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Jours tranquilles à Paris
28 juillet 2018

Du Cercle polaire au Sahara, du Japon à la Californie : la planète en surchauffe

Par Rémi Barroux, Julien Bouissou, New Delhi, correspondance, Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance, Olivier Truc, Stockholm, correspondance - Le Monde

Incendies, sécheresse, précipitations diluviennes et inondations dévastent une planète marquée par le réchauffement climatique, du en partie aux activités anthropiques.

Plus de 30 °C dans le cercle polaire et plus de 40 °C en Californie, 40 °C à Tokyo, 36,6 °C à Montréal, la planète est en surchauffe. Des records absolus sont partout battus comme dans le cercle polaire, à Kvikkjokk en Suède avec 32,5 °C le 17 juillet ou dans le Sahara algérien, avec 51,3 °C à Ouargla, le 5 juillet. Dans la Vallée de la Mort, en Californie, le record mondial absolu de chaleur de 54 °C atteint en juin 2013 à Furnace Creek a été approché, dans cette même localité, de 1,1 °C le 24 juillet.

L’année 2018 montera-t-elle sur le podium des années les plus chaudes depuis le début des relevés en 1880 ? Pour l’instant, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), y figurent 2016, 2015 puis 2017. D’ores et déjà, le mois de juin fut le deuxième le plus chaud jamais enregistré, selon le service Copernicus de surveillance des changements climatiques du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT).

« Outre les températures exceptionnellement élevées relevées dans une grande partie du nord la Sibérie en juin, elles étaient également nettement supérieure dans la majeure partie des Etats Unis, dans le centre du Canada, en Afrique du Nord, au Moyen Orient et dans le nord de la Chine », explique l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

« Ce n’est pas une surprise »

« 2018 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures record dans de nombreux pays. Ce n’est pas une surprise », a commenté la secrétaire générale adjointe de l’OMM Elena Manaenkova.

Ces canicules sont « cohérentes avec les effets attendus du changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas un scénario futur. Ça se produit maintenant », a-t-elle insisté. Sur 131 études publiées de 2011 à 2016 dans le Bulletin of the American Meteorological Society, « 65 % ont permis de déterminer que la probabilité d’occurrence de ces phénomènes dépendait fortement des activités anthropiques », rapporte l’OMM.

Les conséquences de ces températures extrêmes et de ces périodes caniculaires qui durent plusieurs jours, se comptent certes en centaines de vies humaines, mais aussi en incendies – comme en Grèce, en Suède ou encore en Sibérie et en Lettonie –, ainsi qu’en sécheresse, pertes de récolte, notamment en céréales et en foin, et en problèmes d’approvisionnement en eau. Ainsi, en Irlande, l’ensemble des stations météo du pays font état d’une sécheresse absolue, tandis que le Royaume-Uni a connu sa première moitié d’été la plus sèche depuis le début des relevés, avec 47 mm de pluie du 1er juin au 16 juillet, selon l’OMM.

France

La France suffoque. Dix-huit départements étaient toujours placés en vigilance orange canicule vendredi 27 juillet. Le week-end devrait offrir un court répit avant une deuxième vague de fortes chaleurs la semaine prochaine. Cet épisode caniculaire s’accompagne d’un pic de pollution à l’ozone dans plusieurs régions dont l’Ile-de-France. A Paris, le thermomètre devait monter jusqu’à 37 °C vendredi. Les 40,4 °C du 28 juillet 1947 tiennent toujours mais d’autres records sont battus dans la capitale. A la fin du mois, on dénombrera 59 jours au-dessus de 25 °C depuis le début de l’année : une première depuis la mise en place des relevés, en 1873, indique Météo-France. Cette poussée de chaleur est non seulement durable mais aussi précoce. Avec 17,5 °C de moyenne sur le deuxième trimestre (avril-mai-juin), Paris n’avait jamais connu un printemps aussi chaud.

Belgique

Jeudi 26 juillet, jusqu’à 36 °C étaient attendus à Bruxelles. Ce même jour, le pays est entré « officiellement » en période de canicule, soit des températures dépassant les 25 °C durant cinq jours consécutifs, avec au moins trois jours durant lesquels une température d’au moins 30 °C a été relevée. Et pour vendredi, l’Institut royal météorologique (IRM) annonce des températures atteignant 36 °C et 37 °C dans le centre.

