Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
7 avril 2017

L’Elysée et un haut magistrat répliquent à François Fillon sur l’existence d’un « cabinet noir »

Selon une source proche du dossier, le parquet national financier n’enquêtera pas sur les soupçons de « cabinet noir » dénoncés par le camp du candidat de la droite.

Accusés une nouvelle fois par François Fillon d’être à la manœuvre dans l’affaire des emplois fictifs, des représentants du gouvernement ont dénoncé jeudi 6 avril « de la pure calomnie » et « une manière de faire de la politique qui n’est pas à la hauteur de ce que doit être un engagement pour gouverner un pays ».

Présenté comme un des responsables des fuites visant le candidat de la droite à la présidentielle, Robert Gelli, le directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG), a, pour sa part, déploré des « allégations mensongères » et des « propos calomnieux. »

Selon une source proche du dossier, le parquet national financier (PNF) n’enquêtera pas sur les soupçons de « cabinet noir » dénoncés par le camp Fillon, qui avait promis de poursuivre « tous ceux qui sont à l’origine » des révélations dans la presse. L’occasion de revenir sur ce feuilleton qui émaille la vie politique depuis plusieurs mois.

Les révélations visant François Fillon

Le 24 janvier, l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné révélait l’emploi passé comme collaboratrice parlementaire de Penelope Fillon, sans en avoir trouvé trace. Le lendemain, le PNF ouvrait une enquête préliminaire avant de confier le dossier à des juges d’instruction dans le cadre d’une information judiciaire.

François Fillon, qui a reconnu avoir employé son épouse et ses enfants comme assistants parlementaires, a été mis en examen notamment pour détournement de fonds publics et recel d’abus de biens sociaux. Son épouse a été mise en examen notamment pour complicité et recel de détournement de fonds publics. Les soupçons pèsent également sur l’emploi de Mme Fillon à La Revue des deux mondes.

Comment François Fillon réplique

Le 23 mars sur France 2, le candidat des Républicains (LR) avait accusé François Hollande d’être à la tête d’un « cabinet noir » exploitant les affaires judiciaires contre lui. Jeudi sur France Inter, la menace s’est faite plus précise :

« J’ai les dates, les jours, les personnes qui ont communiqué les documents. Le moment venu je poursuivrai tous ceux qui sont à l’origine de cette affaire. »

C’est François Hollande qui a déclenché l’affaire ? « Oui, bien sûr », a réaffirmé M. Fillon. Les documents à l’origine des premières révélations, « je sais d’où ils viennent. Ils viennent d’un service de l’État », a-t-il précisé. « Ca fait deux mois et demi qu’on m’empêche de faire campagne », s’est lamenté le député de Paris.

Comment réagit l’Elysée

Interrogé jeudi par l’AFP après les nouvelles accusations de M. Fillon, l’Elysée a « réaffirmé ce que le président de la République a déjà dit par voie de communiqué », évoquant des accusations « mensongères et sans fondement ». François Hollande avait lui-même réagi après la sortie de M. Fillon du 23 mars, jugeant le candidat de la droite « en deçà » de la « dignité » et de la « responsabilité » nécessaires dans une campagne présidentielle.

Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, a parlé jeudi d’« accusations diffamatoires ».

« La justice est indépendante et il n’y a jamais eu de cabinet ni noir, ni gris, ni blanc ni jaune. Et c’est l’honneur de François Hollande. […] La justice, et ça François Fillon ne veut pas l’accepter, a été indépendante dans la conduite des affaires judiciaires, c’est un acquis de ce quinquennat. »

« On dit toujours que M. Fillon est un héritier de Philippe Séguin. C’est aussi un héritier de Charles Pasqua suivant le vieil adage : “Si vous avez une affaire, créez une affaire dans l’affaire” », a de son côté ironisé François Kalfon (PS).

A l’Elysée, des collaborateurs ont, en outre, reçu des menaces de mort après les premières accusations de François Fillon, via des « lettres anonymes »

Gaspard Gantzer, le conseiller en communication du président Hollande, a jugé auprès du Point que François Fillon n’avait « aucune preuve » pour engager des poursuites : « Il veut déposer une plainte ? Eh bien, qu’il le fasse. Mais il n’a aucun élément, aucune preuve. Et il faudra aussi qu’il nous explique en quoi lui serait calomnié puisqu’il ne conteste nullement les informations sorties par Le Canard enchaîné. »

La contre-attaque d’un haut magistrat

Robert Gelli, le directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG) a vivement dénoncé, dans une lettre adressée le 30 mars à l’ensemble des procureurs et procureurs généraux, les accusations portées contre ses services.

« Comment imaginer que des procureurs généraux, des magistrats du parquet chargé d’enquêtes, des juges d’instruction, des juges du fond et du droit de la première instance, des cours d’appel et de la chambre criminelle de la Cour de cassation, appliqueraient des instructions occultes, de nature à détourner ou entraver le cours de la justice ? », écrit le magistrat.

« Le dire et même le penser est une insupportable insulte au professionnalisme de l’institution judiciaire dans son ensemble et une atteinte à la probité de toute la magistrature », poursuit-il dans une lettre que publie Libération.

Le parquet national financier n’enquêtera pas

Les menaces de François Fillon d’engager des poursuites contre « tous ceux qui sont à l’origine » des révélations dans la presse ont été tuées dans l’œuf par le PNF, qui a annoncé qu’il n’enquêterait pas sur les soupçons de « cabinet noir », dénoncés par le camp du candidat LR après la parution du livre Bienvenue Place Beauvau, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.

Les affirmations du livre « sont trop imprécises et manquent trop d’étai pour pouvoir justifier l’ouverture d’une enquête préliminaire », explique le procureur national financier, Eliane Houlette, dans un courrier révélé par L’Express et confirmé de source proche du dossier.

Six responsables des Républicains, le parti de François Fillon, avaient saisi le procureur de Paris et le procureur national financier pour des « infractions » commises, selon eux, par l’exécutif et pointées du doigt dans cet ouvrage.

Publicité
Commentaires
Publicité