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Jours tranquilles à Paris
30 septembre 2017

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30 septembre 2017

Journée sans voiture à Paris demain Dimanche...

Dimanche a lieu, pour la troisième fois, la journée sans voiture à Paris. Mais cette année, le dispositif est étendu à toute la ville, de 11 heures à 18 heures.

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29 septembre 2017

Vu sur internet

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29 septembre 2017

A Paris, les mannequins trop maigres interdites de podiums


Mannequins maigres

Comme un début de révolution au royaume des podiums. Kering et LVMH, les deux géants français du luxe, ont décidé de changer les règles du jeu. Dans une charte commune, ils s'engagent à ne plus employer de mannequins dont la taille est inférieure à 34. Ils prévoient aussi de ne plus recruter de modèles de moins de 16 ans "pour participer à des défilés ou à des séances photos représentant des adultes". Ces deux mesures entrent en vigueur à partir du dimanche 1er octobre, à l'occasion de la Paris Fashion Week.

L'objectif est clair : lutter contre l'anorexie chez les jeunes filles. Et surtout, en finir avec l’éloge de l’extrême maigreur qui règne dans le monde de la mode. "Le risque, c'est de penser que toutes les filles peuvent être mannequins. Ce n'est pas le cas", a estimé la directrice artistique de Dior, Maria Grazia Chiuri, au deuxième jour du show parisien. Je ne veux pas employer de filles anorexiques."

"Nous voulions aller vite et frapper fort, pour que les choses bougent vraiment, et essayer d'inciter au maximum les autres acteurs de la profession à nous suivre."

François-Henri Pinault, PDG de Kering à l'AFP

Et ce n'est pas tout. En mai dernier, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, a fait passer deux lois qui vont dans le même sens. Chaque mannequin doit désormais fournir un certificat médical pour pouvoir défiler en France. Et chaque photo retouchée devra en porter la mention.

29 septembre 2017

C’est une sex doll qui fait non, non, non...

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Par Maïa Mazaurette

Que penser des poupées sexuelles programmées pour résister ? Selon la chroniqueuse de « La Matinale du Monde » Maïa Mazaurette, ces robots participent à flouter la notion de consentement.

Le futur du sexe, c’est pour quand ? Maintenant. A condition de laisser tomber un instant les électrodes et les prothèses pour plonger dans le monde des robots sexuels. Utopie, dystopie ? Commençons par le positif : ces compagnes sexuelles (le marché est dominé de manière écrasante par des modèles féminins destinés aux hommes) pourraient apporter une solution à la misère sexuelle, proposer des cadres sûrs pour perdre sa virginité, autoriser la réalisation de fantasmes spécifiques.

Débarrassés de nos limitations physiques, les robots redéfiniront également notre rapport à la sexualité – ils seront capables d’apporter des plaisirs différents, novateurs dans les sensations, les situations et les émotions. Si les ajustements sur mesure sont pour l’instant plutôt réservés aux aspects physiques (les plus gros acteurs du marché vous laissent choisir jusqu’au diamètre des tétons), rien n’empêchera de nourrir l’intelligence artificielle de nos machines avec les variables de notre choix – pour obtenir des partenaires parfaitement adaptés jusque dans leurs réactions, leur langage, leur « passé ».

Tout cela est très enthousiasmant (et incroyablement coûteux). Malheureusement, nous ne vivons pas dans un monde idéal – ce qui logiquement ne laisse pas présager de lendemains qui chantent (ou qui ahanent de plaisir). En ce moment, l’actualité technologique nous transporte d’ailleurs plutôt côté cauchemar.

Une poupée qui floute la notion de consentement

En 2016, 40 % des Allemands se déclaraient prêts à coucher avec des robots. Cette année s’est ouvert, à Barcelone, le premier bordel ne proposant que des rapports avec des poupées (100 euros de l’heure, quatre choix offerts). Au Kontakthof de Vienne, la prostituée favorite des clients est la poupée Fanny (80 euros de l’heure) – au point que son succès a obligé les patrons à acheter un autre modèle. C’est cette même Fanny qui accueille les clients sur la page consacrée aux « filles », par un texte qui lui prête une personnalité : « Je n’ai pas de tabous, je réalise tous tes souhaits sexuels… j’ai TOUJOURS envie. »

Vous vous rappelez l’attaque informatique de l’an dernier, menée par une armée de frigos et de routeurs ? On imagine dès maintenant que les poupées sexuelles puissent être piratées pour attaquer leurs possesseurs : leur sécurité serait faiblarde. Même chose du côté des sex-toys connectés, mal protégés contre les hackeurs.

