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Jours tranquilles à Paris
25 juillet 2017

BD. Mézières confie son Valérian à Luc Besson

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Jean-Claude Mézières dans son atelier parisien, situé près des Gobelins.

Article de Marcel Quiviger

Mercredi, la nouvelle super production de Luc Besson, le film à plus gros budget de l'histoire du cinéma français « Valérian et la cité des mille planètes » sera sur tous les écrans de cinéma. Un grand moment d'émotion pour les pères de Valérian : le dessinateur Jean-Claude Mézières et son compère le scénariste Pierre Christin, qui fêtent de la plus belle des manières le 50e anniversaire de cette série mythique de la revue Pilote.

En 1967, Jean-Claude Mezières et Pierre Christin, deux amis d'enfance, passionnés de bandes dessinées, qui s'étaient connus dans un abri lors des bombardements de Paris, durant la Seconde Guerre mondiale, se trouvent engagés dans l'aventure de la naissance du magazine Pilote. Son rédacteur en chef, René Goscinny, toujours à la recherche de nouvelles histoires, de nouveaux héros, leur propose une expérience d'une trentaine de pages, un galop d'essai. Mézières et Christin lui soumettent une histoire de science-fiction, d'agents spatio-temporels, un genre peu usité à l'époque par la BD. Personne ne pouvait imaginer alors que les deux personnages ainsi créés, Valérian et Laureline, allaient connaître un tel succès et une telle longévité : 23 albums et plus de 2,5  millions d'exemplaires vendus en 50 ans !

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Cette série, humaniste et très subtile, est née dans le bouillonnement intellectuel de la revue Pilote qui a vu évoluer, dans les années  60, des personnages comme : Astérix, Blueberry, Lucky Luke, Achille Talon... et où se croisaient, aux conférences de rédaction du lundi, des auteurs comme Gotlib, Druillet, Giraud, Bretecher, Fred, Mandryka... Excusez du peu ! C'est le second âge d'or de la BD franco-belge après celui des Hergé et Franquin. « Goscinny, c'était un vrai patron de presse », affirme, aujourd'hui, Jean-Claude Mézières, qui avoue également sa fascination pour « le talent terrifiant de Jean Giraud », alias Gir et Moebius.

« Plus question de nouvel album »

Le tandem d'amis Mézières-Christin (par ailleurs fondateur et enseignant à l'école de journalisme de Bordeaux) ne s'est jamais ennuyé avec Valérian. Dans le calme de son atelier parisien, près des Gobelins, Jean-Claude Mézières savoure les bienfaits de l'espace-temps : « Chaque album explore une planète, une période, des créatures différentes. À chaque fois, c'est un nouvel univers, un nouveau monde, je ne pouvais pas m'ennuyer. Du coup, Valérian suffisait à mon bonheur. Je n'avais pas besoin d'autres séries, d'autres personnages. Et ce que j'aime surtout, c'est raconter des histoires, mettre le dessin au service du récit. La BD est un art de la narration graphique plus qu'un simple travail de dessinateur ou d'illustrateur. Aujourd'hui, la boucle est bouclée avec Valérian. Plus question de nouvel album, de nouvelle histoire. Deux, trois années de travail par album, ce n'est plus de mon âge ! Pas question non plus de poursuite à l'identique avec de nouveaux auteurs, sauf si l'on m'arrache un accord contre mon gré, sur mon lit de mort ! Mais, en revanche, des " Valérian vu par " - comme celui de Larcenet et à la rentrée prochaine, avec Lupano et Lauffrey - sont les bienvenus. Celui de Larcenet m'a fait hurler de rire ».

La rencontre avec Luc Besson

« La relation avec Luc Besson a débuté en 1991 quand il m'a demandé de travailler pour les décors du film " Le Cinquième élément ". C'est moi qui, par exemple, lui ai donné l'idée des taxis volants issus de l'album " Les cercles du pouvoir ". C'est lors de ce travail qu'est née l'idée d'adapter un jour Valérian sur grand écran. Mais c'était trop tôt à cette époque, la technique des effets spéciaux n'était pas assez maîtrisée. C'est en 2014 que le projet s'est concrétisé. Il nous a soumis le script du film et cela nous a paru totalement cohérent avec la série. Je m'y retrouve très bien et les personnages sont bien dans l'esprit de ce qu'on a essayé de faire avec ce petit couple finalement assez moderne transposé au 28e siècle ».

Ce film a aussi un petit côté revanche pour les deux créateurs de Valérian, bien qu'ils prennent garde, par élégance, à ne pas d'utiliser ce mot. Quand George Lucas a lancé Star Wars à la fin des années 1970, il y avait de grands airs de ressemblance avec Valérian, à tel point que Mézières lui écrivit, sans jamais recevoir de réponse.

Mais peu importe aujourd'hui, puisque le Star Wars à la française sort cette semaine sur les écrans, inspiré de l'album « L'ambassadeur des ombres ». Et si le succès mondial est au rendez-vous, comme c'est souvent le cas avec Luc Besson, de nouveaux épisodes sont déjà dans les cartons, un peu à l'image de Star Wars...

Jamais à la mode mais jamais démodé

Pour Jean-Claude Mézières et Pierre Christin, cette transformation cinématographique de leurs personnages créés il y a 50 ans, est accompagnée d'une intense exposition médiatique. Les deux compères enchaînent les interviews et jamais, sans doute, leurs deux personnages n'auront autant été sur le devant de la scène. De nouvelles traductions dans de multiples langues confidentielles sont au programme (comme l'islandais !). « La chance de Valérian, c'est de n'avoir jamais vraiment été à la mode. Et donc, de ne pas être démodé », affirme Pierre Christin.

Mais aujourd'hui, il va leur falloir affronter un tsunami de communication et d'expositions en tous genres. Ce qui fait sourire Jean-Claude Mézières, déjà habitué à rencontrer, dans des séances de dédicaces, ses lecteurs assidus et, au hasard des rencontres, quelques jeunes femmes dénommées Laureline en référence à son héroïne. Fait encore plus invraisemblable : une Laureline s'est un jour présentée à lui accompagnée de son conjoint Valérian. Encore un coup de l'espace-temps !

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