Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
8 juillet 2018

Président Trump, an II : faire table rase du passé

Trump Nra

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Aucun de ses prédécesseurs de l’époque moderne n’est sollicité par l’actuel locataire de la Maison Blanche comme source d’inspiration. Comme si leurs ombres lui étaient insupportables.

Jeudi, Donald Trump était en campagne électorale à Great Falls, dans le Montana. Le président des Etats-Unis était venu appuyer le candidat républicain qui défiera un sortant démocrate, Jon Tester, coupable d’un crime de lèse-majesté. Ce dernier avait en effet contribué en avril à l’échec de la nomination du médecin de la Maison Blanche pour piloter le département des anciens combattants, la deuxième administration du pays. Le médecin en question, Ronny Jackson, était dépourvu de la moindre expérience de management.

Donald Trump ne s’est pas contenté d’accabler des démocrates, ce soir-là. Il s’en est pris aussi à l’un de ses prédécesseurs républicains, George H. W. Bush (1988-1992). Le milliardaire déteste ce clan, qui le lui rend bien, mais il concentre d’ordinaire ses critiques sur son fils, George W. Bush (2000-2008), dont le passage à la Maison Blanche a été entaché par la décision d’envahir l’Irak en 2003.

Comme il est difficile pour Donald Trump de trouver à redire dans le bilan en politique étrangère de ce héros de la deuxième guerre mondiale qui avait géré avec succès l’implosion de l’Union soviétique et l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein, il s’en est pris à un détail, l’ode au volontariat entonné pendant sa campagne présidentielle de 1988. A l’époque, George H. W. Bush avait évoqué « mille lumières qui rayonnent comme des étoiles » pour encenser cette forme de don de soi.

« Au fait, mais c’était quoi ces mille lumières ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Est-ce que quelqu’un avait compris », s’est interrogé Donald Trump avant de citer ses propres slogans. « Je sais une chose : “Rendre l’Amérique grande à nouveau”, ça, on comprend. “L’Amérique d’abord”, on comprend. Mais mille lumières, je n’ai jamais vraiment compris ça », a-t-il asséné. Les anciens collaborateurs du 41e président, 94 ans et affaibli par la maladie comme par la disparition de son épouse, en avril, se sont récriés, sans s’étonner.

Attaque prémonitoire

Le président républicain attache en effet le plus grand soin à faire table rase du passé. Sa première tentation présidentielle, en 1987, avait été marquée par des critiques contre celui qui allait devenir pendant une génération l’icône du Grand Old Party, Ronald Reagan. « Certains commencent à se demander s’il y a quelque chose derrière son sourire », était-il écrit dans le livre signé cette année-là par Donald Trump, The Art of the Deal.

Une attaque prémonitoire. Car il se garde bien de mentionner aujourd’hui l’ancien gouverneur de Californie et il évite comme la peste sa description optimiste de l’Amérique comme « la ville qui brille en haut de la colline ». Ronald Reagan n’est pas le seul à subir pareil traitement. Aucun de ses prédécesseurs de l’époque moderne n’est sollicité par Donald Trump comme source d’inspiration. Comme si leurs ombres lui étaient insupportables.

Moins de cinq mois après son arrivée à la Maison Blanche, le 12 juin, il assurait déjà, torturant les faits, qu’« aucun président, à de rares exceptions, a fait voter plus de lois et a fait plus de choses que nous ». Cette emphase a toutes les chances de grandir avec la proximité des élections.

Dans son discours d’adieu, le 11 janvier 1989, Ronald Reagan avait ajouté des détails à la description de la « ville sur la colline ». « S’il y avait des murs autour, il y avait aussi des portes, ouvertes à tous », avait assuré le président, avant de quitter le bureau Ovale. Des portes que Donald Trump se glorifie aujourd’hui de fermer.

Publicité
Commentaires
Publicité