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Jours tranquilles à Paris
13 avril 2017

Parisiens. Ils sont venus vivre en Bretagne

Anne-Cécile Juillet -  Le Télégramme

Selon l'Insee, chaque année, 200.000 Franciliens partent vivre en province. Si la Bretagne attire largement les vacanciers, il reste parfois compliqué pour les entreprises de recruter. L'installation, à Brest, du siège d'Ifremer à l'horizon 2019 et de seulement quatre de ses salariés (sur soixante) prêts à venir vivre dans la cité du Ponant illustre le phénomène. Pourtant, la région a bien des atouts, et beaucoup de ceux qui ont franchi le pas ne referaient le trajet inverse sous aucun prétexte...

« Mais qu'est-ce que tu vas aller t'enterrer en Bretagne ? ». « En Bretagne ? ! Sympa ! Ah... à Brest... Oh ma pauvre ». « Tu sais, ça fait loin, pas sûr qu'on vienne vous voir tous les week-ends, hein ! ». « Pour les vacances, c'est bien mais en novembre, comment tu fais ? » Ces phrases, ils les ont tous entendues. Et pourtant, ils ont bravé la doxa parisianiste, ils ont écouté leur intuition, saisi une opportunité, pris autant de risques que de précautions, essuyé des revers et eu, aussi, de belles surprises. Un jour, ils ont franchi le pas, direction plein Ouest.

« Ça, des sarcasmes, on en a eu lorsqu'on a dit qu'on partait vivre à Brest », se souvient Marie-Haude, 34 ans. Il y a un peu plus de trois ans, avec son mari Tristan et leurs deux enfants, ils ont quitté Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine). Direction la cité du Ponant, là où son frère, un an plus tôt, venait d'acquérir une grande maison « pour le prix d'une chambre de bonne à Paris ». Aujourd'hui, c'est un cri du coeur qu'elle lance lorsqu'on lui demande si elle referait le chemin inverse : « Jamais de la vie ! ». Impossible de renoncer à cette demeure avec jardin, troquée contre les 60 m² de banlieue, impossible de renoncer au surf le week-end, impossible, aussi, de compter le nombre de nouveaux amis qu'ils se sont faits ici. Impossible, enfin, de se retrouver à nouveau salariée depuis que Marie-Haude a goûté à la difficile mais « si excitante » vie d'entrepreneur (*). « Avec Tristan, on se regarde parfois en se disant qu'on est fiers de notre choix ! ». Bruno, en reprenant il y a trois ans « Le Montparnasse », un bar à vins face au commissariat de Brest, après avoir vécu quinze ans à Paris et sept au Maroc, a quant à lui « oublié ce qu'était le stress »... et ne souhaite plus quitter son bout de Finistère.

« On a appris à se provincialiser »

À Saint-Brieuc, Aziza, Parisienne pur jus de 51 ans, savoure, elle aussi, la vie dans sa nouvelle maison de 225 m², à quelques kilomètres de la mer, échangée « sans regrets » il y a six ans contre 75 m² à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). « Avec deux enfants, ça devenait invivable ». Son conjoint et elle, traducteurs, travaillent à domicile. « C'est plus facile, on peut bosser de n'importe où. On est allés voir Nantes, Rennes mais on n'a pas eu de coup de foudre. Et vu les prix, on se serait encore retrouvés en banlieue ». Ils veulent « la mer, et tout faire à pied ». « On est venus visiter Saint-Brieuc, au début, on s'est dit " plutôt mourir " et puis en fait, on a aimé. Au départ, on a pris une location pour se laisser la possibilité de faire machine arrière. Moralité, on a acheté et désormais, les enfants se sentent ici totalement chez eux ». Tout n'est pas forcément rose mais Aziza et les siens ont su en prendre leur parti. « On a appris à vivre autrement, plus lentement, plus calmement, on a appris à se " provincialiser ", quoi ! ». « Les gens sont moins hystériques ! », enchérit Vincent Jalbert, installé à Morlaix (29) « à 50 % de son temps », avec son associé, Yves Andrieux. « Idéalement, on voudrait augmenter notre présence ici, on a eu un coup de foudre ». Mais pas encore évident, lorsque l'on est créateur pour la mode, d'ignorer que les échanges à l'international se font encore majoritairement à la capitale...

 « J'adore les Bretons ! »

« Moi, j'ai même plus envie d'y aller ! », lâche, dans un sourire, la designeuse Florence Doléac. Elle a posé ses valises dans un immense atelier, à Douarnenez (29), en 2010. « À Paris, on sature, tout s'endurcit, les gens sont sous pression, c'est pire qu'avant. Ici, dès que j'arrête de travailler, je suis en vacances ». Mais son secret, elle le glisse sans flagornerie. « Ce sont les gens qui font les lieux. Moi, j'adore les Bretons ! C'est pour ça que je suis venue là ! » Pionnière, elle est en train de convertir ses amis : « Ils viennent chez moi, ils voient comment je vis et ils veulent vivre pareil ! ». Deux de ses amis artistes viennent de s'installer à « Douarn ». D'autres se tâtent. « L'arrivée de la LGV, cet été, ça va en faire venir encore d'autres... Finalement, ça m'inquiète un peu ! ». * De cette nouvelle vie, elle nourrit un blog  http://www.mariegraindesel.fr  sur lequel son « ode à Brest » a été lue plus de 21.000 fois.

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