Là où le débat se corse, c’est que les possibles catastrophes ne toucheront pas que les amateurs de belles machineries. Une robote américaine propose ainsi un mode appelé « Frigid Farrah » (elle vous fera savoir qu’elle n’apprécie pas votre contact) tandis que d’autres modèles, très répandus au Japon, arborent l’apparence d’enfants ou de préadolescentes. Dans ces deux cas, la poupée floute la notion de consentement.

Et c’est bien là le problème : jusqu’à présent c’était simple, les robots faisaient tout ce qu’on voulait… contrairement aux humains, et sans nuances. Mais si les robots brisent leur devoir d’obéissance, au moins en apparence, cette construction intellectuelle s’écroule. Déjà parce que certains individus n’auront plus envie de se coltiner la complexité des rapports intimes, du consentement, des négociations. Ensuite parce que si ces robots imitent les humains (certains ont la peau chaude, gémissent, « respirent »), on voit mal par quel miracle certaines catégories de partenaires apparemment semblables seraient abusables et pas d’autres.

Les émotions des femmes pas prises au sérieux

Comment justifier que les machines se mettent à résister activement, tout en restant légalement passives ? Le consentement est-il une question de personne ou de refus ? S’il faut du libre-arbitre pour dire non, peut-on violer des femmes dans le coma ou handicapées mentales ? Que penser de la psyché masculine suggérée par ces préférences ?

Du côté du constructeur, on botte en touche avec une mauvaise foi confondante : « Quand notre robot Roxxxy utilise sa personnalité Frigid Farrah (une parmi d’autres), elle donne son opinion et son feedback, comme toute personne le ferait à un rendez-vous. Par exemple vous n’embrasseriez pas passionnément un ou une inconnu(e). De la même manière, Frigid Farrah vous dira que vous allez trop vite. Elle peut aider les acheteurs à comprendre comment être intime avec un partenaire. »

Vous avez bien lu : non seulement ne pas vouloir être embrassée catégorise comme « frigide », mais ce mode de résistance servirait à s’éduquer émotionnellement… avec des partenaires sans émotions. Parmi les 4 566 problèmes que cette assertion soulève, la plus consternante est que nous vivons déjà, ici et maintenant, dans un univers où les émotions des femmes ne sont pas prises au sérieux : 19 % des Français estiment que les femmes disent non mais qu’elles pensent oui, 21 % jugent qu’elles aiment être forcées (Ipsos, 2015).

La justification du mode frigide par l’apprentissage émotionnel implique en outre que la volonté d’une intelligence artificielle soit respectée. Que les lecteurs n’ayant jamais « forcé » une application à s’éteindre me jettent la première pierre : nous abusons nos machines à longueur de temps. Nous rebootons nos ordinateurs. Nous insultons nos télécommandes. Nous massacrons nos adversaires dans les jeux vidéo.

Catharsis ou encouragement ?

Comment régler ces problèmes éthiques ? Les pro-robots les plus pragmatiques laissent tomber les justifications et assument : certaines personnes ont des fantasmes de viol, qu’ils pourront exprimer sans blesser de vraies personnes. A quoi des détracteurs tout aussi pragmatiques répondent : sauf si les modes « frigide » permettent de s’entraîner au viol. Nous revenons à l’éternel débat virtuel-réel, qui concerne autant les jeux vidéo que la pornographie généraliste. Catharsis ou encouragement ? Pulsions assouvies ou entretenues ?

Cette question n’est pas tranchée. Les populations fragiles peuvent déborder, les autres recalibreront leur empathie : soit en refusant de violer des robots, soit en reportant l’intégralité de leur empathie sur leurs camarades humains. Peut-être éviterons-nous les erreurs de jugement.

Il se trouve que nous autres, êtres de chair et de sang, sommes parfaitement capables de respecter l’intégrité physique de robots, surtout s’ils sont anthropomorphes. Le problème ici, c’est que nous abordons un sujet où nos principes sont faibles, et notre lucidité pas franchement garantie (tout le monde sait que tuer est mal, tout le monde ne sait pas que violer est mal – sans même parler de s’accorder sur la définition).

Notre société reste immature en termes de consentement : on n’arrive déjà pas à comprendre les femmes qui disent non – comment comprendre des robots ? Dans ces eaux troubles, nos fantasmes ont des conséquences. Et de manière profondément ironique… les droits des machines garantiront les nôtres.

