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Jours tranquilles à Paris
6 novembre 2016

Turquie. Le nouveau tour de vis

Neuf responsables et journalistes du principal quotidien d'opposition ont été placés en détention, hier, en Turquie. Cette décision judiciaire intervient après les arrestations, vendredi, des chefs du HDP, principal parti prokurde. Ces actes marquent une nouvelle étape dans les purges menées tous azimuts depuis le putsch avorté de juillet.

Parmi les neuf employés du journal Cumhuriyet placés en détention provisoire figurent notamment son rédacteur en chef, Murat Sabuncu, l'éditorialiste Kadri Gursel ou le dessinateur Musa Kart. Ils faisaient partie d'un groupe de 13 personnes dont l'arrestation, en début de semaine, a suscité un regain d'inquiétude pour la liberté de la presse en Turquie mais dont les autorités semblent faire fi.

Le parquet avait annoncé au moment des arrestations que celles-ci se faisaient dans le cadre d'une enquête pour « activités terroristes » en lien avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen - accusé d'avoir ourdi le putsch raté - et avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Outre les réseaux gulénistes présumés, les purges ont notamment visé les médias et les milieux soupçonnés de liens avec le PKK. Ainsi les autorités ont arrêté, vendredi, avant l'aube, les coprésidents du principal parti prokurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, et une dizaine d'autres députés de cette formation d'opposition.

Des manifestations à Istanbul et à l'étranger

Des centaines de manifestants, rassemblés devant la principale mosquée du district de Sisli, à Istanbul, ont scandé, vendredi, des slogans dénonçant l'État « fasciste » et refusant d'être « réduits au silence ». La police est intervenue rapidement, usant de grenades lacrymogènes et de jets d'eau pour disperser les protestataires.

Des milliers de manifestants ont également manifesté à l'étranger. En Allemagne, plusieurs milliers ont défilé, hier, à Cologne pour protester contre le président Erdogan après l'arrestation des responsables du HDP.

À Paris, ils étaient quelque 2.000 manifestants, selon la police, beaucoup venus en famille, à défiler au centre de la capitale française derrière des banderoles clamant « Stop Erdogan, touchez pas à nos élus », ou encore « La Turquie bombarde, l'Europe reste silencieuse ». Plusieurs organisations d'extrême gauche, dont le Parti communiste et le Parti de gauche, avaient apporté leur soutien à la manifestation. Ils étaient environ 800 personnes à Rennes à l'appel du Conseil démocratique kurde et de l'association des Amitiés kurdes, et 300 à Marseille en haut de la Canebière, principale artère de la ville.

Les Kurdes doublement visés ? En Turquie, peu après les arrestations des chefs du HDP un attentat à la voiture piégée a frappé dans la matinée de vendredi un bâtiment de la police à Diyarbakir, « capitale » du Sud-Est turc à majorité kurde, faisant 11 morts, dont deux policiers, et plus de cent blessés. Il a été revendiqué par l'organisation État islamique (EI).

Hier, le HDP a fait remarquer que six de ses députés arrêtés se trouvaient justement dans le bâtiment visé, et avaient manqué de peu d'être touchés, suggérant que ceux-ci auraient pu être la véritable cible de l'EI - que les Kurdes combattent, eux aussi, en Syrie et en Irak.

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