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Jours tranquilles à Paris
20 octobre 2016

Exposition Coluche à l’Hôtel de Ville

Jusqu'au 7 janvier 2017 à l’Hôtel de Ville

Présentation de l’artiste

Coluche (1944-1986), Michel Colucci pour l’état civil, était vraiment un peu remuant. Il avait obtenu le César du meilleur acteur en 1984, pour son rôle dramatique dans Tchao Pantin, et détenait le record du monde du kilomètre lancé sur piste avec 252,087km/h sur la Yamaha 750 OW 31 au carénage rose.

Comme l’avait fait avant lui un autre humoriste français, Pierre Dac, en 1965, il s’était personnellement présenté à l’élection présidentielle en 1981. Il avait alors déclaré : "Avant moi la France était coupée en deux. Maintenant elle sera pliée en quatre."... avant de se retirer quelques semaines plus tard.

Autre haut fait. Pour moquer le mariage si spectaculairement étrange d’Yves Mourousi, star cathodique à l’époque incontestée, Coluche s’était marié, "pour le meilleur et pour le rire", dans une grandiose parodie populaire et prophétique, avec l’humoriste tout aussi si ce n’est plus féroce Thierry Le Luron le 25 décembre 1985.

Michel Colucci, dit Coluche, était aussi à l’initiative ou à l’origine d’une loi qui porte son nom, un dispositif de la loi de finances française inscrit pour 1989 (après sa mort), et créant une déduction fiscale supplémentaire pour certaines associations, caritatives et humanitaires dites "organismes d’aide aux personnes en difficulté".

Il était également le fondateur de ces incroyables Restos du Cœur, qui ont distribué dans Paris et de nombreuses autres villes françaises des dizaines et des dizaines de millions de repas, et qui en sont aujourd’hui à leur quelque 31e campagne, et sans lesquels...

Coluche avait lancé le projet le 26 septembre 1985 sur Europe 1 en déclarant : "J’ai une petite idée comme ça, si des fois y a des marques qui m’entendent, je ferais un peu de pub tous les jours. Si y a des gens qui sont intéressés pour sponsorer une cantine gratuite qu’on pourrait commencer par faire à Paris".

Éléments biographiques

28 octobre 1944. Naissance à Paris de Michel-Gérard-Joseph Colucci.

1965-1968. Rencontre de Georges Moustaki et de Romain Bouteille (qui le nommera Coluche).

1968. Création du Café de la Gare de Romain Bouteille, avec Coluche, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Sotha...

1974. Mes Adieux au music-hall, 1er one man show au Café de la Gare.

1975. Qu’il reprend à l’Olympia.

1978. Sur Europe n°1 "On n’est pas là pour se faire engueuler".

1980. Annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Joue dans Inspecteur La Bavure, de Claude Zidi.

1981. Tourne dans Le Maître d’école, de Claude Berri.

1982. Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne / Banzaï, de Claude Zidi / Tchao Pantin, de Claude Berri.

1984. La Femme de mon pote, de Bertrand Blier. César du meilleur acteur pour Tchao Pantin.

1985. Mariage avec Thierry Le Luron / Lancement sur Europe 1 de l’idée des Restos du cœur / Record du monde du kilomètre lancé à moto (252,087km/h (circuit de Nardo en Italie) / Y’en aura pour tout le monde sur Europe 1 / Coluche 1-Faux sur Canal +.

1986. Collision contre un camion, alors qu’il roulait en moto à 55km/h.

Présentation de l’exposition à l’Hôtel de Ville

Lors de ses Vœux aux élus prononcés le 6 janvier 2016 par Anne Hidalgo, maire de Paris, à l’Hôtel de Ville, des annonces ont été faites dont celle d’une grande exposition consacrée à l’humoriste, acteur et animateur radio Coluche, "toujours grossier, jamais vulgaire", en commémoration de sa mort, survenue il y a 30 ans en moto dans un accident, le 19 juin 1986 à Opio (06).

Cette exposition, réalisée avec l’aide de sa veuve Véronique Colucci, se tient à l’Hôtel de Ville, et est gratuite.