Pour retrouver un complément d’information non pas en silicone, mais en bonne chair et en os, venez nous rejoindre à ce dimanche à 17 h 30 à l’Opéra Bastille. Le Monde Festival présentera un débat sur le futur du sexe, modéré par votre dévouée servitrice, avec Agnès Giard, anthropologue et journaliste, Catherine Dufour, écrivaine de science-fiction, et Yann Minh, artiste multimédia.

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29 septembre 2017

Pascal André Heimlicher (photographe)

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29 septembre 2017

Claudia Schiffer

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Le top allemand célèbre en 2017 ses trente ans de carrière. Une carrière hors norme qui a fait d'elle l'un de ces supermodels inimitables, qui a marqué à jamais l'imaginaire populaire. Cet automne, les éditions Rizzoli, avec la complicité de Claudia Schiffer, retracent ces 30 ans de gloire qu'elles résument en photos, signées Herb Ritts, Richard Avedon, Peter Lindbergh ou encore Steven Klein, le tout commenté par de multiples figures de la mode que Claudia a croisées sur sa (belle) route.

Repérée dans une boîte de nuit de Düsseldorf à l'âge de 17 ans, Claudia Schiffer est, grâce à ses séries mode signées Herb Ritts, ses campagnes Guess ultra sexy et son statut de mannequin fétiche Chanel, élevée au rang de supermodel dans les Nineties durant lesquelles elle règne sur les podiums, aux côtés de ses tout aussi charismatiques collègues Naomi, Cindy, Kate, Christy, Linda et Helena. Une carrière comme il y en a peu célébrée cette année avec un coffee table book publié chez Rizzoli, qui recense ses plus beaux clichés, personnellement choisis par le top, des séries d'Herb Ritts aux mythiques campagnes Guess signées Ellen von Unwerth. Un livre collector que le top dédicacera chez colette, le 28 septembre prochain à 11h30.

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29 septembre 2017

M Magazine

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Les adieux à la mode d’Yves Saint Laurent

Par Clément Ghys

7 janvier 2002. Journalistes, amis et personnalités se pressent au siège de la maison Saint Laurent. A 65 ans, le créateur annonce son retrait. Récit des derniers instants du couturier, à l’heure où deux musées ouvrent leurs portes à Paris et Marrakech.

Le matin du lundi 7 janvier 2002, Dominique Deroche arrive la première, à l’aube, au 5 avenue Marceau, siège de la maison de couture Yves Saint Laurent, dont elle dirige le service de presse depuis des années. D’abord toute seule, puis avec son équipe, elle finalise les préparatifs de la conférence de presse prévue à midi. Les invitations ont été envoyées quelques jours plus tôt, le 2 janvier, sans rien préciser de la teneur de l’événement. Les rumeurs ont vite gonflé dans les dîners parisiens. Le téléphone n’a pas cessé de sonner, mais Dominique Deroche n’a pas vendu la mèche. Même pendant le week-end, quand Le Monde et Le Journal du dimanche écrivaient au conditionnel qu’Yves Saint Laurent devrait annoncer son retrait de la haute couture, la maison s’est bien gardée de commenter.

En milieu de matinée, Dominique Deroche se poste en haut des marches de l’accès principal, rue Léonce-Reynaud. C’est l’escalier réservé aux clients, l’entrée officielle. Celle qu’emprunteront, quinze ans plus tard, les visiteurs du Musée Yves Saint Laurent, qui sera inauguré le 3 octobre. Un autre musée consacré au couturier ouvrira également le 19 octobre, à Marrakech. Deux inaugurations qui surviennent quelques semaines après la mort de Pierre Bergé, le 8 septembre. L’homme d’affaires n’aura pas vu l’aboutissement de ce qui fut la dernière œuvre de sa vie : célébrer celle de son ancien compagnon.

Un morceau du patrimoine

Ce 7 janvier 2002, midi approche et les marches se noircissent de monde. Les dizaines d’invités, journalistes français ou correspondants étrangers, chefs de rubrique mode des magazines, sont rejoints par des curieux. Dominique Deroche se souvient de sa surprise : « Je voyais arriver des équipes de télévision, des animateurs, des journalistes qu’on ne croisait jamais. » Quinze ans après, certains jurent qu’ils étaient « évidemment au courant » qu’Yves Saint Laurent allait annoncer son départ. D’autres confient qu’ils ne s’y attendaient pas. Mais tous se souviennent de leur arrivée rue Léonce-Reynaud, de l’émotion face aux adieux du couturier français le plus célèbre du monde. Celui qui a bouleversé la mode, réinventé la silhouette féminine, le premier à avoir été exposé de son vivant dans un musée (au Metropolitan Museum of Art en 1983), celui qui a fait défiler 300 mannequins sur la pelouse du Stade de France juste avant la finale France-Brésil du Mondial 1998.

