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Jours tranquilles à Paris
9 avril 2017

L'ode à la paix de Mélenchon, sous le soleil de Marseille

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A Marseille, Jean-Luc Mélenchon se pose en candidat de « la paix »

Par Raphaëlle Besse Desmoulières, Marseille, envoyée spéciale

Sur la Canebière, le candidat de La France insoumise, au coude-à-coude avec François Fillon dans les sondages, a réuni près de 70 000 personnes selon les organisateurs.

« Ça s’entend, ça se sent ! La victoire est à la portée de nos efforts ! » C’est un Jean-Luc Mélenchon conquérant qui s’est présenté, dimanche 9 avril, devant une foule compacte rassemblée sur le vieux port de Marseille – 70 000 personnes, selon les organisateurs. A quinze du premier tour de la présidentielle, le candidat de La France insoumise, un rameau d’olivier à la boutonnière, s’est présenté comme « le candidat de la paix ».

Dans son discours, M. Mélenchon a retrouvé les accents qu’il avait eus en 2012 sur la plage du Prado pour vanter une France « métissée ». Après une ode à la Méditerranée, il a appelé à une minute de silence en hommage aux migrants disparus dans cette même mer. « C’est à nous de dire que l’émigration est toujours un exil forcé, une souffrance, s’est-il exclamé. Il est temps par-dessus tout de mettre un terme aux guerres qui ravagent les pays du Sud. »

Dans un contexte international troublé après une attaque chimique intervenue mardi en Syrie, imputée au président Bachar Al-Assad, le député européen a fustigé les frappes américaines sur une base de l’armée syrienne deux jours plus tard – « un acte criminel irresponsable » – sans s’attarder sur le rôle de la Russie dans ce pays. L’occasion pour le candidat de réaffirmer sa volonté de sortir de l’OTAN. « Si vous voulez la paix, ne vous trompez pas de bulletin de vote », a-t-il mis en garde, avant d’ajouter : « Si vous en choisissez un pour la guerre, ne vous étonnez pas si elle finit par arriver ! »

« Dégagez ! dégagez ! »

Auparavant, il s’était félicité que la France ne soit plus, avec sa candidature, « vouée à choisir entre deux extrêmes » : « l’extrême droite » de Marine Le Pen « condamnant notre grand peuple multicolore à se haïr entre lui-même », et « l’extrême marché » de François Fillon et Emmanuel Macron, « sorte de magie noire qui transforme la souffrance, la misère, l’abandon en or et en argent ». Au même moment, à Paris, le candidat du parti Les Républicains attaquait son challenger sur ses propositions économiques. « Mélenchon, capitaine du cuirassé Potemkine, finira par négocier la ferraille du Titanic », a-t-il ironisé.

Les deux hommes sont désormais au coude-à-coude dans les sondages. Pour la première fois dimanche, l’ancien socialiste a été donné, avec 18 % d’intentions de vote, devant M. Fillon (17 %), à six points de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron selon une étude d’opinion Kantar-Sofres-One Point pour Le Figaro. De quoi faire de lui le potentiel troisième homme de cette présidentielle. Dans la course depuis plus d’un an, M. Mélenchon récolte les fruits d’un travail de longue haleine dans une campagne marquée par les affaires, où son concept de « dégagisme » a pris, selon lui, tout son sens.

A Marseille, ses partisans n’hésitaient pas à scander « dégagez ! dégagez ! » quand le candidat évoquait les projets de ses adversaires. Le sien n’a pas varié depuis octobre : abrogation de la loi El Khomri, retraite à 60 ans, sortie du nucléaire, des traités européens, VIe République… Autant de propositions en rupture avec le quinquennat qui s’achève et durant lequel le député européen a incarné l’opposition de gauche à François Hollande.

Candidat qui « rassure »

En revanche, fini « le bruit et la fureur » dont il avait fait sa marque de fabrique, place au candidat qui « rassure » selon ses propres termes. « Mélenchon joue les vieux sages dont c’est le dernier combat et fait de gros efforts pour ne pas effrayer le réservoir hamoniste qui pourrait se tourner vers lui, notamment vis-à-vis de Poutine, note Fabien Escalona, politologue à l’Université libre de Bruxelles. Il devient le vote utile dans un vote de conviction. » Même sentiment pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, qui relève la « faiblesse terrible » de Benoît Hamon, donné sous les 10 % d’intentions de vote. « Mélenchon peut incarner un vote plaisir à gauche sauf si Fillon commençait à remonter, juge-t-il. Si l’hypothèse d’un second tour Le Pen-Fillon refaisait surface, Macron réapparaîtrait comme le vote utile pour éviter ce scénario cauchemardesque pour la gauche. »

Pour Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, il sera cependant difficile pour l’élu européen d’élargir sa base au-delà des électeurs socialistes. « L’image compte mais il propose un programme très à gauche où un électeur centriste ou de droite aura du mal de s’y retrouver, notamment du point de vue économique », estime-t-il. M. Mélenchon, lui, ne voit pas les choses ainsi. « Ma candidature change de sens, expliquait-il récemment au Monde. Il ne s’agit pas seulement d’un programme. En votant pour moi, on tourne une page, c’est le coup de balai. On me dit qu’il y a des gens de droite, du FN qui votent pour moi… »

A Marseille, chose rare, il ne s’est exprimé qu’une heure. Même s’il s’était lui-même dit « très fatigué » le 2 avril, ses proches assurent qu’il n’est « ni grisé, ni fatigué mais déterminé ». Pour se démultiplier sans trop d’efforts, M. Mélenchon compte de nouveau utiliser un hologramme, cette fois dans six villes de France quand lui-même sera en meeting à Dijon le 18 avril. De quoi refaire le buzz juste avant le jour J, où il espère bien être au second tour. Une hypothèse que n’a pas écartée M. Hamon, samedi, sur France 2. S’il n’était pas qualifié, le député des Yvelines était invité à dire pour quel candidat, entre MM. Macron, Fillon ou Mélenchon, il appellerait à voter face à Marine Le Pen. Sans hésiter, il a donné le nom de son ex-camarade du PS. Un beau cadeau à quinze jours du 23 avril.

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