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Jours tranquilles à Paris
29 avril 2018

Les confidences de Brigitte Macron à Washington

Par Solenn de Royer, envoyée spéciale à Washington - Le Monde

En marge de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis, la première dame s’est confiée sur les joies et les servitudes de la fonction, sa vie à l’Elysée et son amitié avec Melania Trump.

Un, deux, trois… Les cuivres, les flûtes traversières et les tambours s’accordent et soudain la fanfare explose. Vêtus d’un polo bleu, les élèves de la Duke Ellington School of the Arts, à Georgetown, quartier huppé de Washington, donnent tout pour leur invitée. Entièrement vêtue de noir, Brigitte Macron les écoute attentivement, en battant la cadence, avant de s’exclamer, quand ils posent leurs instruments : « Wahou ! » Puis, dans un anglais impeccable : « On appelle ça un accueil en fanfare, merci ! »

Comme elle le fait régulièrement en marge des visites officielles d’Emmanuel Macron, la première dame française s’est échappée du convoi présidentiel pour un programme sur mesure. « Je fais toujours l’école buissonnière », rit-elle. Mercredi 25 avril, juste avant de décoller pour Paris, elle a souhaité visiter cette école gratuite pour les enfants de Washington, qui accueille 92 % d’élèves issus des minorités pour un enseignement mixte, matières classiques le matin et disciplines artistiques l’après-midi.

Cours de théâtre, de danse ou de gospel : Brigitte Macron s’attarde dans chacune des classes, prend son temps, interroge les élèves avec attention, propose de faire une photo et prend la pose. Son chargé de communication, Tristan Bromet, n’en perd pas une miette. Il en fera bon usage sur les réseaux sociaux, afin de soigner l’image d’une première dame simple et empathique, qui ne se prend pas au sérieux.

La veille, Brigitte Macron a visité avec Melania Trump une exposition sur le peintre français Paul Cézanne, à la National Gallery of Art, fermée pour l’occasion. Les deux premières dames avaient visité ensemble Notre-Dame de Paris, le 13 juillet 2017, en marge de la visite de Donald Trump pour le 14-Juillet, avant de faire un tour sur la Seine, photographiées en exclusivité par Best Image, l’agence de Mimi Marchand, papesse de la presse people et amie personnelle de Brigitte.

Ne pas apparaître comme un « pot de fleurs »

Depuis, les deux premières dames s’apprécient, même si Brigitte a noté que les exigences de sécurité imposée à Melania lui niaient toute forme de liberté. « Elle est beaucoup plus contrainte que moi », confie la Française dans le jardin de l’école d’art. Elle qui a donné peu d’interviews à la presse depuis un an a accepté pour RTL et Le Monde de livrer quelques confidences sur sa vie de première dame. « Très socratique », s’amuse-t-elle en s’asseyant sur un banc. Elle poursuit : « Melania ne peut rien faire, elle ne peut même pas ouvrir une fenêtre à la Maison Blanche. Elle ne peut pas mettre le nez dehors. Moi, tous les jours, je suis dehors à Paris ». L’épouse du chef de l’Etat qui juge son alter ego américaine « gentille et charmante, intelligente et très ouverte », loin des caricatures de potiche triste qui sont parfois faites de l’ancien mannequin, épouse du milliardaire depuis 2005.

« Elle est très gaie au contraire, nous avons le même humour, on rit beaucoup toutes les deux », poursuit Brigitte, qui comprend pourquoi Melania est plus grave en public : « Tout est interprété, surinterprété. C’est une femme qui a beaucoup de caractère mais qui s’applique à le cacher. Elle rit très facilement de tout mais elle le montre moins que moi. »

Dans le sillage d’Emmanuel Macron pendant trois jours, Brigitte a savouré l’accueil réservé par les Américains au cours d’une visite d’Etat particulièrement show off. Un protocole qu’elle respecte sans être dupe, assure-t-elle. « C’est 5 % de mon temps et c’est bien comme ça. Il faut en passer par là, par respect de la culture des pays dans lesquels je vais. Le dîner d’Etat à la Maison Blanche, le protocole nous avait prévenus, je n’ai pas été déçue… », sourit-elle.