Elle ne statufie pas trop l’humoriste... Il est vrai que le risque existe et que Coluche appréciait tellement les honneurs qu’il aurait dit : "Si on voulait me donner la légion d’honneur, j’irais la chercher en slip pour qu’ils ne sachent pas où la mettre"… Rendu là, pourquoi en slip ?

Né à Paris, et orphelin de père à l’âge de 3 ans, il fut élevé à Montrouge par sa mère, fleuriste à Montparnasse. Il grandit dans un environnement très modeste, et peut-être fleuri.

Il enchaînera plus tard les petits boulots avant de se rapprocher des cabarets et du monde de la musique.

Il est resté dans nos mémoires dans son costume de scène, cette salopette d’ouvrier du rail, son T-shirt jaune, chaussé de godillots, nez rouge, pommettes cramoisies, et son inimitable coiffure "à la toréador".

Très tôt (tréteaux ?), Michel Colucci aime le rythme (musical ou mécanique), le déguisement et l’outrance du trait qui débusque la satire...

On a dit qu’il appréciait les belles créatures, les grosses motos, les jolies voitures... Il précisait souvent : « Les gens confondent la grossièreté avec la vulgarité. Pourtant, si la grossièreté est une manière de dire, la vulgarité est une manière de ne pas être ».

Il a choqué, fait rire, fait réfléchir aussi. Il a suscité l’adhésion ou le violent rejet. Il a su mettre en exergue les frontières des langages générationnels, et user d’une fausse naïveté conflagrationnesque...

Coluche, l’artiste généreux, aura marqué un saut qualitatif dans la laborieuse histoire de l’humour francophone par ses mots, ses outrances nécessaires, son esprit d’un criticisme acéré, et son généreux débit de flèches meurtrières contre nos égoïsmes, nos pédantismes et nos idées rances.

L’exposition, présentée à l’Hôtel de Ville, illustre la vie de cet homme (forcément) unique, curieux et raffiné, le parcours du comédien, à travers des extraits de films, des affiches, des objets de son univers personnel, ses costumes, des photos, des vidéos et des témoignages montrant la grande richesse et l’extrême diversité de ses centres d’intérêt.

Certains iront voir dans l’impatience, avec gourmandise, et bien sûr aussi un peu d’inquiétude, cette exposition, tant le bonhomme s’était entouré avec un soin jaloux de pièges à loups sémantiques, pour tenter, par prémonition mais certainement insuffisamment, de se prémunir contre les récupérations de toutes sortes, flagorneries, tableaux d’honneur et mausolées.

Entre nous, si ce pitre n’était certainement pas un ange, ce n’était pas plus un démon d’ailleurs, et nos chaines de télévision ont très vite pris le pli de nous le montrer avec systématisme, comme la Traversée de Paris et les vieux films d’Audiard, au moment des fêtes de fin d’année, et très généreusement dans les EHPAD.

Des objets dont la moto du record et la robe de mariée, et des photos et des lettres et des morceaux de films, des affiches, et des récits, des témoignages bien loin...

Et pourtant, je défie la plupart des visiteurs de cette exposition de ne pouvoir la quitter sans reconnaître que, malgré ces si nombreuses redites télévisuelles imposées, des aphorismes et des mimiques de Coluche auront su les cueillir comme aux premiers jours et leur arracher quelques sourires de plaisir et de nostalgie.

"Moi je suis plutôt de ceux qui veulent apprendre que de ceux qui cherchent à savoir."

"Je joue un peu de tout, mal, mais je m’en fous. Je suis musicien à cause des oreilles pas à cause des mains."

La dictature c’est "ferme ta gueule" la démocratie c’est "cause toujours".

Une place a été abandonnée un peu vite, par un de nos grands hommes, assurément... mais des extraits repassent gratos à l’Hôtel de Ville !

Les fans pourront se procurer le livre qui accompagne cette exposition et rassemble quelque 150 photographies, dessins et documents sur ce parcours si singulier. Le Cherche-Midi, 148 pages, 19,80€.

Coluche, jusqu'au 7 janvier 2017, Hôtel-de-Ville, salle Saint-Jean, 5 rue de Lobau, 75004-Paris. Entrée gratuite. Tous les jours de 10 à 18h30 sauf dimanches et jours fériés.

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