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Jours tranquilles à Paris
28 juillet 2018

ARAKI

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28 juillet 2018

Benalla: Une nouvelle vidéo révélée

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Libération révèle une nouvelle vidéo dans laquelle Benalla et Crase participent à une arrestation violente de manifestants.

LEXPRESS.fr28/07/2018 à 10:12

 Alexandre Benalla et Vincent Crase sont tous les deux présents dans une nouvelle vidéo impliquant des violences contre des manifestants le 1er mai.

Trois heures avant les événements de la Contrescarpe, Alexandre Benalla, Vincent Crase (tous deux observateurs) et Philippe Mizerski (Major de police chargé de les encadrer) se trouvaient au jardin des plantes (Vème arrondissement de Paris). Dans une nouvelle vidéo publiée par Libération, accompagnée de témoignages, on voit les deux observateurs intervenir, violemment selon les personnes présentes ce jour-là.

Deux nouvelles plaintes de personnes présentes auraient été déposées contre X jeudi au parquet de Paris, pour: "violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique en réunion", "usurpation de signes réservés à l'autorité publique aggravé par le fait qu'ils facilitent la commission d'un délit", "usurpation de fonctions", "atteinte à la liberté", "dégradation de biens", et "introduction frauduleuse dans un système de traitement de données". Ces plaintes cibleraient Vincent Crase, Alexandre Benalla et Philippe Mizerski.

L'extrait de la scène du Jardin des plantes ne dure que 35 secondes, mais les journalistes du quotidien ont eu accès à la vidéo complète de six minutes. Les manifestants témoignant sont trois, dont une jeune fille, qui a filmé la scène avec son téléphone. Quand l'extrait de la vidéo commence, ils sont sur un petit chemin dans le parc, selon un des trois ils essayent de "partir à l'opposé de la manifestation" qui dégénère. Des policiers leur auraient apparemment indiqué de passer par là.

"Éteins ! Éteins !"

Ils tombent alors face à Alexandre Benalla, Vincent Crase et le major Mizerski. Sur la vidéo,Vincent Crase arbore un brassard "police" et ordonne au petit groupe de passer par un autre chemin. Les manifestants expliquent qu'on vient de leur donner une autre indication, et la situation dégénère. La jeune fille en train de filmer explique s'être "fait plaquer contre l'arbre le plus proche avec le téléphone dans la main", elle se souvient avoir entendu "Éteins ! Éteins !", et pense qu'on lui demandait d'arrêter de filmer. Son téléphone lui est d'ailleurs confisqué, sous peine de se voir arrêtée, et des vidéos et images en sont effacées. Le clip de six minutes fournit à Libération a été récupéré grâce à un logiciel dédié sur sa carte mémoire.

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La manifestante, qui se dit encore très choquée par cet événement, raconte qu'elle a vu une personne, surement un manifestant, saignant et se plaindre d'avoir mal à côté d'elle. On lui a demandé de regarder ailleurs. Elle se rend compte dans le même temps qu'un de ses camarades a été arrêté. Il passera quarante-huit heures en garde à vue pour "violences contre personnes dépositaires de l'autorité publique avec arme" et sera relâché sans poursuites judiciaires.

"Pas autorité pour intervenir d'une quelconque manière"

Les observateurs (donc pas des forces de l'ordre) auraient, selon les souvenirs de témoins, menacé d'arrêter des manifestants, alors qu'ils n'en avaient légalement pas le pouvoir. L'avocate du manifestant qui a été placé en garde à vue déclare dans Libération que son client "attend que la lumière soit faite sur le rôle joué par ceux, désormais bien connus, qui n'avaient manifestement pas autorité pour intervenir d'une quelconque manière dans son arrestation". Dans le témoignage fournit à Libération, les manifestants affirment avoir dénoncé à haute voix les abus qu'ils subissaient au moment des événements. 

Dans le cadre des violences du 1er mai, Alexandre Benalla a été mis en examen dimanche 22 juillet pour "violences volontaires", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique", "port public et sans droit d'insignes réglementés", "recel de détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection" et "recel de violation du secret professionnel". Vincent Crase a, lui, été mis en examen pour "violences volontaires", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique" et "port prohibé d'une arme de catégorie B".