Mais soucieuse de conserver ses « chemins de liberté », l’ancienne enseignante de français voudrait éviter d’apparaître en public comme un « pot de fleur », trois pas derrière son mari, lors des cérémonies officielles. Même si certaines séquences de la visite d’Etat à Washington ont parfois rendu cette posture inévitable. « Tout était très cadré, il y avait des petites étiquettes par terre, je me mettais là où je devais me mettre », précise-t-elle. « Mais peut-on faire autrement ?, interroge-t-elle. Je ne sais pas, c’est difficile à dire. »

« On est là sans être là »

Les deux premières dames ont d’ailleurs manqué piquer un fou rire au deuxième jour de la visite des Macron, mardi, lors de la cérémonie d’accueil à la Maison Blanche, alors qu’elles se tenaient toutes deux derrière leurs époux, debout sur leurs interminables stilettos, au moment des (longs) discours. Quand l’une d’elle manque de tomber, elle demande à l’autre de la soutenir par la main : « Aide-moi ! »

Brigitte, qui s’est emparée de plusieurs sujets (éducation, handicap, harcèlement à l’école ou violences sexuelles sur les enfants) n’a pas encore tranché entre toutes ces causes et continue de chercher ses marques. « On avance à petits pas », confie-t-elle encore, en reconnaissant que ce « positionnement de première dame » n’est « pas simple » à trouver.

« On est là sans être là. Il ne faut surtout pas être importune, car on n’est pas élue. »

Brigitte Macron, qui s’emploie à aérer et redécorer l’Elysée, aime la vie dans cet austère palais militaire, une « maison qui tourne », dit-elle, « pas compliquée ». Elle est moins sévère que celles qui l’ont précédée et qui, comme leurs maris, de Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, n’aimaient pas l’Elysée. « Il y a des invariants, comme notre mode de fonctionnement de couple, justifie-t-elle. On vit de la même manière qu’avant, sinon j’aurais eu du mal. De toute façon, nous n’avions pas le choix. J’ai un mari qui travaille la nuit, et qui fait des allers et retours perpétuels », entre les appartements privés et son bureau.

Sollicitée à plusieurs reprises par Anna Wintour

La première dame se plie donc aux servitudes de sa nouvelle vie, même si elle dit regretter n’avoir « jamais de temps off, de moment morts où vous pouvez être totalement tranquille ». « C’est le côté le plus pesant, jamais de off », répète-t-elle. Décrite comme naturelle et spontanée par ses proches, Brigitte Macron explique qu’elle doit désormais « surveiller ce qu’elle dit ». « Maintenant, j’ai l’impression que chaque mot est un mot de trop, on se retient sans arrêt », livre-t-elle.

L’ancienne enseignante de français reste surprise de l’engouement qu’elle suscite à l’étranger. Au Sénégal, en février, interpellée par des enfants, elle leur demande où ils vont à l’école. « Mais comment savez-vous comment je m’appelle ? », interroge-t-elle quand elle comprend qu’ils ne sont pas scolarisés. En marge de nombreux déplacements, on l’interroge sur la mode en général, et ses tenues en particulier. Ce qui fut encore le cas à la Duke Ellington School, avec la directrice de l’école.

