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Jours tranquilles à Paris
24 septembre 2018

L’Aquarius demande l’autorisation de débarquer 58 migrants à Marseille

aquarius55

Le navire humanitaire de SOS Méditerranée, qui sauve des migrants à la dérive, vient d’apprendre qu’on lui retirait son pavillon.

« Marseille est devenue un peu contre notre gré, mais avec un immense plaisir, notre port d’attache », explique ce lundi l’ONG SOS Méditerranée pour justifier que son navire humanitaire soit actuellement en route vers la Cité phocéenne. Lors d’une conférence de presse, le directeur des opérations, Frédéric Penard, a également demandé aux autorités françaises d'autoriser, « à titre exceptionnel », le débarquement des 58 migrants qui se trouvent à bord de l’Aquarius. Parmi eux, 17 femmes et 18 mineurs.

La capitale des Bouches-du-Rhône a en effet une place centrale dans l’action de l’association : « C’est là qu’est notre siège, que nos équipes sont et c’est là que nous souhaitons mener notre combat », a insisté un bénévole. Par ailleurs, « c'est la seule option que nous avons » pour permettre au bateau « de continuer sa mission » de sauvetage des migrants, a poursuivi le directeur des opérations. « Le port de Marseille est le seul port envisageable pour qu'il puisse repartir », a-t-il ajouté alors que le navire vient d'apprendre que les autorités panaméennes allaient lui retirer son pavillon.

La France cherche « une solution européenne »

« Le gouvernement italien fait pression sur le Panama pour stopper les opérations de sauvetage de l'Aquarius. SOS Mediterranée et Médecins sans frontières (MSF) exhortent les gouvernements de l’Union européenne à intervenir pour autoriser l'Aquarius à poursuivre sa mission », avait imploré l’ONG sur Twitter dimanche. Et MSF d’appuyer dans un communiqué : « Cette révocation résulte de la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien et condamne des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants en fuite à rejoindre le cimetière marin qu’est devenue la Méditerranée. »

Dans la soirée, Matignon a réagi à la demande de l’ONG assurant que la France cherchait « une solution européenne » selon le principe du « port sûr le plus proche ». Depuis le début de la crise provoquée cet été par la fermeture des ports italiens aux migrants, la France n'a jamais accepté de laisser débarquer les navires humanitaires, arguant qu'en vertu du droit maritime les naufragés doivent être débarqués dans le « port sûr » le plus proche.

Pour l’instant, « le bateau est toujours dans les eaux internationales au large de la Libye » même si « nous reprenons la route du nord », a indiqué Sophie Beau, la vice-présidente de l'ONG. Ainsi, Frédéric Penard s'est dit incapable de prévoir quand le navire arrivera sur les côtes françaises « parce que les éléments changent », l'Aquarius étant « toujours susceptible d'être mobilisé » pour une opération de sauvetage en mer. Mais il faut « environ quatre jours », depuis la position actuelle du navire, pour gagner Marseille, a toutefois précisé Francis Vallat, le président de l'ONG en France.

Dernier navire humanitaire en Méditerranée

Aujourd'hui « l'Aquarius est le seul navire civil en Méditerranée centrale, qui est la route maritime la plus mortelle du monde », a par ailleurs fait valoir l’association, avec « plus de 1 250 noyés » depuis le début de l'année. Les autres navires humanitaires, qui étaient encore une dizaine il y a un peu plus d'un an au large de la Libye, ont quitté la zone pour des raisons diverses. Le Lifeline est bloqué à La Valette où les autorités ont ouvert une enquête administrative, tandis que le Iuventa, soupçonné de collusion avec des passeurs, a été saisi par les autorités italiennes en août 2017.

« Non seulement les Européens ne mettent pas en place de mécanisme de sauvetage pérenne, mais ils essaient de détruire la capacité de la société civile à répondre à cette crise en Méditerranée », s'est indignée Assiba Hadj-Sahraoui de MSF. Même si on est loin du pic des arrivées de 2015, la question migratoire divise encore profondément l'Europe, qui cherche à empêcher les départs clandestins. En juin, l'Aquarius avait déjà été au cœur d'une crise diplomatique, après avoir récupéré 630 migrants au large de la Libye, débarqués en Espagne après le refus de l'Italie et de Malte de les accepter. Le scénario s'était répété en août pour 141 migrants débarqués à Malte.

aquarius56

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