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Jours tranquilles à Paris
22 février 2017

Le savon en odeur de sainteté

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Parfums délicats, emballages à l’ancienne… Le savon naturel a retrouvé sa place dans la salle de bains. Et serait même en passe de détrôner le gel douche, jugé trop chimique.

Par Zineb Dryef

Le savon, un produit cosmétique de luxe.

Longtemps, la savonnette a eu mauvaise réputation. Elle ne mousse pas, elle glisse des mains, se fendille en séchant, déshydrate la peau… Le gel douche semblait avoir remporté la bataille, la mention « sans savon » s’affichant même sur les flacons comme un gage de qualité. Et voilà que le pain de savon fait son retour, porté par l’engouement pour les cosmétiques simples, artisanaux, garantis sans produits toxiques.

Le savon de Marseille, un best-seller

« Les ventes de produits liquides stagnent alors que les solides progressent énormément », confirme Julie Bousquet-Fabre, la présidente de l’Union des professionnels du savon de Marseille (UPSM). Parmi les best-sellers, l’incontournable savon de Marseille, cuit au chaudron, mais aussi des pains issus de la saponification à froid, une technique ancestrale qui permet de produire des savons surgras et riches en glycérine végétale.

« Ce type de savons se reconnaît à trois caractéristiques : la détergence (le savon lave), l’hydratation (il contient 8 % à 8,5 % de glycérine végétale) et le surgras (6 % à 6,5 % d’huile végétale restent à l’état d’huile) », explique Franck Peiffer, fondateur de Gaiia, qui écoule environ 10 000 unités par mois. Depuis 2015, la marque, labellisée Slow Cosmétique, a multiplié « par trois ou quatre » son chiffre d’affaires.

« ON DÉCOUVRE QU’ON SE TARTINE LA PEAU DEPUIS DES ANNÉES AVEC DES PRODUITS NÉFASTES ALORS QU’IL EXISTE UNE ALTERNATIVE SIMPLE : LE SAVON DE NOS GRANDS-MÈRES. » FRANCK PEIFFER, DE GAIIA

Qu’importe la méthode de production : à condition qu’il soit végan, Cruelty Free et zéro déchet, le savon à l’ancienne n’est pas seulement hydratant, il répond aux préoccupations environnementales grandissantes du public.

« On découvre qu’on se tartine la peau depuis des années avec des produits chimiques néfastes pour notre santé et pour l’environnement alors qu’il existe une alternative simple : le savon de nos grands-mères », poursuit Franck Peiffer.

Même constat de la part d’Agnès Laffourcade, fondatrice de la marque Enfance Paris : « Il y a deux ans, l’offre en soins sans produits chimiques compliqués était pauvre », se souvient-elle. Pour pallier cette lacune, la jeune mère de famille a développé elle-même les savons 100 % naturels et biologiques dont elle rêvait pour ses enfants. « La seule alternative d’excellente qualité aux produits chimiques, c’est le pain de savon à l’ancienne. »

Dites-le avec une savonnette !

A la différence du vilain bloc grisonnant qui traînait dans un coin de la salle de bains, le savon nouvelle génération est joli, ludique et bien emballé. Le raffinement désuet des conditionnements – papier kraft aux imprimés graphiques chez Fresh, packaging Art déco pour les pains de savon Claus Porto – en fait des objets de décoration à part entière.

Ainsi, le succès de la marque brésilienne Granado, lancée en France par Le Bon Marché en 2012, réside autant dans la qualité de ses savons aux parfums délicats – châtaigne du Brésil, hamamélis, iris et fleur d’oranger… – qu’à leurs emballages rétro. « Offrir un savon est devenu un nouveau geste, observe Agathe Missey, acheteuse beauté au Bon Marché. C’est la nouvelle bougie. Un cadeau distingué et délicat. »

Le secteur du luxe s’est aussi emparé de cette nostalgie de la savonnette. Hermès commercialise des savons dont le packaging reproduit les motifs iconiques de la maison ; Chanel décline ses fragrances phares en galets pour le bain.

« Les savons traditionnels ont longtemps souffert de leur look vieillot, constate Agnès Laffourcade. Quand j’ai lancé Enfance, je me suis dit que quitte à fabriquer un produit avec une composition d’excellence, l’emballage aussi devait être pointu. » Ses savons sont enveloppés dans du papier de soie, déposés dans des boîtes aux imprimés pastel et montés sur de jolis rubans. Ils sont si beaux que les clients rechignent parfois à les utiliser. Alors, s’amuse Agnès Laffourcade, ils lui demandent pourquoi elle ne vend pas aussi… du gel douche.

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