D’après les prévisionnistes, la situation ne devrait pas s’améliorer dans les prochaines semaines. L’indice de sécheresse enregistré en 1976, l’été de tous les records, devrait même être égalé début août pour la même période. Toutefois, pour le chef du département prévisions de l’IRM David Dehenauw, la situation n’est pas encore aussi critique que cette année-là. Il met en avant deux différences principales : en 1976, les précipitations étaient encore plus limitées qu’aujourd’hui pour la période mi-juin/mi-juillet (3 mm, contre 19 mm cette année). Et la sécheresse concernait à l’époque tout le pays, alors que cette année, elle concerne principalement l’Ouest et le Nord-Ouest (la Flandre, principalement).

Par ailleurs, la température de la Mer du Nord a atteint 22,9 °C, indique jeudi l’Institut flamand pour la mer (Vlaams Instituut voor de Zee, VLIZ), qui la relève depuis 2000 au large de la côte belge. Il s’agit de la température la plus élevée depuis le début des mesures. Le précédent record de 22,1 °C datait de 2006.

Europe du Nord

Dans l’extrême nord de la Scandinavie, en Laponie norvégienne, se succèdent ciels sombres qui lâchent des pluies violentes et grosses chaleurs à plus de 30 °C au point que l’on y parle de nuits tropicales.

Le Danemark connaît une chaleur également inhabituelle et durable tandis que le territoire danois qu’est le Groenland connaît à l’inverse un été froid et humide, les deux phénomènes étant liés puisque l’anticyclone qui s’est stabilisé sur l’Europe du Nord depuis début mai fait face à la dépression qui s’est fixée au-dessus du Groenland.

En Finlande, les hausses de température par rapport aux normes saisonnières sont de l’ordre de 2 °C à 4 °C dans le centre du pays, de 4 °C à 6 °C en Laponie, qui devrait connaître son été le plus chaud depuis que les températures sont mesurées. Les autorités ont annoncé les récoltes les plus mauvaises depuis vingt ans.

La Suède reste frappée par une vague d’incendies sans précédent avec, comme ailleurs en Scandinavie, une sécheresse installée depuis début mai. Jeudi, le premier ministre suédois Stefan Löfven a annoncé avoir demandé l’aide de l’OTAN pour les opérations d’extinction. En fin de semaine, plus d’une vingtaine de foyers d’incendies était toujours actifs dans toute la Suède, couvrant quelque 20 000 hectares. Les autorités ont néanmoins annoncé jeudi matin que les principaux feux étaient enfin sous contrôle.

Japon

La canicule qui sévit au Japon depuis le début du mois de juillet a causé la mort de 80 personnes, et en a conduit à l’hôpital 35 000 autres selon les données officielles. Elle s’est notamment traduite par des températures inédites, par exemple dans la ville de Kumagaya, au nord de Tokyo, où le record national a été battu avec 41,1 °C, le 23 juillet.

Cette chaleur humide fait suite à un épisode de cumuls de précipitations record, observés entre le 28 juin et le 8 juillet, entraînant des inondations et des glissements de terrain. Deux cents personnes ont péri et quelque 10 000 foyers ont été détruits ou inondés, selon les chiffres officiels du gouvernement japonais.

Inde-Pakistan

Depuis le début de l’année, un nombre anormalement élevé de tempêtes de sable a balayé le sous-continent Indien. Le Centre pour la science et l’environnement (CSE), basé à New Delhi, en a enregistré plus d’une cinquantaine en Inde, provoquant au moins 500 morts. Il en avait comptabilisé vingt-deux entre 2003 et 2017, et seulement neuf entre 1980 et 2003.

A Delhi, le trafic aérien a été interrompu et les chantiers de construction suspendus. Assiégée par des vents chargés de sable et de poussière, la capitale Indienne a enregistré des pics de pollutions, plutôt rares en cette saison, avec une concentration des particules fines PM10 qui a atteint 1 300 microgrammes (µg) par mètre cube, bien au-delà du plafond admissible de 50 µg fixé par l’Organisation mondiale de la santé.

Les scientifiques pointent du doigt la désertification causée par la déforestation, et la conjonction d’une hausse de la température de surface avec l’humidité transportée par les vents d’ouest. Ce dérèglement climatique serait favorisé par le réchauffement. En avril, un record de température de 50,2 °C a été atteint à Nawabshah, une ville du sud du Pakistan. Selon une étude publiée en juin par la Banque Mondiale, entre 375 millions et 800 millions d’habitants du sous-continent risquent d’être affectés par la hausse des températures.

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