En 2002, Yves Saint Laurent a 65 ans, à peine plus que l’âge légal de la retraite. Mais la mode parisienne a changé. Elle est à l’extravagance. John Galliano ose toutes les excentricités chez Dior, Alexander McQueen a dépoussiéré Givenchy. Et lui, chaque saison, défile, comme à son habitude, à l’Hôtel Intercontinental, avec en bande-son des actes entiers d’opéras. Il était révolutionnaire quand, avec Pierre Bergé, il ouvrait sa maison de couture en 1961, rue Spontini dans le 16e arrondissement, avant qu’elle ne déménage avenue Marceau en 1974. Il est toujours célébré, mais désormais comme un morceau du patrimoine.

YVES SAINT LAURENT EST À L’ÉTAGE, DANS SON BUREAU, AVEC PIERRE BERGÉ. IL CORRIGE LE DISCOURS SUR LEQUEL IL PLANCHE DEPUIS DEUX JOURS, ENLÈVE UN ADJECTIF, MODIFIE UNE TOURNURE DE PHRASE

Dans les années 1990, il a abandonné ce prêt-à-porter qu’il aimait tant, confié la ligne homme au jeune Hedi Slimane en 1996, et la femme à Alber Elbaz en 1998. La marque Saint Laurent est devenue une pièce de choix dans la guerre entre les groupes de luxe, LVMH et Pinault-Printemps-Redoute. C’est François Pinault, avec le Gucci Group qu’il vient d’acheter, qui rafle la mise. Début 2000, Tom Ford est nommé au prêt-à-porter, fait sensation avec le porno chic, et scandalise les tenants du vrai goût Saint Laurent – Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en tête.

Grâce au sens de la négociation de ce dernier, Yves Saint Laurent parvient à conserver la haute couture, ce monde très codé où il a commencé auprès de Christian Dior, avec ses clientes, ses créations, sa hiérarchie et son cérémonial. Le secteur est déficitaire, ses silhouettes évoluent peu, mais Saint Laurent préserve son sanctuaire de l’avenue Marceau. Avec son bureau baroque, rempli d’aquarelles de Christian Bérard et d’objets fétiches (dont une photo de l’actrice Silvana Mangano, ou la badine de Dior), où l’on est pris à la gorge par l’odeur des bouquets de lys. Et son studio attenant, avec des tréteaux couverts de chutes de tissus, où l’équipe est concentrée.

Les 250 employés regardent « Monsieur Saint Laurent » comme un dieu vivant, osent à peine l’approcher. Personne, pas même Pierre Bergé, ne lui refuse quoi que ce soit, ni les brocarts hors de prix ni ses manies : il cajole Moujik, son bouledogue adoré, et interdit les bouteilles d’eau en plastique parce que le chien pourrait tomber malade en les mangeant. Cet univers, soudé, hors du temps et autarcique, va se dissoudre dans quelques instants.

Style androgyne et sombre

La conférence de presse a lieu dans la salle en haut à droite des escaliers, là où, la veille de chaque défilé, les équipes « accessoirisent » les mannequins habillés. Sur une estrade a été posée une table couverte d’un tissu vert, avec en fond un paravent noir où brillent les lettres dorées YSL. Au premier rang sont assis les plus proches : Betty Catroux, mondaine blonde à la silhouette longiligne avec qui il écumait les boîtes homosexuelles de la rue Sainte-Anne dans les années 1970, incarnation de son style androgyne et sombre ; Loulou de la Falaise, aristocrate créatrice de bijoux et d’accessoires pour la marque, l’ambassadrice même du bohème chic, qui représente l’autre facette de Saint Laurent, la fantaisie et la couleur ; Anne-Marie Muñoz, directrice du studio, rencontrée chez Christian Dior et qui, pendant des décennies, aura été son bras droit inébranlable. A leurs côtés, des journalistes. Et debout derrière eux, qui manquent de s’écraser les pieds, une foule de personnages emblématiques de l’époque, dont Alain Minc, Michel Denisot ou Emmanuel Chain. Il fait très chaud et, surtout, il ne se passe rien.

Yves Saint Laurent est à l’étage, dans son bureau, avec Pierre Bergé. Il corrige le discours sur lequel il planche depuis deux jours, enlève un adjectif, modifie une tournure de phrase. Bergé fait décaler d’un quart d’heure la conférence de presse. Le moment est trop grave. Ils le préparent depuis ce jour de début décembre où Yves Saint Laurent a dit à l’homme de sa vie qu’il voulait arrêter.