28 juillet 2018

Presqu'île de Quiberon - le tire-bouchon - Isthme de Penthièvre

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28 juillet 2018

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28 juillet 2018

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28 juillet 2018

Du Cercle polaire au Sahara, du Japon à la Californie : la planète en surchauffe

Par Rémi Barroux, Julien Bouissou, New Delhi, correspondance, Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance, Olivier Truc, Stockholm, correspondance - Le Monde

Incendies, sécheresse, précipitations diluviennes et inondations dévastent une planète marquée par le réchauffement climatique, du en partie aux activités anthropiques.

Plus de 30 °C dans le cercle polaire et plus de 40 °C en Californie, 40 °C à Tokyo, 36,6 °C à Montréal, la planète est en surchauffe. Des records absolus sont partout battus comme dans le cercle polaire, à Kvikkjokk en Suède avec 32,5 °C le 17 juillet ou dans le Sahara algérien, avec 51,3 °C à Ouargla, le 5 juillet. Dans la Vallée de la Mort, en Californie, le record mondial absolu de chaleur de 54 °C atteint en juin 2013 à Furnace Creek a été approché, dans cette même localité, de 1,1 °C le 24 juillet.

L’année 2018 montera-t-elle sur le podium des années les plus chaudes depuis le début des relevés en 1880 ? Pour l’instant, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), y figurent 2016, 2015 puis 2017. D’ores et déjà, le mois de juin fut le deuxième le plus chaud jamais enregistré, selon le service Copernicus de surveillance des changements climatiques du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT).

« Outre les températures exceptionnellement élevées relevées dans une grande partie du nord la Sibérie en juin, elles étaient également nettement supérieure dans la majeure partie des Etats Unis, dans le centre du Canada, en Afrique du Nord, au Moyen Orient et dans le nord de la Chine », explique l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

« Ce n’est pas une surprise »

« 2018 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures record dans de nombreux pays. Ce n’est pas une surprise », a commenté la secrétaire générale adjointe de l’OMM Elena Manaenkova.

Ces canicules sont « cohérentes avec les effets attendus du changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas un scénario futur. Ça se produit maintenant », a-t-elle insisté. Sur 131 études publiées de 2011 à 2016 dans le Bulletin of the American Meteorological Society, « 65 % ont permis de déterminer que la probabilité d’occurrence de ces phénomènes dépendait fortement des activités anthropiques », rapporte l’OMM.

Les conséquences de ces températures extrêmes et de ces périodes caniculaires qui durent plusieurs jours, se comptent certes en centaines de vies humaines, mais aussi en incendies – comme en Grèce, en Suède ou encore en Sibérie et en Lettonie –, ainsi qu’en sécheresse, pertes de récolte, notamment en céréales et en foin, et en problèmes d’approvisionnement en eau. Ainsi, en Irlande, l’ensemble des stations météo du pays font état d’une sécheresse absolue, tandis que le Royaume-Uni a connu sa première moitié d’été la plus sèche depuis le début des relevés, avec 47 mm de pluie du 1er juin au 16 juillet, selon l’OMM.

France

La France suffoque. Dix-huit départements étaient toujours placés en vigilance orange canicule vendredi 27 juillet. Le week-end devrait offrir un court répit avant une deuxième vague de fortes chaleurs la semaine prochaine. Cet épisode caniculaire s’accompagne d’un pic de pollution à l’ozone dans plusieurs régions dont l’Ile-de-France. A Paris, le thermomètre devait monter jusqu’à 37 °C vendredi. Les 40,4 °C du 28 juillet 1947 tiennent toujours mais d’autres records sont battus dans la capitale. A la fin du mois, on dénombrera 59 jours au-dessus de 25 °C depuis le début de l’année : une première depuis la mise en place des relevés, en 1873, indique Météo-France. Cette poussée de chaleur est non seulement durable mais aussi précoce. Avec 17,5 °C de moyenne sur le deuxième trimestre (avril-mai-juin), Paris n’avait jamais connu un printemps aussi chaud.

