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Jours tranquilles à Paris
8 décembre 2016

La mythique brasserie du Dôme menacée de disparition ?

L’institution, qui a vu passer l’élite intellectuelle du siècle dernier, a été placée en redressement judiciaire. D’autres célèbres cafés du quartier Montparnasse, comme la Rotonde et la Coupole, vivent aussi des heures difficiles.

Par   Céline Carez

Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir y refaisaient le monde. Picasso y donnait ses rendez-vous en terrasse. « Modigliani y a vendu des dessins, poursuit Thomas Dufresne, historien, spécialiste de Montparnasse. Dans le roman  La Femme assise, du poète Guillaume Apollinaire, le café y figure. » Ainsi que dans « Paris est une fête » de l’écrivain américain Hemingway.

La mythique brasserie du Dôme va-t-elle disparaître ? Cette institution, revendiquée comme la plus ancienne de Montparnasse, fondée en 1898 par l’Auvergnat Paul Chambon, tenue aujourd’hui par une famille et située à l’angle de la rue Delambre (XIV  e), vient d’être placée en redressement judiciaire le 10 novembre par le tribunal de commerce de Paris.

Hier, dans le beau café qui fleure bon Paname et son passé littéraire, avec son style oscillant entre l’Art nouveau et l’Art déco, signé du russe Slavik, ses couleurs orangées et ses banquettes, l’ambiance était morose. « On espère retrouver l’équilibre, souffle Maxime Bras, l’actuel propriétaire, à la tête de l’entreprise qui emploie une vingtaine de fidèles employés. On essaye de s’en sortir, d’étaler les dettes sans faire de licenciements, de se protéger. » Ses difficultés, il les explique par plusieurs facteurs : la fuite de la clientèle internationale après les attaques terroristes, le prix exorbitant des redevances terrasses (« plus de 70 000 € par an ») et « l’impossibilité pour les clients, qui habitent à l’extérieur de Paris et qui venaient dîner, de se garer depuis l’aménagement du boulevard du Montparnasse ».

Leslie, une fidèle cliente américaine des bars de Montparnasse, estime que le Dôme, comme le Select, sont «   so marvellous (  NDLR : merveilleux). Vous devriez vous battre pour les protéger. » Dans les grands cafés du quartier, même si on partage le sentiment et les difficultés (  voir ci-contre), on ne croit pas que le mythique café puisse fermer. « Ils ont un chiffre d’affaires pour 2015 de 5 M€, glisse un commerçant du boulevard Montparnasse. Ils sont également propriétaires du café Zeyer d’Alésia. »

Thomas Dufresne estime, lui, que les attentats ont « bon dos. Cela fait plus de cinq ans que les cafés de Montparnasse se vident. » L’historien enfonce le clou : « Ces cafés n’ont pas su se renouveler. Le décor est un peu toc et la clientèle âgée. »

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