Peu de temps avant sa mort, l’homme d’affaires, rencontré en juillet, n’avait toujours pas digéré la rumeur, persistante depuis 2002, selon laquelle il aurait poussé Saint Laurent à se retirer : « S’il y a bien une chose que je me serais gardé de faire, cela aurait été de le lui suggérer. Mais quand il me l’a dit, je me suis engouffré dedans. » Sa voix se gonflait de larmes au souvenir de l’échange : « Un jour, il m’a dit : “Pierre, je ne pourrai pas faire cette collection. Cette fois, c’est sérieux.” » Le couturier, rongé par la dépression, avait menacé à plusieurs reprises d’arrêter, mais à chaque fois, il s’était relancé. Bergé a compris qu’il était trop fatigué, et ne se sentait plus à sa place. Il lui a répondu : « Eh bien, tu ne fais pas cette collection ! Voilà, on fait un dernier défilé et on arrête cette putain de maison. »

Les mains tremblantes

Les deux hommes descendent dans la salle de la conférence de presse. Il est midi et quart quand Yves Saint Laurent prend place sur l’estrade. Il est vêtu de noir, lui qui aimait les cravates à pois et les costumes à rayures. La seule lueur dans sa mise sombre est une chevelure plus blonde que d’habitude, réclamée à son coiffeur quelques jours plus tôt. « Mesdames et messieurs, je vous ai conviés pour vous annoncer une nouvelle importante », commence-t-il, la voix empâtée et les mains tremblantes. Dans l’assistance, Gérard Lefort, alors journaliste à Libération, ignorait les rumeurs et avait hésité à venir. Il comprend qu’il se passe quelque chose : « C’était “Pharaon vous parle”. La dramaturgie était très impressionnante. »

Yves Saint Laurent enchaîne en rendant hommage à ses maîtres disparus, Christian Dior, Cristobal Balenciaga, Gabrielle Chanel, son propre travail, ses silhouettes qui ont accompagné la libération des femmes. « On me pardonnera d’en tirer vanité, mais j’ai cru que la mode n’était pas seulement faite pour embellir les femmes, mais aussi pour leur donner confiance, leur permettre de s’assumer. » Il ne cite aucun des couturiers contemporains. Janie Samet, alors chargée de la mode au Figaro, a « l’impression d’être face à un joueur de tennis seul sur le court, sans compétiteur ».

« JE SUIS PASSÉ PAR BIEN DES ANGOISSES, BIEN DES ENFERS. J’AI CONNU LA PEUR ET LA TERRIBLE SOLITUDE. LES FAUX AMIS QUE SONT LES TRANQUILLISANTS ET LES STUPÉFIANTS. (…) DE TOUT CELA, UN JOUR, JE SUIS SORTI, ÉBLOUI MAIS DÉGRISÉ »

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Yves Saint Laurent continue : « Je veux remercier ceux qui m’ont fait confiance (…). Pierre Bergé, bien sûr. Mais est-ce la peine d’insister ? » Ce dernier est à ses côtés, debout, pas tout à fait sur l’estrade, mais pas non plus dans le public. Il scrute le couturier et la foule, et ses lèvres récitent, à voix basse et en simultané, le discours. L’effet stéréo scotche les invités. Leur histoire d’amour aura été tumultueuse, mais ils auront tout partagé, et ce discours, Pierre Bergé pourrait le faire sien. « Il m’est impossible de citer tous les premiers et premières d’atelier qui m’ont accompagné. Pourtant, qu’aurais-je fait sans eux ? Tous les ouvriers et ouvrières dont le dévouement admirable m’a tellement aidé. » A l’extérieur, serrés contre la porte pour entendre, les employés soupirent. Les larmes montent. Elie Top, assistant général du studio et aujourd’hui joaillier, alors âgé d’une vingtaine d’années, sent « le sol s’écrouler sous [ses] pieds » : « A ce moment, on comprend qu’un monde s’engloutit. »

Au fond de la pièce, face à Yves Saint Laurent, Jean-Pierre Derbord, directeur technique des ateliers de haute couture, voit lui aussi s’achever une époque, la sienne. Depuis 1965, il travaille au côté de « Monsieur ». C’est lui l’auteur des « épaules Saint Laurent », légèrement strictes, qui structurent toutes les silhouettes. L’âge de la retraite approche et, depuis l’année précédente, il veut arrêter. « Je sentais que la couture que je savais faire n’avait plus lieu d’être, se souvient-il. Mme Muñoz, directrice du studio, songeait aussi à lever le pied. M. Saint Laurent a vécu nos départs imminents comme un signe. Est-ce qu’il avait vraiment envie de continuer avec d’autres gens ? » Dans le carré des fidèles, Anne-Marie Muñoz a le visage sombre et Loulou de la Falaise est en larmes.

