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Jours tranquilles à Paris
10 mai 2017

Les catholiques pratiquants ont voté Le Pen à 38 %

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Par Cécile Chambraud

D’après un sondage de l’institut IFOP publié lundi, le vote pour le Front national (FN) a franchi un nouveau palier au sein des électeurs catholiques.

C’était l’une des inconnues de ce second tour de scrutin : comment les électeurs catholiques, qui avaient été nombreux à voter pour le candidat Les Républicains, François Fillon, au premier tour de l’élection présidentielle, allaient-ils se comporter au second tour ? Un sondage de l’institut IFOP, effectué pour le Pèlerin et La Croix et publié lundi 8 mai, montre que la progression du vote pour le Front national (FN) a franchi un nouveau palier au sein de cet électorat, dimanche.

Selon cette enquête (effectuée en ligne, dimanche, auprès de 4 330 personnes inscrites sur les listes électorales) portant sur les suffrages exprimés, 38 % des électeurs se disant catholiques pratiquants (ils représentent entre 10 % et 15 % du corps électoral) ont voté pour Marine Le Pen (FN) au second tour de la présidentielle, contre 62 % pour le candidat d’En Marche !, Emmanuel Macron. C’est quatre points de plus que le résultat obtenu par la candidate du FN dans l’ensemble de la population (33,9 %). C’est aussi plus de deux fois plus que la part de pratiquants ayant voté pour Jean-Marie Le Pen en 2002 (17 %).

Au premier tour, ce même institut avait évalué à 15 % le vote en faveur de Marine Le Pen chez les catholiques pratiquants et à 4 % celui en faveur de Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France. Que ce soit par rapport au premier tour ou par rapport à 2002, la progression apparaît donc très marquée et nécessairement alimentée par une partie des électeurs de François Fillon.

Selon Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP, la poussée frontiste aurait en fait été à l’œuvre chez les pratiquants « tout au long du quinquennat de François Hollande, d’abord avec les mobilisations de la Manif pour tous, puis sur le terrain du rapport à l’islam, avec les attentats et le sort des chrétiens d’Orient ».

Les pratiquants réguliers moins tentés par le vote FN

De fait, aux élections régionales de 2015, les catholiques pratiquants avaient été 25 % à choisir les listes Front national. « Au premier tour, François Fillon avait contenu cette progression en adoptant un positionnement droitier et en sachant parler à cet électorat catholique », explique Jérôme Fourquet. Le candidat LR avait obtenu 46 % de leurs voix. Or pour la première fois, cet électorat traditionnellement plus à droite que la moyenne (les « cathos de gauche » représentent entre un quart et un tiers d’entre eux) s’est vu privé de candidat issu de la droite classique au second tour. « Une partie de celui-ci a alors basculé sur le Front national », analyse le sondeur.

Mais ce chiffre global de 38 % en faveur de la candidate d’extrême droite masque en réalité de grandes différences de comportement électoral entre les pratiquants réguliers, qui vont à la messe au moins une fois par mois, et les pratiquants occasionnels. Chez les premiers, seuls 29 % ont voté pour Marine Le Pen au second tour et 71 % pour Emmanuel Macron. Chez les seconds, ils étaient 46 % pour la candidate frontiste et 54 % pour celui d’En Marche ! Même si c’est dans un contexte de hausse généralisée du vote extrême, une plus grande pratique demeure associée, chez les catholiques, à une moindre propension à voter pour le FN. Ces lignes de fractures expliquent sans doute le choix fait par l’épiscopat, entre les deux tours, de ne pas appeler à battre la candidate frontiste, contrairement à 2002.

L’enquête de l’IFOP révèle également que Marine Le Pen a attiré les voix de 33 % des électeurs protestants, les plus favorables à Emmanuel Macron au premier tour. En revanche, elle n’a attiré que 8 % des électeurs musulmans, 92 % ayant porté leur choix sur le candidat d’En Marche !

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