responsabilité sur la question de l'immigration a profondément agacé. Résultat, à quelques jours du référendum, les travaillistes ne connaissaient pas la ligne de leur parti sur l'Europe. Il aura fallu apprendre le tragique assassinat de la jeune députée pro-européenne Jo Cox pour que Corbyn sorte enfin du bois et s'affiche en faveur du maintien de son pays dans l'UE. Un peu tard pour un pays eurosceptique qui, en réalité, en prend pour plusieurs années d'épineuses négociations avec Bruxelles sur ce que pourra devenir demain. Source : Le Télégramme

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