Belgique

Jeudi 26 juillet, jusqu’à 36 °C étaient attendus à Bruxelles. Ce même jour, le pays est entré « officiellement » en période de canicule, soit des températures dépassant les 25 °C durant cinq jours consécutifs, avec au moins trois jours durant lesquels une température d’au moins 30 °C a été relevée. Et pour vendredi, l’Institut royal météorologique (IRM) annonce des températures atteignant 36 °C et 37 °C dans le centre.

D’après les prévisionnistes, la situation ne devrait pas s’améliorer dans les prochaines semaines. L’indice de sécheresse enregistré en 1976, l’été de tous les records, devrait même être égalé début août pour la même période. Toutefois, pour le chef du département prévisions de l’IRM David Dehenauw, la situation n’est pas encore aussi critique que cette année-là. Il met en avant deux différences principales : en 1976, les précipitations étaient encore plus limitées qu’aujourd’hui pour la période mi-juin/mi-juillet (3 mm, contre 19 mm cette année). Et la sécheresse concernait à l’époque tout le pays, alors que cette année, elle concerne principalement l’Ouest et le Nord-Ouest (la Flandre, principalement).

Par ailleurs, la température de la Mer du Nord a atteint 22,9 °C, indique jeudi l’Institut flamand pour la mer (Vlaams Instituut voor de Zee, VLIZ), qui la relève depuis 2000 au large de la côte belge. Il s’agit de la température la plus élevée depuis le début des mesures. Le précédent record de 22,1 °C datait de 2006.

Europe du Nord

Dans l’extrême nord de la Scandinavie, en Laponie norvégienne, se succèdent ciels sombres qui lâchent des pluies violentes et grosses chaleurs à plus de 30 °C au point que l’on y parle de nuits tropicales.

Le Danemark connaît une chaleur également inhabituelle et durable tandis que le territoire danois qu’est le Groenland connaît à l’inverse un été froid et humide, les deux phénomènes étant liés puisque l’anticyclone qui s’est stabilisé sur l’Europe du Nord depuis début mai fait face à la dépression qui s’est fixée au-dessus du Groenland.

En Finlande, les hausses de température par rapport aux normes saisonnières sont de l’ordre de 2 °C à 4 °C dans le centre du pays, de 4 °C à 6 °C en Laponie, qui devrait connaître son été le plus chaud depuis que les températures sont mesurées. Les autorités ont annoncé les récoltes les plus mauvaises depuis vingt ans.

La Suède reste frappée par une vague d’incendies sans précédent avec, comme ailleurs en Scandinavie, une sécheresse installée depuis début mai. Jeudi, le premier ministre suédois Stefan Löfven a annoncé avoir demandé l’aide de l’OTAN pour les opérations d’extinction. En fin de semaine, plus d’une vingtaine de foyers d’incendies était toujours actifs dans toute la Suède, couvrant quelque 20 000 hectares. Les autorités ont néanmoins annoncé jeudi matin que les principaux feux étaient enfin sous contrôle.

Japon

La canicule qui sévit au Japon depuis le début du mois de juillet a causé la mort de 80 personnes, et en a conduit à l’hôpital 35 000 autres selon les données officielles. Elle s’est notamment traduite par des températures inédites, par exemple dans la ville de Kumagaya, au nord de Tokyo, où le record national a été battu avec 41,1 °C, le 23 juillet.

Cette chaleur humide fait suite à un épisode de cumuls de précipitations record, observés entre le 28 juin et le 8 juillet, entraînant des inondations et des glissements de terrain. Deux cents personnes ont péri et quelque 10 000 foyers ont été détruits ou inondés, selon les chiffres officiels du gouvernement japonais.

Inde-Pakistan

Depuis le début de l’année, un nombre anormalement élevé de tempêtes de sable a balayé le sous-continent Indien. Le Centre pour la science et l’environnement (CSE), basé à New Delhi, en a enregistré plus d’une cinquantaine en Inde, provoquant au moins 500 morts. Il en avait comptabilisé vingt-deux entre 2003 et 2017, et seulement neuf entre 1980 et 2003.

A Delhi, le trafic aérien a été interrompu et les chantiers de construction suspendus. Assiégée par des vents chargés de sable et de poussière, la capitale Indienne a enregistré des pics de pollutions, plutôt rares en cette saison, avec une concentration des particules fines PM10 qui a atteint 1 300 microgrammes (µg) par mètre cube, bien au-delà du plafond admissible de 50 µg fixé par l’Organisation mondiale de la santé.

