La pollution touche toute l’Europe
Environnement
Le nuage de particules fines est d’une ampleur exceptionnelle.
Prenez un froid polaire et un vent aux abonnés absents, ajoutez-y un énorme anticyclone. Et vous obtenez un « épisode de pollution exceptionnel par son ampleur » à l’échelle de l’Europe. D’après les experts de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) qui viennent d’étudier à la loupe la qualité de l’atmosphère sur le continent, la pollution aux particules fines qui affecte une grande partie de la France touche aussi le sud du Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et plusieurs pays d’Europe centrale.
« L’étendue géographique du panache de particules rappelle que la pollution atmosphérique n’a pas de frontières », souligne l’Ineris. « L’installation d’une situation anticyclonique stable et froide sur une large partie de l’Europe a conduit à une spectaculaire augmentation des niveaux de particules dans toutes les zones urbanisées, sans possibilité de dispersion », constatent les experts de l’Ineris, chargés de rédiger le bulletin Prev’Air (un système national de prévision de la qualité de l’air).
Comme un couvercle
Cette situation devrait perdurer jusqu’à vendredi, où les prévisionnistes attendent une dégradation du temps qui favorisera la dispersion des particules. « Mais, pour l’heure, c’est comme si toute une partie de l’Europe était sous un couvercle de pollution, précise Laurence Rouïl, responsable des modélisations à l’Ineris. Piégé près du sol par un phénomène d’inversion thermique, le cocktail de polluants issu du trafic routier, de l’industrie, du chauffage résidentiel et de l’agriculture se diffuse horizontalement. » Aucun pays ne semble épargné. « Dans le grand Londres, on constate les mêmes niveaux de concentration de particules qu’en région parisienne », explique Laurence Rouïl. Chez nos voisins aussi, des mesures de limitation de vitesse sont imposées et on encourage la population à limiter le chauffage au bois.
Au premier semestre 2007, déjà, l’Ineris avait comptabilisé plusieurs vagues de pollution « d’une intensité incroyable ». Mais l’Ineris bat en brèche l’idée reçue selon laquelle nous respirons un air plus vicié que dans le passé : « Depuis vingt ans, les concentrations de polluants dans l’atmosphère ont tendance à baisser », note Laurence Rouïl. Frédéric Mouchon