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Jours tranquilles à Paris
14 août 2018

Pourquoi les tubes de l’été se ressemblent-ils tous ?

Le « New York Times » a analysé quarante ans de hits estivaux. Des chansons dansantes qui ont tendance, depuis la fin des années 1990, à adopter la même formule gagnante.

« Les tubes de l’été, c’est toujours la même chose : de la soupe. » Mélomane arrogant, neurasthénique allergique aux dancefloors ou rockeur inquiet de la disparition des guitares, la remarque revient inlassablement toutes les quatre saisons. Le New York Times s’est donc posé sérieusement la question : les hits estivaux sont-ils tous semblables ?

Pour y répondre, le quotidien américain a analysé les chansons présentes au Billboard Hot 100, qui répertorie aux Etats-Unis les cent premiers titres en termes de ventes de singles et de diffusions radio, de juin à août de chaque année, et depuis près de cinquante ans. Les journalistes se sont fondés sur des algorithmes de la plateforme de streaming Spotify, qui attribuent à chaque chanson plusieurs critères, par la suite utilisés pour recommander des titres aux auditeurs selon leurs goûts. Pour chaque tube, on peut ainsi mesurer sa puissance (le volume moyen de la chanson), son énergie (à quel point la chanson est rapide et bruyante), son potentiel dansant (fondé sur la vigueur et la régularité du tempo), son acoustique (la vraisemblance que la chanson utilise des instruments acoustiques), et enfin son pouvoir d’attraction (à quel point la chanson est joyeuse).

Conclusion : si la fin des années 1980 signait la consécration de la diversité musicale dans les charts estivaux, le second millénaire a bien vu émerger des chansons commerciales plus uniformisées.

Ainsi, l’été 1984 consacrait le Glory Days de Bruce Springsteen, 1995 voyait le groupe de R’n’B TLC rafraîchir les vacanciers avec ses Waterfalls et les rappeurs de Bone Thugs-N-Harmony ne quittaient pas leurs lunettes de soleil dans Tha Crossroads en 1996. Puis les radios se sont mises à diffuser des pop-songs toujours plus entêtantes. Backstreet Boys, Britney Spears et Bruno Mars… depuis les années 2000, les étés musicaux se suivent et se ressemblent.

Katty Perry, Lady Gaga, Kesha

Preuve par l’exemple : le site américain nous offre l’opportunité de réécouter trois tubes de l’été 2010 : California Gurls de Katty Perry, Your Love Is My Drug de Kesha ou Alejandro de Lady Gaga. Ces trois chansons répondent aux mêmes critères, leurs courbes ne mentent pas :

Le New York Times avance plusieurs éléments pour expliquer cette uniformisation, graphiques à l’appui. D’abord, depuis 1992, les chansons qui parviennent à grimper dans le top 10 entre juin et août sont moins nombreuses, ce qui « laisse moins de place à la diversité musicale ». Ceci pourrait s’expliquer notamment par le fait que le Billboard Hot 100 ait modifié, en 1991, sa façon de calculer les ventes.

Ensuite, seul un petit nombre d’auteurs-compositeurs se partagent désormais la plupart des plus grands hits estivaux. Ainsi, à 47 ans, le producteur suédois Max Martin est à l’origine de 22 titres classés n° 1 aux Etats-Unis depuis la fin des années 1990. De Britney à Taylor Swift en passant par Maroon 5, le faiseur de tubes a semble-t-il trouvé la formule chimique permettant de graver une musique dans la tête des auditeurs.

Mais ces calculs mathématiques finiront-ils par s’effondrer ? Les tubes de cet été offrent une certaine variété de rythmes, entre le hip-hop vaporeux de Post Malone, le rap latino de Cardi B et le r’n’b de Drake. 2018, année à part ou espoir pour la diversité musicale ? Réponse l’été prochain.

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