Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
20 juillet 2017

Avis de gros temps sur les éoliennes

Par  Coralie Garandeau

« Imaginez 80 éoliennes de plus de 120 m de haut, à 10 km des plages ! » se désole Hervé Texier, président de Belle Normandie Environnement. Le futur site éolien en mer dont le militant est le plus proche jouxte des plages très célèbres : celles du Débarquement et son vaste cimetière marin. « C’est une atteinte au patrimoine et au tourisme », estime-t-il.

Aux côtés d’une quinzaine de fédérations d’associations dans les communes concernées et depêcheurs, son association vient de déposer une plainte auprès de la Commission européenne contre les six projets d’éolien en mer autorisés sur la façade Manche- Atlantique, « tous en contradiction avec les politiques de protection de l’environnement marin ». Des projets « conduits à marche forcée par l’Etat depuis 2012 », disent les militants locaux, qui voient dans ce recours devant les tribunaux européens « la dernière chose qu’il nous reste », estime Hervé Texier.

Les antiéoliens sont amers : le nouveau ministre de l’Environnement tient à accélérer tous les projets d’éolien marin pour atteindre l’objectif de 40 % d’énergies renouvelables dans la production française d’ici à 2030.

« On est prêts à faire tous les recours possibles, car on est absolument opposés à cette guirlande d’usines offshore sur le littoral français », se désole Jacky Bonnemains, porte- parole de l’association Robin des bois, qui dénonce « une industrialisation de la mer et une technique périmée ». Pour lui, les études d’impact sur l’environnement, la faune marine, et sur la sécurité maritime ne sont pas suffisantes. D’autres dénoncent une « énergie intermittente, qui ne produit qu’un tiers du temps, quand il y a du vent », avance Catherine Boutin, du collectif Pour un littoral sans éolienne.

Au Tréport, les pêcheurs fulminent. « Beaucoup de gens regardent ça de loin, mais nous, on vivra avec ça sous notre nez », glisse Olivier Becquet, gérant de la coopérative locale. En péril, selon lui, la seiche, le barbet et le hareng, qui viennent se reproduire dans les eaux du futur projet, ainsi qu’« un vrai gisement » de coquillages. « On est allés visiter le parc éolien de Thanet, en Angleterre, et on a bien vu les dégâts provoqués par ces piliers de béton sur toute la zone poissonneuse. Les Anglais n’y pêchent plus ! » estime-t-il.

Des projets menés depuis des années

Parmi les six parcs éoliens en mer ayant été attribués sur le littoral français, quatre ont reçu leurs autorisations environnementales : Fécamp, Courseulles, Saint-Nazaire et Saint-Brieuc. Deux projets sont encore en attente, ceux de l’île d’Yeu-Noirmoutier et de Dieppe-Le Tréport.

Des projets pour lesquels les procédures de concertation avec tous les acteurs, les enquêtes publiques et des études d’impact ont été menées depuis quatre ans. « Ce ne sont pas des projets déposés à la va-vite » résume Matthieu Monnier, de France Energie éolienne, l’association professionnelle des acteurs de l’éolien.

« On a perdu deux ans avec tous ces recours », juge-t-il. Aujourd’hui, chaque parc éolien fait l’objet de « mesures de compensation pour les déséquilibres causés par son implantation », se justifie Engie, impliqué dans trois projets. Le géant de l’énergie se préoccupe ainsi des goélands de l’île d’Yeu ou des oiseaux marins nicheurs vers Dieppe. Il rappelle aussi ses efforts pour limiter l’impact visuel des éoliennes, dans leur alignement, leur espacement ainsi que leur nombre.

Publicité
Commentaires
Publicité