Les scientifiques pointent du doigt la désertification causée par la déforestation, et la conjonction d’une hausse de la température de surface avec l’humidité transportée par les vents d’ouest. Ce dérèglement climatique serait favorisé par le réchauffement. En avril, un record de température de 50,2 °C a été atteint à Nawabshah, une ville du sud du Pakistan. Selon une étude publiée en juin par la Banque Mondiale, entre 375 millions et 800 millions d’habitants du sous-continent risquent d’être affectés par la hausse des températures.

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28 juillet 2018

Au Père Lachaise

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Bretagne

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Love Magazine - Gigi Hadid

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28 juillet 2018

L’affaire Benalla, une revanche pour « l’ancien monde »

Par Manon Rescan, Astrid de Villaines, Sarah Belouezzane - Le Monde

Relégués, ringardisés et parfois méprisés par la jeune majorité LRM depuis un an, les représentants de l’opposition se délectent aujourd’hui des difficultés du pouvoir.

Une atmosphère électrique. Le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler déroule ses arguments, point par point, depuis plus de deux heures trente. Dans les sous-sols du Sénat, la climatisation fonctionne mais les esprits s’échauffent. L’audition du bras droit du président de la République, jeudi 26 juillet, est l’une des plus attendues de la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla, qui empoisonne l’exécutif depuis dix jours.

Fatigué, les mains jointes devant le visage, Alexis Kohler tente de créer un moment de complicité avec le président de la commission, Philippe Bas. Le sénateur Les Républicains (LR) de la Manche est l’un de ses lointains prédécesseurs à l’Elysée. C’était sous Jacques Chirac. Une éternité. « Vous avez occupé la fonction que j’ai l’honneur d’occuper… », commence l’actuel secrétaire général de l’Elysée. La réponse tombe, cinglante : « C’était la préhistoire et l’ancien monde. Je veux bien reconnaître qu’il y ait des différences… »

Dans la salle Clémenceau du Sénat, où se succèdent les auditions de la commission d’enquête, un ange passe… « La démocratie, c’est le pouvoir des poux de manger des lions », philosophait « le Tigre ». Aujourd’hui, les « poux » se régalent des déboires de ceux qui jouent aux « lions » depuis plus d’un an.

En 2017, les jeunes fauves ont brutalement supplanté et ringardisé les partis politiques traditionnels et les élus de tous bords, qu’ils ont tôt fait de reléguer sous le vocable peu flatteur d’« ancien monde ». Multipliant les leçons d’exemplarité, La République en marche (LRM) a assommé, désorienté, et rendu inaudibles les tenants de l’ordre d’avant.

En moins de dix jours, l’affaire Benalla a permis à ces derniers de se refaire une santé. Députés de l’opposition, anciens ministres, parlementaires déchus se délectent aujourd’hui des petites et grandes misères de la Macronie, tout en pensant tenir une forme de revanche.

Le Sénat, « the place to be »

Le retour en grâce du Sénat en est une illustration. Réputée poussiéreuse, inutile, cette chambre qui travaille dans l’ombre est le refuge des vieux élus et l’incarnation de l’art consommé du compromis politique.

D’habitude désertée par les journalistes, c’est aujourd’hui « the place to be ». Là que se déroulent les auditions les plus attendues, celles qui ont été refusées par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, contrôlée par LRM. Ici que sont entendus les piliers du régime, Alexis Kohler ou encore Christophe Castaner, le secrétaire général d’En Marche.

Ici encore que, de l’avis général, le travail est le plus appliqué, le plus serein. Au point même que certains députés viennent y prendre de la graine. Jeudi matin, Marine Le Pen y joue ainsi les invités surprises, assise en tribune, dans le public, pour écouter M. Kohler. Même La France insoumise (LFI) est prise en flagrant délit de défense de la vieille chambre. « Je suis sous le choc, je défends des institutions bourgeoises et parlementaires de la Ve République alors que je suis trotskiste ! », a ironisé la députée (LFI) de Paris, Danièle Obono. « Pour le Sénat, c’est inespéré », glisse un député LR pas tout à fait « nouveau monde ».

