Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
23 octobre 2016

Une expo, une chanson, un transat à la Cité de la Musique

Le grand photographe Martin Parr et le musicien M se sont associés pour une exposition hors du commun à la Cité de la musique. Irrésistible.

Par   Yves Jaeglé

Détendez-vous. Non, ce n’est pas un ordre ou un conseil agaçant, mais une évidence à la Cité de la musique. Le grand photographe anglais Martin Parr a installé des transats, à l’effigie de ses photos bien sûr, invitant le public à s’asseoir devant ses œuvres. On peut même s’allonger sur une sorte d’immense matelas gonflable.

Ses photos défilent, devenues des icônes, sous forme de tirages classiques ou de projections, ce qui permet d’avoir accès à presque cinquante ans d’une œuvre qui saisit avec un humour grinçant, une tendresse navrée, le monde des loisirs, quand tout le monde se détend comme il peut, justement : ces couleurs acidulées des parcs de loisirs du monde entier, ces plages avec ces couples assis devant la mer comme s’ils regardaient la télé, ces corps huileux, ces maillots de bain de l’an dernier et déjà d’un autre temps, les vacances en Chine des Chinois qui s’entassent dans l’eau ou des Brésiliens au Brésil qui restent sur le sable, mais aussi l’Angleterre prolétarienne en noir et blanc de sa jeunesse, aussi percutant qu’un standard mod’s des seventies.

Martin Parr nous photographie quand on s’y attend le moins. Dans son regard, on sent à quel point l’homme, la femme sont des êtres étranges, à jamais incompréhensibles, baroques, exotiques comme des oiseaux des tropiques.

La guitare électrique de M, une basse, un piano résonnent d’une salle à l’autre. Un seul morceau désossé, instrument par instrument, et spatialisé d’une salle à l’autre, comme la bande originale d’un film.

Matthieu Chedid et Martin Parr, sérieusement ? On en doutait sur le papier de cette rencontre entre l’Anglais star et son cadet français. Sur les tirages, ça marche. La musique cogne, pas trop fort. M a su rester en retrait, comme à l’orchestre, un musicien derrière le leadeur, Martin Parr. « Matthieu est très branché photo, il collectionnait Parr », confie Sam Stourdzé, commissaire de l’exposition et directeur des Rencontres d’Arles, qui les a fait se rencontrer et a mis en musique le projet. « Ce type d’exposition est complètement nouveau pour la photo », confie-t-il.

On se demande pourquoi personne n’y avait pensé avant. Franchement, de la musique, c’est tellement mieux qu’un audioguide pédagogique comme on en voit dans tous les musées. Elle se partage, aussi. On n’est pas à un concert, mais dans une ambiance branchée et populaire à la fois, à l’image de ces photos qui racontent tellement bien tous ces petits moments ordinaires mais uniques : un dancing ou un karaoké d’un petit hôtel de Manchester en 1974, cette femme pas très jeune qui se fait bronzer avec son rouge à lèvres et ses lunettes de protection sur une plage d’Espagne en 1997, comme une extraterrestre. Que nous sommes tous.

Voir mes précédents billets sur Martin Parr

http://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/spectacle/16552-matthieu-chedid-martin-parr

Publicité
Commentaires
Publicité