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Jours tranquilles à Paris
14 juin 2017

L’EMBARRASSANT FRANÇOIS BAYROU

Par  Myriam Encaoua - Le Parisien

La situation ne manque pas de sel… Ce matin, en Conseil des ministres, le garde des Sceaux, François Bayrou, va présenter un projet de loi sur la moralisation de la vie publique, alors que son propre parti est sous le coup d’une enquête préliminaire ! Le parquet de Paris cherche à savoir si le MoDem a eu recours à des emplois fictifs via des emplois d’assistants parlementaires d’eurodéputés. Une situation est sans précédent sous la V e République.

François Bayrou serait-il l’arroseur arrosé ? Le ministre de la Justice est, en tout cas, dans une position délicate. Il y a son nouveau statut de patron de la chancellerie, garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire, et il y a le contexte : l’exigence d’exemplarité des Français. Sans compter que François Bayrou a fait de ces sujets — l’intégrité, la probité, la transparence — sa signature en politique.

Il faut se souvenir des batailles qui ont jalonné toute sa carrière. Ses combats contre le « scandale d’Etat » de l’affaire Tapie. Sa violence vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, « l’enfant barbare » au goût immodéré pour l’argent. C’est encore lui qui faisait de la moralisation pendant la campagne la condition de son alliance à Emmanuel Macron. Trois mois plus tard, il se voit reprocher une forme de mélange des genres, et même de pression, quand il relaie sur les réseaux sociaux un tweet de son bras droit, la ministre Marielle de Sarnez, qui se défend alors qu’elle est visée dans cette enquête préliminaire. Quand il passe directement des coups de fil aux rédactions pour se plaindre du traitement de cette affaire. Ou quand, comme hier matin sur CNews, il dénonce une opération politique , mettant en cause Anne Hidalgo, la maire de Paris, à travers l’un de ses « collaborateurs directs ».

Lui assume sa liberté de parole. Sauf qu’Edouard Philippe le lui a rappelé hier : « Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen. » « Je ne suis pas le muet du sérail », lui a répondu Bayrou, se rendant ainsi responsable du premier couac du quinquennat.

Depuis sa nomination, François Bayrou semble vouloir n’en faire — un peu — qu’à sa tête. Son coup de colère au lendemain de l’élection présidentielle — parce que les investitures de la République en marche ne faisaient pas, selon lui, la part assez belle au MoDem — en disait long sur sa capacité à ruer dans les brancards. L’épisode avait déjà instruit le président. La fameuse indépendance dont il se réclame depuis toujours pourrait très vite se révéler ingérable.

@myriamencaoua

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