Sollicitée à plusieurs reprises par la toute puissante (et insistante) patronne de Vogue, Anna Wintour, qui rêve d’un grand entretien avec elle sur la mode, Brigitte Macron dit qu’elle n’est « pas un modèle » mais que ces robes de couturiers, portées lors de circonstances officielles, sont une « peau » qui l’aide à affronter les sunlights. « Je n’ai pas tellement d’idées sur quoi mettre, Nicolas Ghesquière (directeur artistique de Vuitton) me fait un vestiaire pour toutes les situations. Pour le Congrès [des Etats-Unis], il m’a dit que le noir était le plus adapté. »

Sagesse et simplicité

Elle qui adore les paillettes et la compagnie des people joue le détachement et la simplicité, avec un naturel absolument confondant. Elle jure que cette célébrité soudaine, tout comme le rôle public qu’il lui appartient désormais de jouer, ne l’a changée en rien. « Dans ma tête, je suis l’épouse d’Emmanuel Macron, pas celle du président de la République. Je ne me sens pas première dame. Même si je suis consciente de la responsabilité » que cela incombe.

Brigitte Macron dit continuer de mener « une vie normale », au contact régulier de sa famille, de ses enfants et petits-enfants, ou à la « rencontre des gens ». « Je n’ai pas changé, ni dans ma tête, ni dans ma manière de vivre », assure-t-elle.

Une forme de sagesse que celle qui vient de fêter ses 65 ans en petit comité à l’Elysée explique ainsi : « J’ai un certain âge, je n’ai rien à prouver, ce n’est pas à mon âge qu’on change ». Au fond, résume-t-elle dans une jolie formule, « je suis tout ce que j’ai été plus que ce que je suis aujourd’hui ». Un peu plus tôt, évoquant la famille américaine qui l’avait accueillie pour des échanges linguistiques, quand elle avait 16 ans, elle avait lâché : « Ils doivent tout de même être très étonnés de me voir là… »

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29 avril 2018

Magdalena Wosinka fait fondre la toile

Une photographe polonaise poste de nombreuses photos d’elle, totalement nue, dans des paysages sublimes...

superbe photographe

 

📷Magdalena Wosinska🎥 (@themagdalenaexperience) * Instagram photos and videos

167.9k Followers, 1,684 Following, 2,479 Posts - See Instagram photos and videos from 📷Magdalena Wosinska🎥 (@themagdalenaexperience)

https://www.instagram.com

 

29 avril 2018

Face aux difficultés de Vélib’, Paris demande un « plan d’urgence »

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De multiples dysfonctionnements techniques et une grève au sein de l’opérateur Smovengo entravent le déploiement du nouveau système de vélos.

C’est désormais un « plan d’urgence » que réclame la mairie de Paris sur le dossier Vélib’. Elle a demandé, jeudi 26 avril, le remplacement d’ici à une semaine de 3 000 vélos inutilisables à l’opérateur Smovengo, chargé du nouveau Vélib’, mais confronté à une grève après de multiples dysfonctionnements techniques.

La « situation s’est fortement dégradée » depuis la mi-avril, a déclaré devant la presse Christophe Najdovski, adjoint aux transports (Europe Ecologie-Les Verts). Selon le gestionnaire, le syndicat Autolib’ Velib’ Métropole, 670 stations étaient en service ce jeudi, dont seulement 263 étaient raccordées directement au courant. La plupart des vélos fonctionnent sur batteries. Or celles-ci se déchargent et ne sont pas remplacées, en raison d’un mouvement social qui paralyse Smovengo.

Depuis le 1er janvier, le consortium chargé de prendre la suite de JCDecaux (Smoove, une PME de Montpellier, Mobivia, l’espagnol Moventia et les parkings Indigo) rencontre des difficultés dans le raccordement au réseau électrique du dispositif de vélos en libre-service (un tiers, à terme, sont censés être électriques). Elles ont conduit l’entreprise à faire fonctionner près de deux tiers des vélos sur batteries. Or l’utilisation de batteries « n’est pas fonctionnelle et le mouvement de grève actuel, qui entraîne l’absence de maintenance, fait que la situation s’est aggravée », a déploré l’élu parisien.

