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Jours tranquilles à Paris
25 août 2017

Emmanuel Macron en quête d’une communication présidentielle

Bucarest. De notre envoyé spécial - Source : Ouest France

La campagne fut rude, l’été ne le fut pas moins. Mais pour d’autres raisons. Après la débauche médiatique de l’élection, Emmanuel Macron avait choisi, sitôt élu, de raréfier la parole présidentielle. Certes, on l’a entendu au Congrès. Et on l’a vu un peu partout depuis mai. Avec Trump, avec Poutine. À Bruxelles, Versailles et Berlin. Mais pas question de commenter son action avec les journalistes, comme le faisait François Hollande. Macron veut rompre avec ses prédécesseurs pour redonner du lustre à la fonction. Raréfier la parole, c’était le mot d’ordre. Du moins, jusqu’à maintenant. Car si la séquence internationale a été réussie, le jeûne médiatique a montré ses limites. L’été a apporté son lot de coups politiques inattendus. Affaire Ferrand, démission de Bayrou, couac des APL, ruades des Insoumis. Les sondages étant en baisse, un besoin d’explication s’impose. De « pédagogie », diton à l’Élysée.

Une causerie au coin du feu ?

D’où le tournant opéré mercredi à Salzbourg par Emmanuel Macron dans sa communication. Il avait promis de ne pas parler de politique intérieure lorsqu’il était en déplacement à l’étranger. Depuis mercredi, il n’a cessé de faire référence aux sujets sensibles de la rentrée française. Il a longuement plaidé pour la cohérence de sa politique sociale à propos des travailleurs détachés. Il l’a expliqué hier à Bucarest.« Cette tournée européenne me permet d’expliquer la cohérence entre l’agenda français et l’agenda européen. » Sa posture réformatrice en politique intérieure et proactive à l’échelon européen offre un terrain propice. Le voyage en Autriche, Roumanie et Bulgarie a lieu, d’ailleurs, dans les trois pays qui assureront successivement, à partir du 1er janvier 2018, la présidence de l’Union européenne. Le Président invite ainsi ses ministres à occuper le terrain. S’adressera-t-il très prochainement plus directement aux Français ? À l’Élysée, après avoir rompu avec la tradition de l’entretien télévisé du 14 juillet, on réfléchit à une nouvelle formule, à échéance régulière. Permettant d’expliquer l’action gouvernementale et de la remettre en perspective. Cela pourrait être une fois par mois. Voire deux. En s’inspirant des causeries radiophoniques au coin du feu que le président Roosevelt avait rendu populaires avant la guerre. Pierre Mendès France en avait repris la formule dans les années 1950. Macron va-t-il la relancer à la radio ? À la télévision ? Sur Internet ? On sera bientôt fixé, tant la nécessité de s’adresser plus souvent à l’opinion est désormais une évidence. En trois mois, Emmanuel Macron a touché du doigt toute l’ambivalence de la fonction présidentielle. Le président est pour la Constitution de 1958 un arbitre, mais l’introduction du suffrage universel direct en 1962 en a aussi fait un acteur. Jouer sur les deux registres est délicat. L’excès de présence médiatique est dangereux pour l’arbitre. Trop d’abstinence peut être létal pour l’acteur. En trois mois, il vient de faire l’expérience de ces deux limites. Cela s’appelle, en démocratie, rendre des comptes. Article de Laurent MARCHAND. Ouest France.

bucarest

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