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Jours tranquilles à Paris
12 juin 2017

Législatives : une abstention historique

Par Patrick Roger - Le Monde

La victoire annoncée des candidats de La République en marche a fini par démobiliser une partie de l’électorat. Seuls 48,71 % des inscrits ont voté dimanche.

Avec un taux de 51,29 % au premier tour, l’abstention atteint un nouveau record aux élections législatives. Depuis la réforme de 2001 qui a voulu que les deux tours de ce scrutin interviennent dans la foulée de la présidentielle, dès lors que la durée du mandat à la tête de l’Etat avait été ramenée à cinq ans, l’abstention aux législatives n’a cessé de croître, ce qui n’est pas le cas à la présidentielle.

Ainsi, de 32,1 % en 1997 (au premier tour), elle est passée à 35,6 % en 2002, 39,6 % en 2007, 42,8 % en 2012 avant de bondir à 51,29 cette année. Une évolution continue qui doit interroger sur les conséquences de ce choix de calendrier électoral qui, certes, assure pratiquement une majorité au président élu mais, en même temps, porte atteinte au crédit de l’Assemblée nationale élue dans ces conditions.

Les législatives sont reléguées au rang d’élections secondaires. Sur le plan de la démocratie républicaine, il est légitime de s’interroger sur les conséquences d’une telle situation.

« Stop, ça suffit »

Différents facteurs auront contribué à accroître encore cette désaffection. Les deux ex-grands partis de gouvernement ayant tous deux décidé de passer par des primaires pour désigner le candidat de leur famille politique, la séquence électorale a de fait commencé dès septembre 2016, mobilisant l’essentiel de la chronique politique.

L’élection d’Emmanuel Macron, survenant après une série d’invraisemblables rebondissements, a sonné comme la fin de cet interminable feuilleton. Beaucoup d’électeurs ont voulu dire « stop, ça suffit », tandis que même les partisans des anciens candidats battus prenaient acte du verdict présidentiel.

Ainsi les maigres espoirs des vaincus à la présidentielle de consolider leurs positions aux législatives se sont très vite volatilisés. Cette fin de campagne législative, où les jeux apparaissaient comme pliés – avec la victoire annoncée écrasante des candidats de La République en marche –, a fini de démobiliser une partie de l’électorat.

Une élection quasi jouée, donc, mais attention à ce que cela ne devienne pas une élection au rabais. Et à ce que ce scrutin censé cristalliser la volonté de renouvellement ne devienne pas celui de la résignation.

59 départements avec une participation supérieure à 50 %

Les candidats LRM-MoDem totalisent 32,32 % des suffrages exprimés au premier tour, près d’un tiers des voix. Mais cela ne représente en définitive qu’un quart de l’électorat (25,39 %). Il faudra voir après le second tour combien d’entre eux sont élus en recueillant plus de 30 % des inscrits. En dessous de ce seuil théorique, la fragilité de l’élection est réelle. Et les risques de retour de boomerang accrus.

Seuls 59 départements ont connu une participation supérieure à 50 %. C’est dans la Lozère que l’on a le plus voté en métropole, avec une participation de 59,39 %. Viennent ensuite le Lot (58,42 %), l’Aveyron (58,37 %), les Côtes-d’Armor (57,93 %) et le Gers (57,51 %).

A l’inverse, en dehors des circonscriptions des Français de l’étranger, où l’abstention a dépassé 80 %, et de la plupart des collectivités d’outre-mer, le département métropolitain où la participation a été la plus faible est la Seine-Saint-Denis, avec une abstention de 60,70 %. Elle est suivie par la Moselle (57,45 % d’abstention), le Val-d’Oise (56,09 %), la Seine-et-Marne (54,93 %) et le Haut-Rhin (54,26 %).

En métropole, le record d’abstention par circonscription est atteint dans la 8e circonscription du Val-d’Oise, où 67,91 % des électeurs ne se sont pas déplacés. Le député sortant François Pupponi (PS) y arrive en tête avec 38,37 % des suffrages – aucun candidat de La République en marche (LRM) ne lui était opposé –, mais cela signifie qu’à peine 11,87 % des électeurs ont voté pour lui.

Autre exemple dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, où le taux d’abstention s’élève à 67,39 %. Les deux candidats arrivés en tête, Sophie Gresh (Front national, 23,06 %) et Saïd Ahamada (LRM, 19,86 %), réunissent respectivement sur leurs noms 7,32 % et 6,30 % des électeurs inscrits.

Enfin, dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis, celle du député sortant Mathieu Hanotin (PS), éliminé dès le premier tour, le candidat de La France insoumise (LFI), Stéphane Peu, arrive en tête avec 27,69 % des suffrages devant la candidate LRM, Véronique Avril (20,69 %). Mais l’un et l’autre ne totalisent respectivement que 8,84 % et 6,60 % des électeurs inscrits.

A l’autre bout de l’éventail abstentionniste, les plus forts taux de participation sont atteints dans des circonscriptions parisiennes. En tête du palmarès, la 11e circonscription de Paris, avec 62,33 % de participation : une circonscription, il est vrai, qui focalisait l’attention. La ministre des affaires européennes, Marielle de Sarnez (LRM-MoDem), y arrive en tête avec 40,58 % des suffrages, juste un quart de l’électorat.

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