Article de Flore Limantour
Les prix du homard et de la langoustine flambent. La demande est forte et la météo mauvaise, mais on est surtout hors saison pour ces deux vedettes des tables de fête. Il est encore temps de demander conseil à son poissonnier.
Pour Noël, la « demoiselle » s'est vendue à près de 60 € le kg sous les halles de Lorient ! Rien d'étonnant pour Éric Guiniec : « Manger de la langoustine en ce moment, c'est comme manger des fraises à Noël. C'est cher, c'est moins bon qu'en pleine saison et ça ne respecte pas le rythme biologique de l'espèce ». Le patron de l'armement Apak (Lorient) souligne qu'en fin d'année, ses chalutiers visent « la seiche, l'encornet, le rouget et un peu de daurade, surtout pas la langoustine dont la saison va du printemps à la fin de l'été ».
À l'organisation professionnelle Pêcheurs de Bretagne, on confirme une baisse des prises de langoustines, depuis plus de huit semaines, dans le golfe de Gascogne.
« En cette saison, elle sort moins de ses terriers dans les fonds sablo-vaseux de la Grande vasière. Et la météo n'a pas été bonne pour les bateaux ».
Prix quasi stables pour
les Saint-Jacques et huîtres
Plus rare, donc plus chère, la langoustine souffre aussi d'un autre handicap : elle doit être vivante au moment de l'achat. Il est impossible de la placer en vivier. Ce qui n'est pas le cas du homard pourtant, lui aussi, « hors saison ». C'est de mi-avril à la fin de l'été qu'il est le plus savoureux et le moins cher. Actuellement, les conditions de sa pêche sont particulièrement difficiles en raison de la météo, voire de coefficients de marée insuffisants selon les secteurs. « D'où la pénurie », explique Patrick Folloroux caseyeur à Roscoff.
Un constat partagé à l'armement Herviou dans les Côtes-d'Armor. Conséquence : le homard s'achète actuellement entre 50-55 € en vente directe et 60-68 € en poissonnerie.
Les prix de la langoustine et du homard étant deux fois plus élevés qu'en été, faut-il continuer à en acheter par tradition, si on ne roule pas sur l'or ? On peut toujours se rabattre sur d'autres produits festifs comme la Saint-Jacques et les huîtres dont c'est la pleine saison. Sachant que leurs prix n'ont connu qu'une légère hausse à l'approche des fêtes. Ou encore opter pour le poisson.
Et pourquoi pas du rouget et du saint-pierre ?
Devant le regard éberlué que leurs clients posent sur les étiquettes des fruits de mer, nombre de poissonniers choisissent de les réorienter sur les poissons, nobles ou non. « Pourquoi ne pas acheter des rougets, des saint-pierre ou du lieu jaune autour de 20 € le kg ? » conseillent Rozenn et Sylvie, sous les halles de Lorient. « Ou encore de la raie à moins de 10 € le kg... ».
Et si les convives redoutent les arêtes du rouget, les poissonniers se proposent généralement de faire des filets.
En revanche, les professionnels ne décortiqueront pas le corps des araignées et des tourteaux. C'est bien le souci des pêcheurs qui constatent, d'année en année, que les ventes ont tendance à stagner. D'où, là aussi, des prix raisonnables pour les fêtes.