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Jours tranquilles à Paris
28 octobre 2017

Catalogne/Espagne. Fracture ouverte – Le Télégramme

cata

L'Histoire s'est accélérée, hier. Le Parlement catalan a rompu avec l'Espagne en votant pour l'indépendance.

Madrid a riposté en mettant la région sous tutelle.

Dorénavant, la tâche s'annonce ardue pour le gouvernement espagnol alors qu'une partie de la population de Catalogne est prête à désobéir.

1. L'absence de l'État. C'est un obstacle majeur pour la prise de contrôle réelle de la Catalogne. Seuls 9 % des fonctionnaires de la région - 26.000 personnes - sont issus de l'administration centrale. C'est bien moins qu'en Andalousie (19 %) et dans la région de Madrid (39 %).

Selon le quotidien El Pais, l'État n'y dispose en direct que de 842 juges et 5.900 membres des forces de l'ordre. Ce qui explique qu'il ait dû envoyer en renfort quelque 10.000 gardes civils et policiers, hébergés en partie... dans des bateaux de croisière.

2. Que faire si Carles Puigdemont tient tête ? La mesure de destitution du président séparatiste, basée sur l'article 155 de la Constitution, doit entrer en vigueur, une fois publiée au Journal officiel. Elle risque d'être un casse-tête pour le gouvernement de Mariano Rajoy : que faire, par exemple, si Carles Puigdemont, qui ne reconnaîtra pas les mesures de Madrid, refuse de quitter son bureau ? « S'il se retranche, les délits s'accumuleront pour lui », et « rien de ce qu'il fera n'aura de validité », répond une source gouvernementale à Madrid.

Le parquet général d'Espagne engagera, la semaine prochaine, une procédure judiciaire contre Carles Puigdemont pour « rébellion », a indiqué, hier, un porte-parole du ministère public.

3. Surmonter grèves, désobéissance ou boycotts. Dans cette région de 7,5 millions d'habitants, grande comme la Belgique et très jalouse de son autonomie, les indépendantistes sont habitués à descendre dans la rue pour soutenir leurs dirigeants. Un collectif, « Debout pour la paix », a largement diffusé des consignes d'une « stratégie non violente de libération » : lancer des campagnes de « non coopération » incluant grèves ou boycott, ou de « désobéissance civile » en assumant l'illégalité.

Sur les 304.000 fonctionnaires en Catalogne, dont 167.000 travaillent pour l'administration régionale et 84.000 pour les mairies, certains pourraient traîner les pieds. La vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, a prévenu : il pourra y avoir des « limogeages, pour les employés qui continueraient ouvertement à ne pas respecter la Constitution ».

« Nous ne reconnaîtrons pas une administration qui ne provienne pas des urnes du peuple catalan », a averti Ramon Font, porte-parole du syndicat d'enseignants Ustec, majoritaire en Catalogne, assurant cependant qu'on n'avait pas donné de consignes précises.

Une partie des pompiers a aussi brandi des menaces dans le même sens. « Si une route est bloquée (par des manifestants) et qu'on nous demande de la débloquer, il est probable que nous ne répondions pas », a expliqué l'un d'entre eux.

4. Contrôler la police régionale. Autre obstacle majeur : la prise de contrôle de la police catalane, les Mossos d'Esquadra. « Bien sûr que ce ne serait ni facile ni agréable ! Ce ne serait pas bien vu qu'un policier ou quelqu'un de l'extérieur vienne prendre le contrôle des Mossos », affirme Ramon Cosio, porte-parole du syndicat de policiers SUP, majoritaire.

Les relations entre les Mossos et les corps de police nationaux ont été mises à rude épreuve depuis le référendum d'autodétermination interdit du 1 eroctobre, émaillé de violences policières qui n'ont pas empêché la tenue du vote dans la plupart des bureaux.

« Rajoy nous a dit qu'il avait tout bien préparé pour le référendum, et, ensuite, il s'est avéré que non », commente Josep Borrell, socialiste critique à la fois des indépendantistes et de Mariano Rajoy.

5. Maîtriser les finances. Un des seuls points positifs pour l'État espagnol : il tient les cordons de la bourse. Les finances du gouvernement catalan sont déjà sous tutelle depuis septembre, et, dès fin octobre, il sera incapable de payer ses fonctionnaires et d'honorer ses dettes. L'administration fiscale reste entre les mains de l'État central et de ses fonctionnaires.

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