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Jours tranquilles à Paris
24 décembre 2016

Messes de Minuit avant l'heure...

RELIGION Les offices annonçant la Nativité ont lieu de plus en plus tôt. Rares sont ceux qui se termineront ce soir après minuit. Les fidèles préfèrent réveillonner après.

Par   Vincent Mongaillard

Dans les églisesde France, le petit Jésus naît de plus en plus tôt. Noël après Noël, les « vraies » messes de minuit deviennent en effet plus rares. Ce soir, la majorité des offices annonçant la Nativité s’achèveront avant 23 heures, avant donc le passage au 25 décembre, qui marque solennellement l’arrivée du « Sauveur ». Une petite entorse à la tradition pour garnir davantage les bancs des édifices.

C’est que les mœurs religieuses sont en pleine évolution. « Cela répond à un besoin des familles, qui veulent commencer la soirée par la messe pour poursuivre avec le réveillon. Avant, c’était l’inverse », décrypte Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, qui se souvient que, lorsqu’il était gamin, la veillée débutait à minuit. « Ce décalage horaire conduit à poser une question : qu’est-ce qui est prioritaire, le réveillon ou l’office ? » sourit l’historien des religions Odon Vallet, qui voit d’autres raisons qui incitent les paroisses à avancer l’heure. « Il y a dans les églises un public âgé qui est difficile à déplacer tard », estime l’auteur du livre « les Religions dans le monde » (Flammarion). « La dimension de l’insécurité, dans un contexte d’attentats, joue aussi », enchaîne-t-il.

Dans la capitale, plus de 250 célébrations auront lieu aujourd’hui entre 16 heures et 23 heures contre une quarantaine qui entendront sonner les douze coups de minuit. Ces dernières années, les messes des familles entre 17 et 19 heures, qui permettent aux enfants de chanter « Douce nuit sainte nuit », se sont développées. « Tout en maintenant les symboles, il faut savoir intégrer les nouveaux modes de vie, sinon on perd tout le monde. La tradition, c’est quelque chose de vivant », explique le père Laurent Berthout, qui officie à Caen (Calvados). Ce soir, il dira deux messes, l’une à 19 heures à l’église Saint-Jean, l’autre à 21 h 30 à l’abbaye aux Dames. « Je suis très satisfait parce qu’il va y avoir une belle ambiance familiale. C’est vrai, je regrette de ne pas célébrer plus tard. Mais je ne serais pas suivi », confie ce curé âgé de 52 ans.

Dans les campagnes, on entonne encore moins le cantique « Minuit, chrétiens » à la bonne heure. Les prêtres étant à la tête de plus en plus de clochers, il faut étaler dans la soirée les consécrations. « Ils ont aussi plus de kilomètres à faire, il faut leur éviter d’être sur les routes trop tardivement », souligne l’ecclésiastique, par ailleurs délégué épiscopal à l’information au diocèse de Bayeux. Si les curés sont moins nombreux qu’autrefois à enfiler l’aube à minuit, les communautés religieuses, à l’instar des carmélites ou des bénédictines, restent, elles, fidèles à la tradition. Il faut dire qu’elles peuvent célébrer à domicile la venue au monde du Messie.

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