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Jours tranquilles à Paris
17 juillet 2017

Avec Nétanyahou, Macron réaffirme sa méthode en politique internationale

Par Marc Semo - Le Monde

Le président français, qui recevait hier le premier ministre israélien, a assimilé l’antisionisme à l’antisémitisme. Il compte sur ses capacités de conviction et d’empathie pour faire bouger les lignes. Quitte à en faire trop.

User de symboles historiques forts et briser des tabous au risque de cautionner des personnalités politiques controversées : Emmanuel Macron affirme sa méthode en matière de politique internationale.

Deux jours après avoir commémoré, aux côtés de Donald Trump, le centenaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, le président français a commémoré aux côtés du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, l’arrestation par la police française de plus de 13 000 juifs de la région parisienne, dont 4 000 enfants, déportés ensuite vers les camps de la mort nazis.

« Cette invitation est un geste fort qui témoigne de l’amitié ancienne et profonde entre la France et Israël », a lancé M. Nétanyahou, qui a commencé en français son discours avant de passer à l’anglais puis de conclure sur un vibrant « Liberté, égalité, fraternité », à nouveau dans la langue de Molière. Et de saluer l’héroïsme des Français « qui, au péril de leur vie mais aussi de celui de leur famille, ont sauvé leurs compatriotes juifs ».

Jamais jusqu’ici un dirigeant israélien n’avait été invité à assister à cette cérémonie, même quand le président Jacques Chirac, en 1995, avait reconnu pour la première fois que « la France avait commis l’irréparable » et la responsabilité de l’Etat français, au travers de Vichy.

Un pari

Aussi bien Nicolas Sarkozy que François Hollande avaient eux aussi voulu éviter toute confusion entre la politique française vis-à-vis de l’Etat hébreu, et plus généralement du processus de paix israélo-palestinien, et la mémoire de cette tragédie.

C’est un pari de la part de M. Macron qui, avec M. Nétanyahou, comme auparavant avec M. Trump et le président russe, Vladimir Poutine, espère faire bouger les lignes en jouant de ses capacités de conviction et d’empathie. Au risque d’en faire trop.

« Nous ne céderons rien aux messages de haine, à l’antisionisme parce qu’il est la forme réinventée de l’antisémitisme », a souligné dans son discours le président français, en assurant que la France continuerait de mener aux côtés d’Israël la lutte « contre le terrorisme obscur et le pire des fanatismes ». Des propos qui ne pouvaient que ravir le dirigeant israélien.

Ce dernier ne cesse de répéter que la remise en cause de la politique menée par Israël vise à délégitimer l’existence de l’Etat hébreu et que son pays est la première cible d’un terrorisme mondial qui vise l’ensemble de l’Occident. « Ils essaient de nous détruire comme de vous détruire », a-t-il insisté.

A l’issue d’une réunion de travail à l’Elysée entre les deux dirigeants, M. Macron a appelé « à une reprise des négociations entre les Israéliens et les Palestiniens dans le cadre d’une recherche d’une solution à deux Etats, vivant côte à côte dans des frontières sûres et reconnues avec Jérusalem pour capitale ».

Processus de paix au point mort

Et de souligner aussi que « la poursuite des constructions dans les colonies » viole le droit international, mettant en péril toute solution politique. Une position qui est traditionnellement celle de Paris et que le président français avait encore répétée début juillet au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Pendant sa campagne, M. Macron était resté relativement discret sur ce dossier tout en rappelant son opposition à toute reconnaissance unilatérale par Paris de l’Etat palestinien.

Dans les derniers mois de la présidence Hollande, Paris s’était activé pour tenter de relancer un processus de paix au point mort et avait organisé une conférence internationale en juin 2016 puis en janvier 2017.

Le premier ministre israélien avait refusé de participer à cette initiative « visant à faire reculer la paix » et qu’il avait dénoncée à l’époque comme « une conférence truquée par les Palestiniens sous l’auspice de la France ». Le nouveau président français s’est bien gardé de relancer le sujet. M. Nétanyahou entend n’accepter rien d’autre que des discussions directes avec les Palestiniens, dans lequelles il est en position de force.

Au-delà des photos qui font sens et de chaleureuses accolades, la rencontre entre MM. Macron et Nétanyahou n’annonce pas nécessairement un cours nouveau dans les relations entre Paris et Tel-Aviv. Le président français a assuré son homologue israélien de la « vigilance » des autorités françaises pour « la mise en œuvre stricte » de l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015. Il a aussi affirmé partager « les inquiétudes israéliennes sur l’armement du Hezbollah », le mouvement chiite libanais soutenu par Téhéran.

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