Un défilé-rétrospective

La main droite vissée sur la table, Yves Saint Laurent poursuit : « Je suis passé par bien des angoisses, bien des enfers. J’ai connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé. De tout cela, un jour, je suis sorti, ébloui mais dégrisé. » Il a l’air d’un fantôme mais il ne faiblit pas, aussi tremblant soit-il. Sabine Gorny, journaliste à France 3, est frappée « par le fait même qu’il aille au bout de son texte » : « Cet homme qui, après les défilés, n’arrivait pas à aligner deux phrases devant les journalistes, osait se dévoiler devant une assemblée. Dans le milieu de la mode, tout le monde savait qu’il s’était drogué, qu’il avait été hospitalisé. Mais là, il exposait son mal-être et ses addictions en public. Comme s’il avait besoin de le faire. »

Quand Saint Laurent cite les mots de Proust, « la magnifique et lamentable famille des nerveux qui est le sel de la terre », dont il dit avoir fait partie toute sa vie, Gérard Lefort sent un « frisson parcourir la salle, proches, journalistes ou mondains ». Et Saint Laurent conclut : « J’ai choisi aujourd’hui de dire adieu à ce métier que j’ai tant aimé (…). Je veux vous remercier, vous qui êtes ici et ceux qui n’y sont pas, d’avoir été fidèles aux rendez-vous que je vous ai donnés depuis tant d’années. De m’avoir soutenu, compris, aimé. Je ne vous oublierai pas. »

« LA SITUATION ÉTAIT ÉTRANGE. ON PENSAIT TOUS À NOS BOULOTS. MAIS IL FALLAIT CONTINUER ENCORE UN PEU. POUR LUI »

PAULE MONINOT-MONORY, SCRIPTE AU STUDIO

A peine a-t-il prononcé ces mots que Dominique Deroche, recroquevillée près de la table, l’exfiltre et le conduit dans son bureau. « Il ne fallait pas qu’il soit assailli de questions. Il n’aurait pas supporté. » Les rejoignent quelques très proches, dont Pierre Bergé qui, très vite, redescend pour parler à la presse. « Lui, il a toujours fait face à tout », dit Dominique Deroche. L’homme d’affaires doit expliquer la suite : un défilé-rétrospective organisé le 22 janvier au Centre Pompidou. Le deuxième acte des adieux.

Depuis un mois, ses équipes ont contacté Beaubourg et Jean-Jacques Aillagon, alors président du musée, a donné son accord pour qu’un défilé soit organisé dans l’atrium. Yves Saint Laurent s’en va, vive Saint Laurent ! Le 5 avenue Marceau se mobilise pour que les adieux soient majestueux. Epuisé, le couturier laisse Pierre Bergé s’occuper de tout, comme toujours. L’homme d’affaires invente alors une formule : « J’ai décidé de transformer les souvenirs en projets. »

Avenue Marceau, l’émotion est vive. Par affection pour « Monsieur » Saint Laurent, mais aussi par peur de l’avenir. Dans les conversations de couloir surgissent des mots inédits en ces lieux comme « mutation », « retraite anticipée », « communiqué de la CGT ». Pierre Bergé est furieux que certains syndicats viennent donner des conseils aux équipes, que des employés de longue date aillent aux assemblées générales. Il veut tout gérer jusqu’au bout, les détails du plan social, les indemnités de départ ou les reclassements dans d’autres maisons. « La situation était étrange. On pensait tous à nos boulots. Mais il fallait continuer encore un peu. Pour lui, Saint Laurent. On avait été si fiers de faire partie de son clan pendant tellement d’années », se souvient Paule Moninot-Monory, scripte au studio.

Casting taille « sixties »

Les ateliers fabriquent sa dernière collection, des robes en mousseline rose pâle et parme, parmi les plus épurées de sa carrière. Mais le défilé étant une rétrospective, on ressort des centaines de modèles issus des 5 000 entreposés aux archives. Ce sont des pièces de musée, impossibles à retoucher. Il faut trouver des filles adaptées. Le hic est que, au fil des années, la taille moyenne des mannequins a grandi. Des filles d’1,70 m sont embauchées. Ce casting taille « sixties » est complété par des vedettes du podium, comme Claudia Schiffer, Carla Bruni ou Naomi Campbell, qui appellent pour demander à être du défilé. Elie Top se souvient que les « filles voulaient porter l’habit précis dans lequel elles avaient marché des années auparavant ».

