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Jours tranquilles à Paris
22 août 2018

Malgré son été agité, Macron ne souhaite pas changer de stratégie

tete bragancon

Par Cédric Pietralunga - Le Monde

Comme en 2017, le chef de l’Etat veut multiplier les annonces de réformes à la rentrée, pour faire oublier l’affaire Benalla et les difficultés économiques.

Bis repetita ? Il y a un an, Emmanuel Macron était sorti de son premier été de président le mors aux dents. En chute dans les sondages après un début de mandat chaotique, marqué par l’affaire Ferrand, la démission du général de Villiers et les couacs d’une majorité novice, le chef de l’Etat avait abordé la rentrée pied au plancher, multipliant les annonces et les réformes, pour sidérer l’opposition et les Français. Une stratégie « carpet bombing » gagnante : dès le mois d’octobre, le président avait recouvré une partie de sa popularité.

Un an plus tard, même constat… et même réponse. Mis en difficulté par le ralentissement de la croissance, mais aussi par le retentissement pris par l’affaire Benalla, Emmanuel Macron a décidé, selon son entourage, de ne rien changer à sa stratégie.

« Comme en 2017, la rentrée sera très dense au niveau économique et social, avec de nombreuses réformes qui seront engagées, assure-t-on à l’Elysée. La feuille de route est tracée depuis la campagne, la volonté d’aller au bout des choses est intacte. » Comprendre : pas de changement de rythme et encore moins d’infléchissement du cap, comme certains observateurs l’avaient anticipé.

Mettre en scène le gouvernement au travail

Pour marquer ce choix, l’exécutif compte une nouvelle fois mettre en scène le gouvernement au travail. De retour à l’Elysée mardi soir, après un séjour de près de trois semaines au fort de Brégançon (Var), où il a consacré son temps « au repos et à travailler ses dossiers », Emmanuel Macron présidera, mercredi 22 août, un conseil des ministres de rentrée, où il devrait insister sur le calendrier soutenu qui attend les membres du gouvernement. Un point sur la reconstruction des îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, dévastées par l’ouragan Irma il y a un an et où le chef de l’Etat compte à nouveau se rendre en septembre, devrait également être fait.

Surtout, l’Elysée a fait savoir que le président organiserait mercredi après-midi une réunion d’arbitrage sur le budget, à laquelle participeront le premier ministre Edouard Philippe mais aussi Bruno Le Maire, le ministre de l’économie et des finances, Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé, Muriel Pénicaud, la ministre du travail, et Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics. Objectif : décider où se feront les économies pour respecter la promesse de 2,3 % de déficit public en 2019, martelée par l’exécutif depuis le printemps mais rendue incertaine par la mauvaise conjoncture économique.

Selon différentes sources, Emmanuel Macron n’entend pas revenir sur cet engagement, considéré comme essentiel pour la crédibilité de la France au niveau européen. Pas question de laisser croire que Paris, une nouvelle fois, n’est pas capable de tenir ses promesses.

« La croissance moins forte qu’annoncée va nous obliger à faire de vrais choix et de vraies économies. Ce sera difficile, compliqué, mais il ne faut pas donner le sentiment qu’on adapte nos ambitions à la conjoncture. Ce serait politiquement, économiquement et internationalement suicidaire », estime Gilles Le Gendre, vice-président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale.

Soigner la relation avec les syndicats

La question est d’autant plus sensible que le chef de l’Etat veut continuer à fracturer la droite en vue des prochaines échéances électorales, qu’il s’agisse des européennes en mai 2019 ou des municipales au printemps 2020.

« Macron veut absorber le centre droit pour les élections mais cet électorat est très sourcilleux sur les questions d’équilibre budgétaire, analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique à l’IFOP. S’il laisse filer le déficit, il offrira un angle d’attaque idéal à la droite, qui l’accusera d’être le fils de Hollande. »

Désireux de montrer qu’il entend les critiques sur son supposé isolement, l’exécutif entend également soigner sa relation avec les syndicats, que le président s’est engagé, lors de son discours devant le Congrès le 9 juillet, à davantage associer aux réformes sociales.

Les responsables des principales centrales seront reçus un par un par Edouard Philippe à Matignon entre le 29 août et le 4 septembre. Au menu : la réforme des règles de l’indemnisation du chômage et celle des indemnités journalières lors des arrêts maladie.

Un séminaire avec l’ensemble du gouvernement sera enfin organisé le 31 août à l’Elysée, pour donner le tempo des réformes de l’an II du quinquennat. « Avec les universités d’été, la rentrée sera très politique. Il ne faudra pas se laisser polluer par les attaques, rester concentrés sur les réformes et ne pas ralentir », estime-t-on à Matignon.

Des parlementaires de la majorité s’inquiètent

Reste à savoir si cette stratégie – un copier-coller de 2017 – connaîtra le même résultat. Même s’ils s’en défendent en public, des parlementaires de la majorité s’inquiètent des effets durables de l’affaire Benalla sur l’image du chef de l’Etat et ils plaident pour que celui-ci montre davantage d’empathie.

« Le président doit donner des signes aux Français, rajouter un peu de chaleur, de proximité. La dimension émotionnelle est trop absente du macronisme », estime un parlementaire en vue. « Si on ne change rien, on va se normaliser. Etre au même niveau de popularité que Hollande ou Sarkozy, ce n’est pas bon », ajoute un soutien du président.

Pas sûr qu’ils soient entendus. Selon l’Elysée, où l’on estime que l’affaire Benalla « a eu un retentissement médiatique en décalage avec l’opinion », Emmanuel Macron « n’a pas prévu de prise de parole dans l’immédiat » et n’envisage pas d’augmenter le nombre de ses déplacements en province.

Son agenda international ne s’y prête guère, il est vrai. En visite au Danemark les 28 et 29 août, puis en Finlande le 30 août, le chef de l’Etat doit aussi se rendre le 6 septembre au Luxembourg, où il participera à une consultation citoyenne sur l’Europe avec le premier ministre belge Charles Michel et son homologue luxembourgeois Xavier Bettel. Une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel doit également avoir lieu en France lors de la première quinzaine de septembre. Autant d’occasions de prendre de la hauteur, loin des contingences politiques hexagonales.

hom

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