Inespéré aussi le sursaut à l’Assemblée nationale. Depuis dix jours, les groupes d’oppositions retrouvent des couleurs. Un petit livre rouge et bleu est devenu le symbole de leur revanche : le règlement de l’Assemblée nationale. C’est grâce à cet objet, brandi dans l’Hémicycle 298 fois en quatre jours pour signaler un « rappel au règlement », que les députés de droite et de gauche ont pu paralyser les débats plusieurs jours d’affilée. L’obstruction, cette bonne vieille combine parlementaire.

« Un an qu’on en prend plein la tronche »

La majorité a dû céder, laissant l’opposition s’engouffrer dans la brèche. Coup sur coup, celle-ci a obtenu l’ouverture d’une enquête parlementaire, la publicité des auditions et finalement, le 22 juillet, l’ajournement de la réforme institutionnelle. Le texte, qui avait fait l’unanimité contre lui à l’Assemblée nationale, est repoussé sine die. Première victime collatérale de l’affaire Benalla.

Une même scène se répète, à la buvette ou dans les couloirs. Un député de la majorité veut savoir : « C’est pas bientôt fini ce cirque ? » Avant de se voir rétorquer : « Ça fait un an qu’on en prend plein la tronche, c’est pas maintenant qu’on va vous lâcher ! »

Suspecte hier, l’expérience est redevenue désirable. Aux élections législatives de juin 2017, les Français avaient plébiscité la nouveauté, installant des centaines de novices au Palais-Bourbon. Dans une crise, l’épaisseur politique donne pourtant l’avantage.

« Il est frappant de voir autant d’amateurs au mètre carré, raille le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon. Ils ne comprennent rien à l’Etat et à la gestion de crise. » « Ils sont nuls, nuls, nuls !, s’écrie de son côté un ancien ministre de droite. Ce n’était quand même pas très compliqué de nous renvoyer au SAC [Service d’action civique] de [Charles] de Gaulle ! » « Les députés de la majorité ont été tellement abandonnés par leurs cadres que l’opposition n’avait pas besoin d’être dotée d’un sens élevé de la stratégie pour renverser la vapeur », analyse le député communiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.

« Ça remet la balle au centre »

Quoi qu’il en soit, plus personne à LRM n’ose critiquer l’ancien monde. « Il faut savoir s’appuyer sur l’expérience de ceux qui ont un passé politique », concède la députée (LRM) de l’Isère Emilie Chalas (LRM).

Cette querelle des anciens et des modernes s’est parfaitement incarnée dans le face à face entre les deux corapporteurs de la commission d’enquête parlementaire consacrée à l’affaire Benalla, Yaël Braun-Pivet (LRM) et Guillaume Larrivé (LR). Les deux députés ont tenté de porter ensemble la commission, en vain. La néophyte n’a jamais réussi à prendre l’ascendant sur le conseiller d’Etat, qui a fini par claquer la porte, jetant le discrédit sur la commission.

« Quand vous avez subi un an d’arrogance, sans expérience, sans recul historique et sans analyse politique, et que vous arrivez à renverser les choses, ce n’est pas que ça fait plaisir, mais ça remet la balle au centre », se gargarise encore Stéphane Peu.

Pour se défendre, certains macronistes comme Emilie Chalas dénoncent « une soif de vengeance, des frustrations et des jalousies ». Les plus expérimentés des députés LRM le reconnaissent toutefois : un « flottement » s’est installé dans la majorité en début de crise. « Les députés d’opposition ont été malins et ils ont eu raison », concède l’une d’entre eux.

« Attention à l’effet boomerang »

Face à la majorité, les ténors de l’opposition s’affichent ostensiblement ensemble, se congratulent ou s’applaudissent. Drôle de concorde. Danièle Obono (LFI), Marine Le Pen (Rassemblement national, ex-FN) et Philippe Gosselin (LR) dénoncent ainsi côte à côte devant les caméras le « coup de force » de la majorité, qui a notamment voulu imposer sa liste de personnes auditionnées par la commission d’enquête.

