Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
15 juillet 2018

Président Trump, an II : l’oncle d’Amérique

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Cette semaine, à l’occasion d’une tournée à Bruxelles et à Londres, le locataire de la Maison Blanche s’est montré aigri, capricieux et déterminé à semer le désordre.

La formule avait été divulguée par WikiLeaks. Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat d’une Amérique plongée dans la crise des subprimes, s’était interrogée en 2010 au cours d’une conversation privée avec le premier ministre australien Kevin Rudd, sur la difficulté qu’elle éprouvait à hausser le ton face aux ardeurs nouvelles de Pékin, détenteur d’une part non négligeable de la dette américaine. « Comment peut-on parler durement à son banquier ? », s’était-elle interrogée, selon des câbles diplomatiques rendus publics.

Les interlocuteurs européens de Donald Trump se sont sans doute posé le même genre de questions à l’occasion d’une tournée éprouvante du président des Etats-Unis à Bruxelles et à Londres. Eprouvante notamment pour la chancelière allemande Angela Merkel et pour la première ministre britannique Theresa May.

Ces deux femmes, sans doute pas par hasard, ont eu droit au traitement spécial que le locataire de la Maison Blanche réserve à ceux qu’il n’aime guère : une attaque préventive à l’improviste, parfois doublée par des louanges à leurs propres adversaires politiques, suivie, en leur présence, par des formules présentées comme apaisantes, voire des démentis ponctués si nécessaire par une mise en cause de médias responsables de la quasi-totalité des malheurs du monde. La vénérable Alliance atlantique (OTAN) a été soumise cette semaine à un traitement identique, comme l’avait été avant elle le G7, en juin. Série en cours.

La force érigée en droit

Peut-on parler durement à Donald Trump ? Un autre Donald le pense, le président polonais du Conseil européen. Donald Tusk avait estimé publiquement, le 16 mai – à la suite de menaces de Washington sur les exportations européennes vers les Etats-Unis d’acier et d’aluminium qui se sont depuis concrétisées – qu’« avec des amis comme ça, on peut se passer d’ennemis ». Il est probable que le président américain, qui confond parfois les fonctions de l’intéressé avec celles du président de la Commission européenne, s’en soucie comme d’une guigne. Et pour qui dépend des Etats-Unis pour sa défense ou sa balance commerciale, la réponse est autrement moins évidente.

Les chefs d’Etat et de gouvernement européens présents à Bruxelles à l’occasion du sommet de l’OTAN ont bien compris désormais pourquoi Donald Trump tient tant à enterrer l’Union européenne (UE), pour nouer avec chacun d’entre eux des relations bilatérales. Elles lui permettraient de mettre en pratique une formule assez efficace de la négociation dans laquelle le rôle de l’interlocuteur de Washington se réduit à la signature de sa reddition.

Sûr de sa force érigée en droit, Donald Trump s’est donc comporté cette semaine avec le sans-gêne d’un oncle d’Amérique aigri et capricieux, déterminé à semer le désordre.

La reine Elizabeth II, qui l’a reçu à Windsor vendredi, a échappé de justesse à la catastrophe lorsque son visiteur, oublieux du protocole qui interdit de précéder la monarque, lui a brûlé la politesse en passant en revue des militaires alignés au cordeau, avant de lui faire obstacle de toute sa hauteur.

A petits pas prudents de nonagénaire, la reine a contourné le président pour reprendre sa place à ses côtés dans une saisissante allégorie de la relation transatlantique.

Gille Paris (Washington, correspondant)

Donald Trump se voit réélu en 2020 Donald Trump a annoncé dans un entretien à l’hebdomadaire britannique Mail on Sunday du 15 juillet son intention de briguer un second mandat, lors de l’élection présidentielle américaine de 2020. Il estime en outre que le camp démocrate n’est pas en mesure de le battre. « Je ne vois pas qui pourrait me battre en 2020, je les connais tous et je ne vois personne », a-t-il déclaré.

Publicité
Commentaires
Publicité