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Jours tranquilles à Paris
6 juin 2017

T'as le look coco !

Look politique. L'irrésistible ascension de la barbe

Révolution pileuse à la tête du gouvernement : Édouard Philippe a fait entrer la barbe à Matignon, une première sous la VeRépublique, très remarquée, qui illustre la popularité de ce look auprès de toute une génération.

Si barbes, barbiches et rouflaquettes étaient de mise chez les dirigeants sous les IIIe et IVeRépubliques, le glabre l'avait, depuis, largement emporté. Et le monde politique restait jusqu'ici relativement hermétique à la tendance qui a fleuri depuis une dizaine d'années, sous diverses versions, sur les joues des hipsters, artistes, sportifs et cadres dynamiques.

Quand Emmanuel Macron, alors ministre, avait brièvement arboré une barbe naissante, en janvier 2016, l'initiative avait créé le buzz sur les réseaux sociaux. En septembre, c'est en se faisant raser par un barbier devant les caméras, au salon de la coiffure, qu'il avait assuré le spectacle.

La barbe de trois jours de Nicolas Sarkozy en 2012, elle, avait fait dire à l'ex-ministre, Roselyne Bachelot, qu'il avait renoncé à revenir en politique, car « ce n'est pas avec un look pareil qu'on reconquiert le coeur d'un électorat hanté par la respectabilité ».

Lors de l'arrivée à Matignon d'Édouard Philippe, 46 ans, considéré comme le premier chef de gouvernement à arborer une barbe depuis la barbiche de Paul Ramadier en 1947, le détail pileux n'est pas non plus passé inaperçu. D'autant qu'un autre barbu, Christophe Castaner, a, lui, été nommé porte-parole du gouvernement.

La barbe, fournie et taillée, que le maire duHavre porte depuis quelques années, est un signe de changement de génération à la tête du pouvoir, commente Samir Hammal, enseignant à Sciences Po, spécialiste de l'apparence en politique.

« Indice de jeunesse »

« Édouard Philippe correspond bien au sociotype du quadragénaire à barbe convoqué dans de nombreuses campagnes de publicité », relève-t-il. Un détail qui, par ailleurs, « lui enlève son côté technocrate, en l'humanisant ».

Ce phénomène de mode « a inversé les codes », souligne également le professeur d'ethnologie, Christian Bromberger : « Auparavant, la barbe, c'était plutôt les personnes âgées, elle était blanche, maintenant, c'est plutôt un indice de jeunesse. Une jeunesse non pas adolescente mais plus "start-up" ».

Nulle subversion dans ce type de barbe, domestiquée : « Ce n'est pas la barbe des prophètes, des ermites, des hippies, des anarchistes ou de Che Guevara. Ce n'est pas celle de la gauche républicaine voire révolutionnaire », souligne Christian Bromberger, auteur de l'ouvrage « Les sens du poil. Une anthropologie de la pilosité ».

Pierre-Emmanuel Bisseuil, directeur de recherches au cabinet de tendances Peclers, voit aujourd'hui dans la barbe « un signe d'affirmation de la virilité, face à une féminité qui revendique certaines marques de pouvoir ». L'expert « voit donc encore pas mal d'avenir dans cette mode ».

De quoi faire le bonheur des barbiers, dont les boutiques se multiplient. Sarah Daniel-Hamizi, à la tête de trois - et bientôt quatre - salons « La Barbière de Paris », n'a « pas du tout » été étonnée de l'arrivée d'un Premier ministre barbu, même si elle juge que sa barbe aurait besoin d'être « restructurée ».

Avec une clientèle âgée en moyenne de 25 à 50 ans, la barbière voit tous types d'hommes dans son salon. La barbe, souligne-t-elle, convient particulièrement aux personnes dégarnies : « Du coup, on ne regarde plus la calvitie mais la barbe bien dessinée ».

Un championnat de France

Signe des temps, le premier championnat de France de la barbe se tiendra le 17 juin, à Paris, sur le modèle de ses homologues américain, anglais et allemand. Barbes « Verdi », « Garibaldi », « freestyle », « Fu Manchu »... Les concurrents s'affronteront au sein de 17 catégories. Avec, en jeu, le titre de « plus belle barbe de France ». À bon entendeur...

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