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Jours tranquilles à Paris
7 avril 2017

Emmanuel Macron : Au centre du milieu

Sur France 2, le filloniste Bruno Retailleau, taillé à loisir par Macron, a reproché à son interlocuteur son vol en zigzag. Il a tort : le candidat d’En marche chemine avec minutie sur la frontière droite-gauche, sans jamais s’en écarter, tel un funambule sur un fil d’acier. Sa prestation réussie à «l’Emission politique» en est la parfaite illustration. Il est le prince du chaud-froid, le chevalier du mi-chèvre mi-chou, le champion du salé-sucré, le prophète du vice et versa, le mandarin du yin et du yang, le soleil qui a rendez-vous avec la lune, le roi des chauve-souris, le poisson volant de l’élection, le centaure de la vie politique. Sur tout sujet il convoque le tout et son contraire et s’il dirigeait un journal, ce serait la Revue des deux mondes. Il est banquier et philosophe, il est riche et sans argent, il est haut-fonctionnaire dans le privé, il veut une Europe libérale qui protège, un marché du t ravail flexible avec des garanties, il est respectueux mais sévère avec son mentor Hollande, il prône une ubérisation sans le far-west, il rejette la colonisation en lui trouvant des vertus, il veut une médiation à Notre-Dame-des-Landes mais promet l’évacuation, il propose une action en Syrie mais avec l’onction de l’ONU, il est un jeune homme vert avec une femme mûre, il prévoit un gouvernement mi-politique mi-société civile, il veut une présidence simple mais pas normale et comme de juste en fin d’émission, il est approuvé par 50% des sondés (un très bon chiffre) dont la moitié vient de la droite et l’autre de la gauche.

Est-ce un handicap ? Dans le pays qui a inventé la partition droite-gauche, on pourrait le penser. Le ramollissement récent de sa cote sondagière va dans ce sens. Mais le centrisme est un vieux fantasme français. On a connu la Plaine à la Convention, les thermidoriens après Robespierre, le Consulat, «ni talon rouge, ni bonnet rouge», l’Empire libéral de Louis-Napoléon et d’Emile Ollivier, l’opportunisme républicain après 1870, les ministères de concentration, la troisième force sous la IVe, les majorités d’idées chères à Edgar Faure, le sourire de Lecanuet d’une oreille à l’autre, l’ailleurs de Michel Jobert, le centrisme révolutonnaire de Jean-François Kahn, l’obstination médiane de François Bayrou. Centre de gravité ou ventre mou ? Bonaparte ou Alain Poher ? Malgré quelques déconvenues récentes, Macron reste favori. Peut-il transformer l’essai ? Une chance sur deux… Article de Laurent Joffrin - Libération

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