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Jours tranquilles à Paris
15 juillet 2017

Chine: le corps du Nobel dissident Liu Xiaobo a été incinéré

liu

Le corps du dissident chinois et prix Nobel de la paix 2010 Liu Xiaobo a été incinéré samedi matin après une "cérémonie simple" en présence de sa femme et de proches, ont indiqué les autorités locales.

La dépouille de l'opposant a été incinérée "conformément à la volonté des membres de sa famille" à Shenyang (nord-est de la Chine), où Liu Xiaobo était hospitalisé jusqu'à son décès jeudi, a assuré lors d'une conférence de presse Zhang Qingyang, un responsable du bureau d'information de la municipalité.

Des photos diffusées par les autorités montraient son épouse, la poétesse Liu Xia, avec des lunettes noires et en pleurs devant le corps de son mari, ainsi que des proches s'inclinant devant la dépouille entourée de fleurs blanches.

Le dissident, premier prix Nobel de la paix chinois, est mort jeudi d'un cancer du foie sans que le régime communiste ne le laisse finir ses jours en liberté à l'étranger, ce qui vaut depuis à Pékin une pluie de critiques.

Ecrivain et professeur, Liu Xiaobo avait été arrêté en décembre 2008 puis condamné un an plus tard pour subversion à 11 ans de prison. Le gouvernement chinois lui reprochait d'avoir corédigé un manifeste, la Charte 08, prônant notamment des élections libres.

Après sa mort, les regards se tournent désormais vers sa femme, en résidence surveillée depuis 2010. Le comité Nobel norvégien s'est dit vendredi "profondément inquiet" pour elle, appelant la Chine à la laisser quitter le pays.

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Chine. Une mort étouffée par la censure

Liu Xiaobo avait été arrêté, fin 2008, après avoir corédigé un texte appelant à la démocratisation du pays. Il avait été condamné, un an plus tard, à 11 ans de prison pour « subversion » puis placé en liberté conditionnelle.

Il était le seul Chinois à avoir jamais obtenu le prix Nobel de la paix. Mais l'efficace censure du régime communiste rendait tabou, hier, jusqu'au nom du dissident, inconnu de la grande majorité de ses compatriotes, particulièrement les plus jeunes.

Au pied de l'hôpital où l'opposant a succombé, jeudi, à un cancer après huit années de détention, seule une personne avait entendu parler de Liu Xiaobo sur la vingtaine interrogées. « C'est qui ? Une star d'internet ? » demandait un commerçant, ignorant tout de la polémique mondiale entourant le sort du dissident, que Pékin a, jusqu'au bout, refusé de libérer pour qu'il puisse suivre un traitement à l'étranger.

Les médias chinois ont gardé le silence sur son décès, à de très rares exceptions près, comme l'agence Chine nouvelle, qui l'a brièvement annoncé sur son service en anglais mais pas en chinois, tout en évitant de rappeler qu'il avait obtenu le Nobel 2010.

Sur internet, la « grande muraille » de la censure bloquait les références à l'opposant. Le nom « Liu Xiaobo » ne donnait aucun résultat sur le moteur de recherche Baidu. Le réseau Weibo, le « twitter chinois », bloquait son nom ainsi que ses initiales, « LXB ». De rares messages parvenaient toutefois à franchir la censure avant d'être promptement effacés.

« L'Histoire retiendra son nom »

« Il était le courage incarné. L'Histoire retiendra son nom, mort ou vif », proclamait un éphémère message sur Weibo. « Toi qui venais d'être relâché avais changé le monde. Ceux qui sont toujours en prison te saluent », écrivait un autre utilisateur.

Signe de l'efficacité de la censure du régime communiste, les plus jeunes rencontrés à Shenyang, la grande ville du nord-est où Liu Xiaobo était hospitalisé, semblaient tout ignorer de son rôle dans le mouvement de Tiananmen pour la démocratie, en 1989.

« Je ne sais pas ce que c'est que cette révolution étudiante. Je ne connais rien aux choses de cette époque », témoigne Li Pengfei, un doctorant en ingénierie de l'Université du Dongbei, la plus proche de l'hôpital.

Exception : Zhang Xinyu, un quinquagénaire occupé à peindre dans la chaleur étouffante d'un parc de Shenyang avant l'annonce de la mort de Liu Xiaobo. « Je le connais. Tous les gens de ma génération le connaissent, c'est sûr », affirme Zhang Xinyu, qui ne peut cependant pas croire que l'opposant ait été encore en détention. « Il a forcément dû être libéré. Ça doit aller pour lui, après tout ce temps, il ne doit plus y avoir de problème », suppose-t-il.

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