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Jours tranquilles à Paris
11 juin 2017

Oradour sur Glane - Le président et le survivant

oradour254

Robert Hébras a survécu sous les corps mitraillés des autres villageois le 10 juin 1944.

De notre envoyée spéciale À Oradour-Sur-Glane (haute-Vienne) - Le Parisien

Pendant près d’une heure, il n’a presque plus concentré l’attention sur lui. Bien sûr, les habitants d’Oradour étaient venus voir ce nouveau président à qui tout semble réussir… Mais lors de la visite du village martyr, la force du témoignage de l’ultime survivant, Robert Hébras, l’a par moments emporté sur la curiosité suscitée par Emmanuel Macron, qui était là pour la première fois dans la région en tant que président. C’est à ce vieil homme de 91 ans que le chef de l’Etat avait promis de revenir. Et c’est à ses côtés, entouré de jeunes élèves, qu’il a traversé les ruines du village, laissé en l’état depuis sa destruction le 10 juin 1944 par les nazis.

Voyage dans le passé

« J’habitais ici avec ma mère et mes sœurs, raconte Hébras devant ce jeune public attentif. Quand la petite dernière est partie à l’école, je ne savais pas que c’était la dernière fois que je l’embrassais. » L’ancienne et la nouvelle génération déambulent. Les caméras sont là, le président serre un garçonnet dans ses bras. Un selfie ? Non, pas ici, dit-il. Le temps s’arrête pendant la minute de silence dans la nef de l’ancienne église où 450 femmes et enfants furent brûlés vifs. Puis les questions des jeunes reprennent de plus belle. Comme à l’école, ils lèvent la main, tout en marchant. « Comment survit-on après ça ? » demande un collégien. « Comme on peut », souffle le survivant. Lui ne s’est pas caché comme Martial, son copain garagiste, qui a senti le danger. Une discussion à bâtons rompus s’engage. La soif de questions ne s’épuise pas. Emmanuel Macron s’efface. Dans le rôle du passeur ou de l’instituteur, il distribue la parole. La chaleur est écrasante. « On va à la grange ? Les autres nous attendent au soleil », finit-il par lâcher avant son discours, une pointe d’impatience dans la voix. La grange, là où Hébras a miraculeusement survécu sous les corps mitraillés des autres hommes du village. Le temps de ce court voyage dans le passé, Macron n’était plus la vedette ni le maître des horloges. M.E.

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