Katoucha, Mounia ou Amalia, ces mannequins noirs que le couturier aimait tant, sont évidemment de la partie. Saint Laurent est touché par leur présence, mais ne s’implique pas. Tout juste demande-t-il à ce que l’Américaine Jerry Hall soit là, en souvenir des scandaleuses campagnes pour le parfum Opium, en 1977.

Les top-modèles ne sont pas les seuls à téléphoner au 5 avenue Marceau. Dominique Deroche est harcelée. « Tout le monde appelait pour demander une place. Des amis de la maison, certains perdus de vue, des actrices, des personnalités… J’ai dû affecter une jeune femme au téléphone, rien que pour filtrer les appels. » Certains proposent même de payer leur place, et sont éconduits. La liste des 2 000 invités est complexe. Le « seating » (l’agencement d’un défilé de mode), où la place est liée à l’importance de la personne, est un casse-tête. Il ne faut pas froisser les clientes historiques, comme l’Américaine Nan Kempner, ni les journalistes fidèles, ni les femmes de présidents, ni les amis, ni les actrices, ni personne.

Dominique Deroche passe ses soirées dans la salle de conférence du 5 avenue Marceau, le plan des invités face à elle. Chaque soir, après son dîner, Pierre Bergé la rejoint. Ensemble, ils étudient la disposition, ajustent les changements. L’attachée de presse voit son patron « tout vérifier, se souvenir de chaque détail, brouille récente ou attachement passé, trouver des solutions pour éviter les impairs ». Pour la première fois dans l’histoire de la maison, sur les cartons d’invitation, ce n’est plus le seul nom d’Yves Saint Laurent qui est imprimé, celui de Pierre Bergé l’a rejoint.

Mannequins en larmes

Le 22 janvier à 19 heures, 2 000 personnes se pressent dans le hall de Beaubourg et les badauds regardent un écran géant installé à l’extérieur. Du jamais-vu. Les employés de la maison courent dans tous les sens, un collier « YSL » argenté au cou. C’est le sésame qui permet d’accéder aux coulisses. Le noir se fait et le premier mannequin arrive, la Française Audrey Marnay dans un caban de 1962. Et puis défilent 300 tenues – smokings, vestes Sahariennes, robes Mondrian, modèles des collections Opéra, Chagall et Matisse… Les robes africaines surgissent du sol par une plateforme. Des invités applaudissent en plein milieu, les sièges tremblent. C’est dans les coulisses que l’émotion est la plus forte. Des mannequins s’effondrent en larmes. Yves Saint Laurent est là. Les témoins se souviennent qu’il était « presque serein ».

« NOUS AVONS VÉCU ENSEMBLE – ET AVEC D’AUTRES QUI NE SONT PLUS LÀ – UNE MERVEILLEUSE AVENTURE FAITE DE CONFIANCE, DE COURAGE ET D’AMOUR. C’EST DE CELA QU’IL FAUT SE SOUVENIR »

YVES SAINT LAURENT

Tout le monde attend qu’il vienne saluer, pour le voir une dernière fois. Pierre Bergé voulait une simple apparition. Mais cela se passe autrement. Lors du final, tous les mannequins arrivent en smoking. Assises au premier rang, Catherine Deneuve et Laetitia Casta se lèvent, prennent un micro caché sous leur siège, et chantent Ma plus belle histoire d’amour de Barbara au créateur, hagard et ému. Peu de temps avant de mourir, Pierre Bergé pestait encore contre « ce foutoir, où Yves s’est retrouvé seul sur scène, comme allant à l’échafaud ».

Cette théâtrale conclusion est une idée de Dominique Deroche et d’Anne-Marie Muñoz. L’attachée de presse se souvient : « Nous voulions lui dire au revoir à notre façon. Avec Thierry Dreyfus, le metteur en scène du défilé, on a imaginé cette scène. Catherine Deneuve et Laetitia Casta ont tout de suite accepté, et ont répété dans les jours précédents. » Yves Saint Laurent embrasse les deux femmes, ose à peine regarder la salle, sourit aux mannequins, puis retourne en coulisses. Les portes se referment. Il ne répond à aucune interview, ne croise personne, si ce n’est les intimes avec qui il va dîner. Yves Saint Laurent a cessé d’être un personnage public.

