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Jours tranquilles à Paris
3 janvier 2017

Il y a la neige… et la neige de pollution !

C’est un phénomène qui est exceptionnellement fréquent ces derniers jours sur le pays. Des flocons liés à la pollution aux microparticules.

Par   Vincent Mongaillard

On l’appelle neige de pollution, neige urbaine ou encore neige industrielle. Ce très léger manteau blanc qui n’a rien de magique ni de poétique s’est invité ce week-end en plaine aux abords de certaines villes d’Ile-de-France, de Bretagne, des Pays de la Loire, de Lorraine, de Bourgogne et des Hauts-de-France.

Contrairement à celle, « ordinaire », qui est tombée hier dans un bon quart nord-est, qui tombera encore ce matin de manière très timide sur le Centre-Est et qui se forme à partir de poussières ou de grains de sable, cette neige des temps modernes voit le jour grâce aux particules fines stagnant dans l’atmosphère. Des impuretés essentiellement rejetées par les usines et les cheminées de particuliers. Les émissions des pots d’échappement des véhicules sont, elles, très faiblement incriminées puisqu’elles ne prennent pas suffisamment de hauteur pour pouvoir se métamorphoser en flocons.

Ce phénomène, peu courant et difficilement prévisible — qui, en principe, n’est pas dangereux pour la santé —, n’est pas nouveau. En février 2010, par exemple, il avait recouvert d’une couche d’un centimètre d’épaisseur le sol dans une partie des Yvelines et de l’Essonne. En décembre 2013, il ciblait cette fois l’agglomération lyonnaise.

Ce qui est exceptionnel en revanche cette saison, c’est le nombre élevé d’épisodes ces dernières semaines, disséminés sur une bonne partie de notre territoire. Loin des cimes, Strasbourg (Bas-Rhin), il y a un mois, a été la première ville frappée.

Elle se constitue entre 200 et 300 m d’altitude

Les pics de pollution importants enregistrés au cours du mois de décembre dans les grandes métropoles expliquent, en partie, ces chutes accrues. Pour que ces flocons citadins apparaissent, il faut également des températures négatives, des brouillards givrants et une absence de vent. De la vapeur d’eau sous forme de gouttelettes se fixe alors sur les microparticules de polluant utilisées comme noyaux de condensation, puis gèle avant de se transformer en neige et ainsi blanchir les sols d’une fine pellicule glissante. Elle se constitue dans les très basses couches de l’atmosphère, dans des stratus culminant à 200-300 m. « La neige classique, elle, va naître dans les nuages de haute altitude à des températures plus basses. Mais quand elle est au sol, on ne voit pas de différence à l’œil nu avec sa sœur industrielle », constate Stéphane Nedeljkovitch, météorologue à MeteoNews.

Pour les professionnels du ciel, l’observation tourne parfois au casse-tête. « Différencier les chutes de neige industrielle, très localisées dans un périmètre de quelques kilomètres, des petites chutes de neige classique est assez difficile, surtout lorsqu’il y a un mélange des deux phénomènes », reconnaît Emmanuel Demaël, ingénieur prévisionniste à Météo France. Il faut dire aussi qu’il existe peu d’études scientifiques avancées sur ce sujet, à la différence de celles qui se sont intéressées depuis des siècles à la bonne poudreuse de nos sommets hexagonaux.

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