Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
26 août 2017

Nantes. Plongée angoissante dans l'ancienne prison

DSCN6334

DSCN6337

L'exposition « Entrez libre », mise en place par Pick Up Production, à l'occasion du festival d'art contemporain, Le Voyage à Nantes, est visible jusqu'à demain.

Dessins de détenus entassés et hurlant de douleur, graffitis évoquant le chaos : dans les murs de l'ancienne maison d'arrêt de Nantes, vouée à la démolition avant sa reconversion, l'exposition « Entrez libre » offre une plongée « bouleversante » et « angoissante » dans l'univers carcéral.

Peu après avoir franchi les grilles de l'entrée de cette bâtisse datant de 1869, située dans le coeur historique de Nantes, le visiteur est happé par l'atmosphère lourde des graffitis en noir et blanc de paysages apocalyptiques recouvrant les murs de l'enceinte.

Pour cette exposition éphémère, présentée jusqu'à demain, dans le cadre du festival Le Voyage à Nantes, l'association de culture hip-hop, Pick Up Production, a demandé à dix artistes de restituer la présence des anciens occupants du bâtiment, vide depuis 2012, et d'évoquer l'enfermement, carcéral, mais aussi psychologique et social.

L'extérieur de l'ancien bâtiment du greffe, conçu comme « une sorte de carapace », une peau tatouée sur un mode graphique et urbain, en blanc et noir, contraste avec l'explosion de couleurs à l'intérieur du pavillon, où se concentre l'essentiel de l'exposition.

« Libérer l'imaginaire »

« On rentre dans la prison, dans ce corps, par le ventre, la gorge, l'estomac. On est digéré par cette prison », explique David Bartex, l'un des dix artistes invités.

Après avoir passé les entrailles sanguinaires d'un rouge criard, un escalier massif mène à un imposant mur de briques rouges, séparant le greffe de l'ancien espace de détention, volontairement resté fermé au public. Un maton coiffé d'un képi, répondant au téléphone, a été peint sur l'une des anciennes cabines des surveillants.

Les portes et les fenêtres des ex-parloirs ont été recouvertes de visages de détenus agonisants dans une cellule, alors qu'une musique angoissante résonne en permanence. Dans une pièce dévolue à l'administration, les collages en noir et blanc de l'artiste plasticien sérigraphe Gilles Bouly saturent l'espace pour évoquer la surpopulation et « la promiscuité qui rend fou ».

« Enfermés » en résidence pendant dix-sept jours, les artistes ont voulu « ouvrir enfin les portes de la prison. (...) C'est comme si toute cette tension, ces gens enfermés, ces idées bloquées pendant des années s'échappaient d'un coup et étaient projetées sur les murs », comme un appel à « libérer l'imaginaire », affirme David Bartex.

« Sensation d'étouffement »

« Les artistes se sont un peu déchaînés, on sent la douleur partout », témoigne Michelle, Nantaise de 66  ans. « Je ne sais pas ce qu'ils veulent nous dire mais ça ne laisse pas indifférent, c'est sûr ».

Pascale, 49 ans, a ressenti « une sensation d'étouffement. On ne s'attend pas à ce graphisme et à ces couleurs à l'intérieur, on a envie d'aller dehors, retrouver la lumière naturelle et ces deux magnifiques arbres dans la cour ». S'attardant devant une fresque représentant un combat de rue entre la justice et la délinquance, et un message proclamant« Feu à la prison », Émeline, touriste normande de 25 ans, avoue être « mal à l'aise » mais s'estime « chanceuse » d'avoir découvert une prison à travers une exposition. « On ne peut pas se mettre à la place des détenus, c'est hors de notre portée. Mais on se dit que ça doit rendre fou, déshumaniser », confie-t-elle.

Des logements, une crèche, un parking...

Plusieurs milliers de personnes ont franchi les murs de l'ancienne maison d'arrêt depuis l'ouverture le 1 erjuillet de l'exposition, produite par Cogedim, le promoteur immobilier chargé par la métropole de Nantes de la reconversion du site.

La prison, dont la démolition doit commencer à la fin de l'année, sera transformée, à l'horizon 2019, en un îlot regroupant, sur 12.600 m², 160 logements, une crèche et un parking souterrain de 400 places. Du bâtiment d'origine, avoisinant l'ancien palais de justice devenu hôtel de luxe, seuls resteront le porche d'entrée et le pavillon du greffe, futur théâtre.

DSCN6558

DSCN6562

DSCN6563

DSCN6565

DSCN6566

DSCN6571

DSCN6574

DSCN6575

DSCN6576

DSCN6582

Reportage photographique : Jacques Snap

Publicité
Commentaires
Publicité