« Un chantier hors norme »

La mairie de Paris a de ce fait demandé au consortium un « plan en trois points », avec un « plan d’urgence d’ici au 3 mai » pour remplacer quelque 3 000 vélos dont les batteries sont déchargées et qui « bloquent le système ». Un « point » sera fait ce jour-là dans le bureau de la maire socialiste Anne Hidalgo, avec l’opérateur et le syndicat.

La ville a également demandé « l’électrification accélérée » d’ici au début du mois de juin des stations existantes qui fonctionnaient sur batteries. Il s’agira ensuite pour Smovengo de poursuivre le reste du déploiement sans recourir à la solution batteries. « Vélib’aujourd’hui est un chantier hors norme qui n’a pas d’équivalent en Europe », a de nouveau plaidé Christophe Najdovski, en concédant une « sous-estimation de l’ampleur de ce chantier au moment de la préparation de cette transition, qui aurait dû être plus longue ».

« C’est un gigantesque cafouillage »

Le nouveau dispositif Vélib’fait l’objet de multiples critiques depuis le début de son déploiement raté. S’y ajoute désormais une grève, depuis le 20 avril, d’une partie du personnel qui réclame les mêmes avantages que ceux qui offerts à l’époque par l’ancien opérateur, JCDecaux. La grève a été reconduite, jeudi, a annoncé à l’Agence France-Presse un porte-parole des grévistes ; ceux-ci dénoncent également l’embauche par Smovengo d’intérimaires pour les remplacer.

« C’est un gigantesque cafouillage », a de son côté martelé l’opposition municipale, dont les groupes Les Parisiens progressistes, constructifs et indépendants (PPCI, pro-Macron ex-Les Républicains) et Les Républicains ont envisagé des « dénonciations de contrat ».

Les pénalités financières, de 4 millions d’euros à ce jour, le surcoût du déploiement et la perte de recettes « interrogent la capacité financière de Smovengo à tenir le choc », a ajouté un communiqué. Le groupe La France insoumise, pour qui « le fiasco continue », a pour sa part déclaré, par la voix de la conseillère Danielle Simonnet, qu’il fallait « arrêter les frais et remunicipaliser » le dispositif.

L’objectif initial prévoyait la mise en service de 700 stations au 1er janvier et de 1 400 à la fin du mois de mars dans Paris et dans les soixante communes adhérentes, selon les chiffres du syndicat Autolib’ Velib’ Métropole.

29 avril 2018

Je pose pour Snap... et j'aime ça !

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29 avril 2018

Publicité - Jean Paul Gaultier

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29 avril 2018

«Les Shadoks», prises de becs

Diffusés pour la première fois en avril 1968, les oiseaux bêtes et méchants à l’univers foutraque et aux pompages vains ont provoqué la polémique au sein de l’ORTF et parmi les téléspectateurs. C’est leur inventeur, Jacques Rouxel, qui en fut le premier surpris.

  «Les Shadoks», prises de becs

«C’était il y a très, très, très longtemps, démarre le comédien Claude Piéplu de sa voix nasillarde haut perchée et pleine d’emphase. Au début, il n’y avait rien. Enfin, ni plus ni moins de rien qu’ailleurs.» C’était très énigmatique et c’était un lundi, il y a pile cinquante ans. Le 29 avril 1968, les Français découvrent médusés, sur la première de leurs deux seules chaînes de télévision, le plus inclassable des dessins animés : les Shadoks, contraction improbable du groupe de rock britannique les Shadows et du capitaine Haddock. Un feuilleton archi-court et quotidien de deux minutes chrono, idéalement intercalé entre les actualités télévisées et le grand film du soir, concentré de poésie délirante et chaotique, d’humour absurde et déjanté. La très officielle ORTF vient d’allumer sans le savoir la mèche d’une petite révolution médiatique avant le grand chambardement de Mai. Comme le disent ces étranges bestioles tout en ronds et en becs dans l’un de leurs célèbres aphorismes,«il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes».