Pour lui, tout s’arrête. Mais au 5 avenue Marceau, la fin n’est pas pour tout de suite. « On a rarement autant travaillé qu’après Beaubourg », rit Jean-Pierre Derbord. Pierre Bergé a eu l’idée, très maligne, que les clientes puissent commander des reproductions des modèles anciens. Le carnet de commandes explose. Jean-Pierre Derbord se souvient d’une « dame qui commandait deux tailleurs par saison et qui en a commandé huit d’un coup ». Dominique Deroche voit encore « cette cliente qui s’était fait faire une robe Mondrian, et a commandé la même pour sa fille de 2 ans ». D’autres, qui n’avaient jamais osé dépenser autant d’argent, sautent le pas.

JUSQU’AUX SEMAINES PRÉCÉDANT SA MORT, LE 1ER JUIN 2008, YVES SAINT LAURENT SE REND TOUS LES JOURS DANS L’ANCIENNE MAISON DE COUTURE

Tout le monde veut une dernière trace de Saint Laurent, qui reste confiné dans son bureau et ne voit personne. Le 31 juillet, le couturier, qui n’en finit plus de dire adieu, fait circuler en interne un mot : « Au moment où notre maison va fermer, mon cœur se serre et ce n’est pas sans une profonde tristesse que je pense à vous tous. Nous avons vécu ensemble – et avec d’autres qui ne sont plus là – une merveilleuse aventure faite de confiance, de courage et d’amour. C’est de cela qu’il faut se souvenir. Pour ma part, je ne l’oublierai jamais. Ces souvenirs ne me quitteront plus désormais. »

Le 5 avenue Marceau change. Son centre névralgique n’est plus le studio ou les ateliers, mais le bureau de Pierre Bergé, à l’autre bout du couloir que l’homme d’affaires qualifiait de « mur de Berlin » pour souligner l’étanchéité entre la création et le commerce. Longtemps, les employés ont craint de franchir le seuil de cette pièce, de peur de se prendre une de ses avoinées légendaires. Fin octobre 2002, l’hôtel particulier devient la Fondation Yves Saint Laurent - Pierre Bergé. Ce dernier s’occupe de tout, des expositions de robes et d’œuvres d’art, qui seront organisées dans les salles du bas, mais aussi de ses autres affaires : la maison de vente qu’il a ouverte en 2001, ou ses activités de mécénat. En 2005, les noms seront inversés. La Fondation est rebaptisée « Pierre Bergé - Yves Saint Laurent ».

Mutique

Jusqu’aux semaines précédant sa mort, le 1er juin 2008, Yves Saint Laurent se rend tous les jours dans l’ancienne maison de couture. Chaque matin, un chauffeur vient le chercher dans son appartement du 55 rue de Babylone. A l’heure du déjeuner, il rentre chez lui, et retourne ensuite avenue Marceau, jusqu’au soir. Seule une dizaine d’employés sont restés dans les murs. Une ancienne assistante, Catherine Gadala, a été reprise pour lui tenir compagnie. Ensemble, ils lisent les magazines préparés par Dominique Deroche, toujours présente. Ils commentent les tenues des célébrités dans Gala, se moquent des dernières collections. Parfois, des visiteurs lui racontent les potins des soirées.

Lui ne sort plus, sauf quelques soirs, pour faire plaisir à Betty Catroux, qui l’emmène au Mathis, un bar de nuit de la rue de Ponthieu. Il passe ses journées dans ce studio dont il aimait tant la lumière, et reste à sa table de travail. Face à lui, une feuille et un crayon, mais ce n’est qu’un décor. Il ne dessinera plus. Si ce n’est pour quelques cours de perspective qu’il avait réclamés et dont il se lassera après trois séances. Dans ce studio, reconstitué pour devenir une pièce du musée, Yves Saint Laurent n’a plus jamais rien fait. Il était mutique et fixait le vide. Quand il était trop malade pour se déplacer, il demandait à son chauffeur d’emmener son chien Moujik passer la journée à sa place au 5 avenue Marceau.

29 septembre 2017

Marilyn Monroe - Hugh Hefner

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This portrait of an ambitious Norma Jean was photographed by Tom Kelley in 1949.

Four years later, Norma Jean had become Marilyn Monroe, she appeared on the cover and as the nude centrefold in the first issue of a new magazine called Playboy, and two legends were born.

Kelley paid her $50 to do the shoot and Hugh Hefner later paid $500 for the rights to publish the picture.

This rare collector's edition is personally signed by Hugh Hefner, the legendary founder of Playboy, and stamped "Playboy Legacy Collection". It is one of only four, so extremely rare.

Although Hefner never actually met Marilyn, he was so enamoured with her that in 1992, he bought the burial plot adjoining hers in LA's Westwood Memorial Park for £50,000.

29 septembre 2017

Extrait d'un shooting - salopette

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