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Jours tranquilles à Paris
2 mai 2018

Comment les rats sont devenus un problème pour Anne Hidalgo

Ce lundi débutait la campagne de dératisation annuelle de la préfecture de police, alors que la place des rongeurs dans la capitale a pris cette année une tournure très politique.

Du fond de leurs égouts, les rongeurs parisiens sont devenus un véritable caillou dans la chaussure d’Anne Hidalgo, au même titre que les voies sur berge ou les ratés de Vélib. Une petite musique que ses détracteurs fredonnent régulièrement à son oreille. A les écouter, Paris est envahie par les rats sans que la mairie ne s’en émeuve. Et cette question s’est taillée une part de choix dans le débat public. Au conseil municipal, l’opposition fustige la saleté de la capitale, faisant le lien avec la prolifération des rongeurs. «La Ville de Paris s’est laissée complètement déborder, critique Jean-François Legaret, maire Les Républicains (LR) du Ier arrondissement de la capitale. On ne dépense de l’argent que pour élargir les pistes de bus.» Pour l’élu, la mairie n’a pas mis en œuvre les moyens nécessaires. «Il en va des rats comme des autres actions sur la propreté», déplore-t-il auprès de Libération. Début février, au moment de la décrue de la Seine, Florence Berthout, cheffe de file du groupe LR de Paris, proposait – non sans ironie – à la maire «de ne pas noyer le poisson avec la Seine et les rats qui remontent», en présentant le rapport d’une Mission d’information et d’évaluation (MIE) sur la propreté de la ville. Ce lundi débute la campagne de dératisation annuelle 2018 de la préfecture de police, qui durera jusqu'à fin juin.

«Il ne faut pas jouer avec les peurs»

Anne Hidalgo ne nie pas le problème que posent les rats. A plusieurs reprises, l’édile a reconnu qu’ils constituaient un «sujet» et en a pris acte, faisant part dans la foulée de plusieurs mesures pour lutter contre l’invasion décriée. En septembre 2017, la mairie annonçait le déblocage de 1,5 million d’euros consacrés à la dératisation de la capitale. Un budget dédié au déploiement de personnels supplémentaires pour le nettoyage des pavés parisiens et à la mise en place de nouveaux équipements, comme des poubelles de rue dotées d’une plus grande capacité et inaccessibles aux rats, détaillait-elle début février dans les colonnes du Journal du Dimanche. Là où Jean-François Legaret accuse Anne Hidalgo d’être «plus que négligente», Mao Peninou, son adjoint en charge des questions de propreté réplique «ne pas avoir ce sentiment», niant une «sous-évaluation» du problème. Pour lui, «aucun élément objectif ne permet de dire qu’il y a plus de rats, seulement qu’il y a plus de rats en surface qu’auparavant».

Si la problématique est d’une brûlante actualité, elle n’est pas neuve pour autant. Les rats ne se sont pas installés à Paris en même temps qu’Anne Hidalgo à la mairie. Leur présence remonte à la nuit des temps et cristallise les angoisses depuis des lustres. «On ne peut pas dire "Circulez, il n’y a rien à voir !" Mais il ne faut pas jouer avec les peurs», met en garde Anne Souyris, adjointe Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) à la mairie de Paris, chargée des questions de santé publique et des relations avec l’AP-HP. «C’est devenu une question politique car ça influe sur les peurs. Nous à la Ville, on joue notre partition, on prend des mesures», défend-elle auprès de Libération. Mais l’équipe municipale en appelle aussi au civisme des Parisiens. «Il y a la responsabilité de la Ville, qui doit avoir des équipements adéquats, et celles des citoyens, qui est de ne pas les nourrir. C’est aussi une question de contrat social», poursuit l’élue.

Ecosystème parisien

Tant qu’ils ne représentent pas un problème de santé publique, la municipalité se borne à réguler la population de surmulots. Pas question de les éradiquer totalement. Car le rat, partie intégrante de l’écosystème parisien, peut aussi se révéler d’une aide précieuse, assure la mairie. «Ils sont utiles en débouchant la tuyauterie des égouts, on n’a pas d’intérêt à les éliminer totalement», explique Anne Souyris. En une année, un rongeur pourrait engloutir jusqu’à 9 kilos de détritus. Malgré ça, leur présence aux côtés des humains reste une compagnie peu recherchée. Et constitue un gros chantier pour la municipalité. En février, Anne Hidalgo contre-attaquait dans le JDD, soulignant que la présence des rats n’était pas spécifique à Paris et que toutes les grandes villes y étaient confrontées. A l’Hôtel de Ville, Mao Peninou a la conscience tranquille : «Les moyens, nous les avons mis.»

rats

Photo : J. Snap. Vitrine d'un magasin de dératisation... à Paris

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