Dans cette France corsetée, dirigée par un héros des temps de guerre, il y aura bientôt un avant et un après-Mai 68. Un monde. Mais avant même que ne volent les premiers pavés, il n’aura suffi que d’une quinzaine de jours de Shadoks à 20 h 30 pour que les aventures de ces volatiles faussement bêtes et méchants coupent la France en deux. «Comme au temps de l’affaire Dreyfus», ose un article du Figaro, selon lequel «bien des scènes conjugales et des drames de famille n’ont pas d’autre raison». L’heure est grave. «Faut-il tuer les Shadoks ?» s’interroge un éditorialiste qui compare l’irruption de cet ovni télévisuel à une nouvelle bataille d’Hernani des anciens et des modernes.

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Pomper, pomper, pomper…

Entre ceux que réjouit la folie douce de ces éternels «pompeurs» cosmiques et les «shadokophobes», bien plus nombreux alors et exaspérés par cette liberté de ton annonciatrice de l’esprit débridé de Mai, le fossé est immédiat. Choisis ton camp, téléspectateur, les Shadoks, on les adore - «ils brillent comme un diamant dans un océan de nullité», dit un conquis - ou on les déteste - «on ne sait s’ils relèvent de l’infantilisme ou du délire hallucinatoire», lui répond un anti.

«L’équipe des Shadoks qui avait ramé pendant des années avant de convaincre la direction de l’ORTF de lui laisser sa chance à l’antenne, fut la première surprise par l’intensité de la polémique», raconte aujourd’hui Thierry Dejean, auteur des Shadoks de Jacques Rouxel (Hoëbeke), un très bel ouvrage paru en février à l’occasion de ce cinquantième anniversaire. Une seule émission jusque-là, rappelle-t-il, avait déclenché un tel scandale. Signée d’un autre enfant terrible de la télévision naissante, Jean-Christophe Averty, les Raisins verts avait, en 1963, déclenché un torrent de protestations outrées de téléspectateurs pour son gag récurrent d’un bébé de celluloïd passé au hachoir à viande.

Dès leur apparition, l’humour nonsense très british des Shadoks croqués d’un trait de crayon épuré et avant-gardiste, déconcerte par sa nouveauté les premières générations de téléspectateurs élevés au classicisme sans fantaisie des Jacquou le Croquant, Maigret et autres Thierry la Fronde. Mais de l’aveu de leur créateur, Jacques Rouxel, «scientifique raté et frustré», selon ses mots, qui fait finalement HEC où il passe son temps à dessiner avant d’aller vendre ses talents dans la publicité, les Shadoks n’ont aucune visée révolutionnaire. «J’essayais franchement de ne rien faire passer du tout ni de faire une œuvre, tout le machin», marmonne-t-il dans sa grosse moustache en expliquant qu’il «fallait produire vite, sans trop savoir où on allait». Pomper, pomper, pomper…

En 1965, ce natif de Cherbourg qui grandit outre-Atlantique où il dévore les comic strips de la presse (Peanuts, Snoopy en français, Garfield le chat) passe finalement la porte de l’ORTF avec un premier projet de spots interludes. Ses modèles s’appellent Joan Miró et Paul Klee en peinture - dont les oiseaux de la toile la Machine à gazouiller (1922) ont inspiré la silhouette des Shadoks -, Alphonse Allais, Lewis Carroll, Ionesco et l’Américain James Thurber en littérature. «La culture de l’absurde postmoderne était la marque de l’époque, explique Thierry Dejean. Jacques Rouxel se méfiait des messages trop directement politiques. La véritable subversion pour lui passait avant tout par la création artistique.»

