In memorem : six jours de guerre en 1967, puis 50 ans de blocage
L’immense victoire militaire de juin 1967 a définitivement placé Israël sur la carte du Proche-Orient. Elle a aussi ouvert la voie à la colonisation, principal obstacle aujourd’hui à une paix définitive avec les Palestiniens. 5 juin 6 juin 7 juin 8 juin 9 juin 10 juin
Du conflit vieux de 50 ans, il reste des images, en noir et blanc le plus souvent. Celles de ces soldats israéliens au pied du mur des Lamentations à Jérusalem, souriants et presque ébahis d’avoir conquis si vite le lieu le plus saint du judaïsme. Ou celles de ces centaines de Palestiniens paniqués, bagages sur la tête, traversant le Jourdain pour se mettre à l’abri… On a du mal à imaginer combien la guerre des Six-Jours, du 5 au 10 juin 1967, fut un choc. Des deux côtés. Pour les dirigeants arabes et leurs armées (40 000 morts et prisonniers), c’est l’humiliation. Pour les Israéliens, c’est une divine surprise. En six jours d’une guerre éclair, l’État juif assure militairement son existence, moins de vingt ans après sa création dans un environnement hostile. L’euphorie est de courte durée. En 1973, une attaque surprise des pays arabes, le jour du Kippour, manque de tourner au désastre. Israël préserve ses acquis territoriaux de 1967 mais, désormais conscient qu’il faut négocier pour assurer son avenir, il va en faire une monnaie d’échange : c’est la terre contre la paix. L’Égypte est le premier pays arabe à signer, en 1979, un traité en bonne et due forme contre la restitution du Sinaï. Les accords d’Oslo, conclus en 1993 par le Palestinien Arafat et l’Israélien Rabin, partent du même esprit : une restitution progressive des territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie en échange de garanties de sécurité pour l’État hébreu. Ils ont ouvert la voie au traité de paix avec la Jordanie, en 1994. Ils auraient pu déboucher sur la coexistence de deux États, si les extrémistes des deux bords ne s’en étaient mêlés. Les meurtriers attentats des islamistes du Hamas et l’assassinat de Rabin par un extrémiste religieux israélien ont fait dérailler le processus. Cela fait vingt ans que la communauté internationale tente de ranimer l’esprit d’Olso. En vain. Plus le temps passe, plus le cancer de la colonisation métastase. Et rend impossible la solution à deux États. En 1972, on comptait 10 000 Israéliens dans les territoires conquis en 1967. Ils sont maintenant plus de 600 000, dont 200 000 à JérusalemEst (lire ci-dessous) . Les premières implantations, près de la frontière internationale, avaient un objectif sécuritaire. Aujourd’hui, une bonne partie du gouvernement israélien les considère comme l’arme pour conserver la Judée-Samarie, nom juif de la Cisjordanie. Patrick ANGEVIN - Ouest France