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Jours tranquilles à Paris
16 octobre 2017

Emmanuel Macron

macron22

Le Parisien - Les petits travers de Jupiter - l'edito de Didier Micoine

C’est plus fort que lui. Emmanuel Macron ne peut décidément pas s’empêcher de balancer des piques à son prédécesseur à l’Elysée. Lors de son entretien sur TF1 et LCI, dimanche soir, il a d’emblée taclé François Hollande, assurant que s’il n’était pas intervenu à la télévision depuis cinq mois, c’était parce qu’il ne voulait pas d’une «présidence bavarde». Il a ensuite expliqué que la politique de Hollande vis-à-vis des riches ou pour inverser la courbe du chômage avait échoué. Bref, avant lui, rien ne marchait vraiment. Et tant pis s’il avait participé, comme secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis comme ministre de l’Economie, aux choix de l’ancien président. Ça, c’était avant. Aujourd’hui, il n’y a que lui qui importe. Alors Macron a sûrement raison d’avoir une très haute opinion de lui-même, et comme il le répète volontiers, il est là pour «transformer en profondeur» le pays, pas pour le «gérer». Le message est clair, mais pour sa crédibilité (et sa popularité), Jupiter gagnerait sans doute à moins jouer les Narcisse.

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La lettre politique de Laurent Joffrin - La France comme entreprise

Un président manager. Au fond, c’est le portrait le plus net qui ressort de l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron. Un manager cultivé, sensible à l’histoire, maniant une langue sûre, ce qui tranche avec le sabir entrepreneurial qui prévaut dans tant de cercles dirigeants et au sein du parti En marche. Mais un manager tout de même. C’est-à-dire quelqu’un de volontaire, de pragmatique, et même de sensible à la dimension humaine de l’entreprise, ne serait-ce que pour motiver «les équipes». Mais aussi quelqu’un qui adhère sans mélange aux valeurs – ou aux duretés – de la concurrence, de l’évaluation, de la hiérarchie (au nom de l’efficacité) et de la propriété. Impossible d’interpréter autrement l’éloge obsessionnel de la réussite individuelle qui a tissé le discours présidentiel. S pontanément, viscéralement, Emmanuel Macron est un libéral. Il croit à l’individu libre, à la compétition de tous contre tous, à la créativité intrinsèque du secteur privé, à la pataude inefficacité des structures collectives et des corps intermédiaires.

Dans cette philosophie, l’inégalité n’est pas un problème mais un atout. Elle récompense le mérite des «premiers de cordée». Elle motive les dirigeants et les investisseurs, à qui «il ne faut pas jeter des pierres», c’est-à-dire les soumettre à des impôts excessifs qui nous transporteraient à «Cuba, sans le soleil». Elle est donc le moteur du progrès. Pour autant, Macron n’est pas «ultralibéral», comme on l’entend parfois dans la gauche radicale. Il admet les correctifs destinés à humaniser le marché : Etat-providence (qu’il faut convertir à l’efficacité et aux économies), formation pour tous (qui promeut l’égalité des chances), filet de sécurité pour ceux «qui ne sont rien», les «illettrés», voire les «fainéants» et qu’on ne peut pas laisser crever. Fillon, pendant la campagne électorale, se rapprochait bien plus du modèle libéral extrême, en progra mmant réduction à la hache des dépenses publiques et abaissement de tous les impôts, c’est-à-dire recul historique du service public. En regard, Macron est un modéré.

Mais il n’a rien, en fait, d’un social-démocrate. Dans la «cordée» dont il parle, les intérêts sont confondus. Si le premier trébuche, tous tombent. Or la métaphore ne vaut pas. Les salariés sont souvent solidaires de l’entreprise quand elle va mal : ils risquent leur emploi. Mais dès qu’elle prospère, le partage du revenu oppose des intérêts contradictoires. La social-démocratie est un compromis entre parties antagoniques, non l’abolition des conflits. Aussi bien, tout social-démocrate vise à réduire les inégalités, qu’il juge injustes et excessives. Hollande, quoi qu’on dise, a œuvré dans ce but. La politique Macron ne s’en soucie pas. Ou plutôt, le président voit dans l’inégalité la condition du plein-emploi et le moyen, grâce à l’efficacité obtenue, de financer l’éducation et le filet de sécurité minimal. En leur temps, Blair, Schröder, Clinton ont joué cette carte, qui se distingue clairement du libéralisme cano nique des Bush, Cameron ou Schäuble, mais rompt avec la social-démocratie. Macron marche dans leurs pas. Il est fort possible, grâce au retour de la croissance, qu’il obtienne des résultats. Mais ils se paieront, immanquablement, d’un accroissement des inégalités. Or seuls les vrais libéraux pensent qu’elles sont justes.

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