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Expérimentation visuelle

Son univers minimaliste aux antipodes de Disney retient l’attention de l’ingénieur et musicien Pierre Schaeffer. Ce non-conformiste à la tête du laboratoire d’idées dénué de toute contrainte qu’est alors le Service de recherche de l’ORTF, supporte mal les pesanteurs d’une télévision soumise au contrôle du pouvoir. Avec le feu vert d’Emile Biasini, le nouveau directeur de la télévision venu du théâtre qui affirme ne rien connaître au petit écran, ils vont produire les premiers épisodes des Shadoks. Une expérimentation visuelle mais également sonore : la bande-son signée du compositeur Robert Cohen-Solal, une jeune recrue du Service de recherche, est réalisée à partir de bruits de métal, de verre brisé ou encore de caoutchouc, et offre pour la première fois à la très confidentielle musique concrète un débouché grand public. «Il ne s’agissait plus d’écrire de la musique, mais de la faire avec ses doigts et ses oreilles, témoigne-t-il. C’était exaltant, on avait carte blanche pour greffer sur les images et la voix de Claude Piéplu des sons jamais entendus jusque-là dans l’animation.»

Après le début des événements, la diffusion des Shadoks s’interrompt le 13 mai, lorsque les 12 000 salariés que compte alors l’Office de radiodiffusion télévision française commencent à faire grève pour protester contre l’absence d’indépendance et d’objectivité journalistique dans le traitement des manifestations. «Jacques était totalement absorbé par son travail et pas du tout expansif», confie à Libération son épouse, Marcelle Ponti-Rouxel qui montera par la suite avec lui leur propre studio baptisé aaa Production pour «animation, art graphique, audiovisuel». «Il a fini par s’intéresser à ce qui se passait dans la Maison ronde, toute cette effervescence l’a obligé à bouger, poursuit-elle. Mais sa principale crainte, c’était que les Shadoks ne reviennent jamais à l’antenne.»

Ils feront pourtant leur retour dès septembre, après une pause forcée qui ne calmera en rien la polémique, au contraire. Les Shadoks auront droit à leur «référendum» cathodique dans l’émission Midi Magazine présentée par Jacques Martin et, à partir de 1969, à une seconde émission intitulée Les Français écrivent aux Shadoks, alimentée par les plus féroces et cocasses lettres lues à l’antenne par le duo pince-sans-rire Jean Yanne-Daniel Prévost. «Le pouvoir n’aimait pas les Shadoks, affirme Marcelle Ponti-Rouxel, ils n’étaient pas habitués à une telle dérision.» La légende veut cependant que le Général ne se soit pas interdit de regarder l’émission à l’occasion et qu’Yvonne de Gaulle ait plaidé pour leur retour à l’antenne sous la pression de ses petits-enfants.

Pas plus que leur créateur, resté très discret pendant les événements de Mai, les récits surréalistes narrés par Claude Piéplu, par ailleurs excellent imitateur de De Gaulle, n’ont jamais laissé transparaître le moindre sous-entendu politique. Mais pour Thierry Dejan, les parallèles avec l’époque sont nombreux. «La compétition entre les Shadoks et leurs ennemis, les Gibis, pour aller sur Terre avec leur fusée, peut être vue comme une métaphore de la course à l’espace et aux armements entre gentils Américains et méchants Russes», dit-il. Et l’obsession de pomper n’est-elle pas une critique très situationniste de l’aliénation par le travail dans la société de consommation ? Marcelle Ponti-Rouxel se souvient, elle, d’un graffiti vu en Mai 68 dans une rue du XVe à Paris, représentant un combat de vilains patrons exploiteurs Gibis contre de gentils ouvriers exploités Shadoks. «Jacques était étonné mais content. Le dessinateur avait compris que la bêtise et la méchanceté des Shadoks étaient plus intéressantes et humaines que la supériorité des Gibis, qui n’ont rien à raconter.»