Ici, M. Mélenchon et Christian Jacob (LR) sont immortalisés en pleine conversation dans l’Hémicycle par une députée LRM. Là, le même Mélenchon se promène avec le député souverainiste de l’Essonne Nicolas Dupont-Aignan dans les couloirs du Palais-Bourbon. « Quand il s’agit de protéger l’Etat et de faire respecter la norme républicaine, il y a une convergence avec la droite, je l’assume », répond le président du groupe LFI.

« Ils sont goguenards et ravis. Ils rongent l’os qu’on leur a donné à manger et ils vont le tirer jusqu’à la ficelle », analyse le député (MoDem) des Yvelines Bruno Millième, avant d’avertir ses collègues : « attention à l’effet boomerang, les Français vont se lasser. »

« S’ils ne comptent que là-dessus pour se relégitimer, c’est la démonstration de la pauvreté de leur projet politique », lâche à son tour la députée (LRM) des Yvelines Aurore Bergé. « Comme s’il n’y avait pas eu [Patrick] Balkany et [Jérôme] Cahuzac », grommelle une autre députée LRM, renvoyant les partis d’opposition à leurs propres turpitudes.

« Finalement le nouveau monde est très ancien ! »

Le feuilleton de l’affaire Benalla apparaît encore plus savoureux pour ceux qui ont été mis hors jeu en 2017, à la faveur de l’alternance. « Je n’ai même pas besoin de regarder la télévision, je suis sur ma chaise longue et tout me parvient par SMS ! », s’amuse Jean-Christophe Cambadélis, depuis son lieu de vacances. « Il y a une forme de jubilation quand on voit que le président de la République combine en une seule affaire à la fois Cahuzac [l’ancien ministre du budget avait menti sur son compte en Suisse] et Leonarda [du nom de cette jeune kosovare dont François Hollande avait tranché le sort, devant les caméras] », pouffe encore l’ancien premier secrétaire du PS.

D’anciens conseillers du pouvoir, qui ont connu M. Macron à Bercy, se délectent eux aussi du feuilleton. La moindre information est partagée, diffusée et commentée sur des boucles WhatsApp. « A chaque nouveau rebondissement, après chaque révélation, chaque contradiction, on s’envoie le même GIF [courte vidéo], se marre l’un d’entre eux, Michael Jackson dans un cinéma mâchouillant du pop-corn en regardant avidement la scène. »

Du passage de l’actuel chef de l’Etat au ministère des finances, sous le précédent quinquennat, ces ex-conseillers ont gardé un fond de rancune qui éclaire, pour eux, l’épisode Benalla d’une lumière savoureuse. « Comme du temps de Bercy, la garde rapprochée d’Emmanuel Macron est sur un piédestal », commente l’un d’eux, sans cacher son étonnement : « Comment quelqu’un d’aussi minutieux a-t-il pu laisser un truc pareil se faire, ses collaborateurs se contredire [au sein de la commission d’enquête] ? Finalement le nouveau monde est très ancien ! »

« Ce sera la tache du quinquennat »

La Sarkozie non plus n’en rate pas une miette. Entre une séance de jardinage et son départ en vacances, l’ancien ministre Brice Hortefeux ne se lasse pas de commenter l’« affaire de l’Elysée ». « Cela restera un marqueur du quinquennat. Il y a toujours des taches, mais il y a les indélébiles. Celle-ci en sera une. Ce sera la tache du quinquennat », observe-t-il.

En revanche, les deux anciens chefs de l’Etat, François Hollande et Nicolas Sarkozy, sont restés prudemment en retrait. Sans rien rater des événements, ils savent que toute intervention de leur part pourrait leur être reprochée. Lui aussi, le chef de file de LR Laurent Wauquiez s’est tenu à l’écart du feuilleton ; Brice Hortefeux lui a conseillé de « prendre de la hauteur ». Et de commencer à préparer le coup d’après.

Cette crise, ce sont finalement les routiers de la politique qui en parlent le mieux. Dans le « vieux monde » socialiste, on se raconte ce que François Mitterrand aurait dit un jour à propos de Laurent Fabius qui, dans les années 1980, incarnait alors le « nouveau monde ». « Il y a deux singes. Celui qui reçoit des décharges électriques tous les jours, ce qui finit par être indolore : c’est l’ancien monde. Et il y a un autre singe, celui qui n’en prend jamais. Alors, quand il en prend une, il meurt. »

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