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Jours tranquilles à Paris
21 avril 2018

La Corée du Nord suspend ses programmes nucléaire et balistique

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Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Kim Jong-un a déclaré qu’il allait fermer un site d’essais nucléaires, une décision aussitôt saluée par Washington et Séoul mais jugée insatisfaisante par Tokyo.

La Corée du Nord suspend ses activités nucléaires et ses essais de missiles balistiques intercontinentaux. Annoncée par l’agence officielle KCNA, puis par la télévision officielle, la décision effective samedi 21 avril a été prise lors d’une réunion du Comité central du Parti du travail au pouvoir, réuni le 20 avril pour la première fois en six mois.

Dans une résolution consacrée à « la grande victoire de la ligne de suivi simultané du développement économique et de la construction d’une force nucléaire », Pyongyang signale son intention de « démanteler le site d’essais nucléaires situé dans le nord du pays pour démontrer de manière transparente la suspension des tests nucléaires ».

La décision s’accompagne d’engagements en faveur du développement économique du pays, conformément à la politique dite de « byongjin » prévoyant un développement en parallèle du nucléaire et de l’économie.

La République populaire et démocratique de Corée (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord) s’engage également à participer aux efforts internationaux pour l’interdiction des essais nucléaires. Comme elle l’a toujours affirmé, elle promet de ne jamais utiliser d’armes atomiques à moins d’être menacée ou d’être la cible de provocations nucléaires.

De fait, la décision prise ne prévoit aucun démantèlement des armes nucléaires et des missiles déjà construits. La question des missiles à portée intermédiaire, qui inquiète notamment le Japon, n’est pas non plus évoquée.

A une semaine du sommet des deux Corées

« C’est une très bonne nouvelle pour la Corée du Nord et le monde – Grand progrès ! Impatient de nous retrouver pour notre sommet », a néanmoins tweeté Donald Trump après l’annonce de Pyongyang. La Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, a pour sa part salué « une avancée significative » à même de créer un « environnement positif » pour les sommets à venir. Toutefois, le Japon a émis des réserves, jugeant cet engagement insatisfaisant. Le ministre nippon de la défense, Itsunori Onodera, regrette que la Corée du Nord n’ait pas mentionné « l’abandon de missiles balistiques de courte et moyenne portée ».

Le troisième sommet intercoréen de l’histoire, après ceux de 2000 et de 2007, doit se tenir le 27 avril au village de la trêve de Panmunjon, dans la zone démilitarisée entre les deux Corées. Il réunira le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant du Nord Kim Jong-un.

Un sommet entre M. Kim et le président américain Donald Trump est aussi envisagé début juin, dans un lieu encore à déterminer. Il s’agirait d’une première historique, aucun président américain en exercice n’ayant jamais rencontré de dirigeant du Nord. Les discussions devraient se concentrer sur les activités nucléaires et de développement de missiles de Pyongyang.

Le Nord aurait évoqué la nécessité de mesures de dénucléarisation par étapes et synchronisées. Les Etats-Unis appellent au démantèlement de son programme nucléaire, de manière complète, vérifiable et irréversible.

Un réchauffement engagé par Moon Jae-in

L’environnement favorable observé actuellement contraste avec celui de 2017. L’an passé, les tensions n’avaient fait que s’exacerber dans la péninsule. Pyongyang avait enchaîné les essais de missiles, dont certains capables d’atteindre le territoire américain, et avait mené son sixième essai nucléaire. « La grande cause historique de mettre au point une force de frappe nucléaire est réalisée », s’était alors félicité Kim Jong-un, signalant que le programme touchait à sa fin.

En réponse, l’administration Trump avait tout fait pour que les sanctions les plus fermes soient imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) au régime nord-coréen et elle avait multiplié les déclarations menaçantes. A l’époque, rappelait le 19 avril M. Moon, « L’ombre de la guerre menaçait la péninsule coréenne »,

Le changement a été amorcé par le discours du Nouvel An de Kim Jong-un qui a ouvert la voie au dialogue. La reprise des discussions a été facilitée par les efforts de Moon Jae-in, qui a toujours plaidé en faveur des négociations.

Depuis, les rencontres symboliques se multiplient. La sœur de Kim Jong-un, Kim Yo-jong, a ainsi participé, le 9 février, à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pyeongchang, en Corée du Sud. Début mars, une délégation du Sud menée par le conseiller à la sécurité nationale Chung Eui-yong s’est rendue à Pyongyang. C’est à cette occasion que les sommets ont été évoqués.

Parvenant à un traité de paix

M. Chung a également négocié la mise en place de la première ligne de communication directe entre les bureaux de Moon Jae-in et ceux de Kim Jong-un. Elle a été inaugurée le 20 avril. D’après la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne, MM. Moon et Kim devraient s’entretenir par ce biais avant leur sommet.

Outre le nucléaire, Séoul aimerait profiter des rencontres à venir pour faire avancer l’idée de véritablement mettre fin à la Guerre de Corée (1950-1953) en parvenant à un traité de paix, entre les deux Corées et avec les Etats-Unis. Le conflit s’est en effet arrêté sur un simple armistice signé uniquement par la Corée du Nord et les Etats-Unis au nom des forces de l’ONU, en l’absence de tout représentant du Sud.

« Nous devrons faire preuve de beaucoup d’imagination et devrons trouver des solutions innovantes pour faire des sommets un succès et ne pas répéter les erreurs du passé », a déclaré M. Moon. « Nous aimerions assurément assister à la fin officielle de l’armistice. C’est quelque chose que nous soutiendrons », déclarait le même jour la porte-parole du secrétariat d’Etat américain Heather Nauert.

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