Christophe Alix  - Libération

29 avril 2018

Ellen von Unwerth

 

 

29 avril 2018

AZZARO - Cinquante ans d'éclats - Vu hier au Musée des Arts Décoratifs - jusqu'au 6 mai...

azz5Avec l'esprit de faste des années 1930 et l'irrévérence des années 1970, Loris Azzaro habille les nuits parisiennes d'audace et de strass. Pour le soir, à l'heure où les femmes osent les métamorphoses, il crée des robes à couper le souffle pour une féminité scénarisée. Avec humour et légèreté. Un décolleté en anneaux de rideaux brodés, best-seller après avoir fait la couverture du ELLE en 1968. Un cœur pailleté en guise de bustier. Un sac en métal doré sculpté en forme de moule ou une minaudière en diamant XL. Le surréalisme plane sur ses créations comme sur les photos qui les mettent en scène dans la salle de bain monumentale de Loris, aux murs couverts de miroirs. La photogénie de ses robes colle parfaitement à l'univers troublant et désinhibé de Guy Bourdin qui révolutionne alors les photos de mode.

Loris Azzaro est un des seuls couturiers à habiller les femmes de transparence. Les décolletés vertigineux et les fentes infinies sont voilées et suggèrent plus qu'ils ne dévoilent. Ces robes qui dessinent sur le corps des lignes sculpturales évoquent la possibilité d'une transgression. Le jeu de matière compose et décompose la silhouette. En noir, fatal, évidemment.

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«La mode est étroitement liée à l'érotisme. De tout temps, la parure a servi l'amour. » affirme cet amoureux des femmes à qui il offre les armes d'une séduction libérée: la sensualité, le mystère et l'assurance. Les femmes s'en emparent et osent porter à même la peau ces robes qui révèlent leur nudité.

Les années 1970 aiment ce qui brille. Loris Azzaro illumine les nuits de paillettes et pierreries. Les broderies soulignent le tombé impeccable des peignoirs et subliment les corps. Son art de la ligne parfaite s'associe au savoir-faire de broderie de la maison Lesage et aux incontournables cristaux Swarovski et célèbre l’excellence du travail à la main. Chaque création est unique et s’inscrit dans l'héritage de la Haute Couture française.

Le noir laqué des paillettes coule le long des corps. : Les broderies éparpillées sur le tulle le dissimule et le dévoile. Un jour, Marisa Berenson, venue maquillée et coiffée, repart avec un fourreau sans attache, cousu à même le corps.

Les femmes se parent de lumière et s'inventent en créatures fatales, telles les vamps hollywoodiennes des années 1930 qui fascinent Loris Azzaro. Pour son premier défilé Azzaro, Maxime Simoëns s'inspire de cette obsession d'un bijou qui envahit le vêtement et le transforme en parure, entre couture et expérimentation.

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Anti-conformiste et libre, Loris Azzaro incarne l'esprit des années 1970. Finis les carcans des robes du soir. il invente des robes audacieuses, sensuelles et glamour qui libèrent le corps et les codes.

Son style très reconnaissable imprime l'époque d'une provocation hédoniste. Ornés de broderies, ses drapés en jersey ne semblent tenir qu'à un fil et coulent le long du corps avec l’évidence du naturel. Ses robes en lamé font vibrer les nuits d'une élégance sensuelle. Ses découpes suggestives subliment la silhouette sans jamais tomber dans le vulgaire.

Loris Azzaro a mis sa vision iconoclaste au service des femmes. Loin des clichés sur la féminité, il sublime la singularité de chaque femme. La femme Azzaro? Une femme qui assume sa féminité avec esprit, désinvolture et liberté. Une femme qui n'a pas besoin du vestiaire masculin pour se sentir libre et indépendante. Une femme qui, pour un jour ou pour une nuit, joue avec les codes de la féminité pour créer le trouble.

«Je les ai faites belles et elles m'ont fait célèbre. »

Loris Azzaro habille les plus belles femmes du monde. Marisa Berenson, Jane Birkin, Dalida, Sophia Loren, Brigitte Bardot ou Tina Turner font partie des fidèles de la rue du Faubourg

St Honoré où Loris installe ses ateliers et son salon Couture en 1970. La presse s'empare du phénomène et ses muses font la couverture des plus grands magazines de mode qui raffolent de l'esprit festif et sensuel de ces photos.

Sa vision dépasse la mode, il cultive un univers où le beau, le glamour et l'anti-conformisme se déclinent à l'infini. L'objectif des plus grands photographes de son temps, tels que Helmut Newton ou Guy Bourdin immortalise son style de vie joyeux et doré où se croisent ses amies stars et les femmes de sa vie, sur le fond opulent de ses appartements. Des images fortes qui signent l'esprit sulfureux et insouciant des années 1970.

« Vous faites les plus belles robes du soir de Paris» lui dit un jour Yves Saint Laurent.

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29 avril 2018

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29 avril 2018

Réouverture de la Maison des mégalithes à Carnac

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Le 7 avril, le Centre des monuments nationaux (CMN) a inauguré la nouvelle Maison des mégalithes de Carnac. Cette rénovation accompagne la demande de classement du site au patrimoine mondiale de l'UNESCO.

Le sud Morbihan, et plus particulièrement la région de Carnac, abrite la plus grande concentration de mégalithes du monde : 3000 monolithes mis en place il y a plus de 4 000 ans et distribués en spectaculaires alignements de menhirs et de dolmens. Protégés comme monuments historiques depuis 1889, les mégalithes de Carnac sont aussi inscrits sur la liste indicative au patrimoine de l’Unesco depuis 1996 et attendent donc un classement au patrimoine mondial. Le mégalithisme sud-morbihannais, et en particulier celui des 26 communes de la baie de Quiberon, entre la Ria d’Etel et la presqu’île de Rhuys, qui comprend plus de 550 monuments mégalithiques, dont 179 pour la seule commune de Carnac, est extrêmement riche. Dans le but de valoriser ce site, le Centre des monuments nationaux (CMN), qui s’occupe du lieu, a créé la « Maison des mégalithes », un bâtiment construit en 1990 et conçu comme un véritable outil de méditation pour accompagner les visiteurs dans leur découverte des monuments mégalithiques sud-morbihannais.

Le CMN a décidé d’investir 3,5 millions d’euros pour réaménager entièrement les intérieurs de la Maison des mégalithes de Carnac, afin que le lieu devienne « le point nodal du processus de médiation concernant les alignements ». Les travaux ont duré 18 mois et se sont terminés en mars. Ils avaient pour but d’améliorer les conditions d’accueil du public en créant un nouvel espace d’information, une boutique ou encore un espace de médiation culturelle repensé. L’intérieur a été entièrement modernisé afin de proposer de nouveaux outils de médiation plus adaptés et innovants. Parmi ces transformations, on peut compter une séquence introductive, placée dans le hall principal, renseignant le visiteur sur la contextualisation et l’interprétation des mégalithes, mais également un espace d’information connecté, affichant en temps réel les informations pratiques de visite, ou encore une salle de projection qui met à la disposition des visiteurs un film présentant l’état des connaissances actuelles sur les mégalithes. Le lieu a aussi été adapté à tous les types de handicaps grâce à un espace constitué de maquettes tactiles destinées aux mal voyants et à une borne multimédia pour les malentendants. La Maison des mégalithes propose, en outre, des visites commentées, des ateliers pédagogiques et des expositions-dossiers ou photographiques qui permettent de renforcer sa politique de médiation et sa visibilité.

Le renouvellement de l’offre culturelle du site, voulu par le CMN, comprend également la création du « Sentier des mégalithes », un itinéraire de promenade et de randonnée longeant les alignements du Ménec, de Kermario, de Kerlescan et le tumulus Saint-Michel, une application mobile d’accompagnement à la visite ou encore le spectacle nocturne « Skedanoz », proposé chaque année par le collectif d’artistes ZUR.

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