Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
12 décembre 2018

Nouvelle promenade au MAD

Par Véronique Lorelle - Le Monde

Salle Philippe Starck, « bibliothèque du siège », espace Memphis... Exit la chronologie, le Musée des arts décoratifs, à Paris, s’enrichit d’un parcours thématique et pluridiscplinaire plus attractif.

Il ne manque plus qu’un café design, comme le Café Campana au Musée d’Orsay, pour que l’expérience soit parfaite… Le Musée des arts décoratifs (MAD) à Paris offre, depuis l’automne, un nouvel écrin à ses collections de 1940 à nos jours, transformant le parcours du visiteur en une promenade réjouissante.

Dans les étages supérieurs, les fenêtres sur la rue de Rivoli et sur le jardin des Tuileries ont été dégagées : elles baignent les œuvres d’une lumière naturelle, avec une vue sur Paris à couper le souffle. Les pièces – un millier réparties sur 21 000 mètres carrés – ne sont plus présentées chronologiquement mais par thèmes, dans une mise en scène de Normal Studio. L’approche est pluridisciplinaire, mêlant mode, papiers peints, jouets, graphisme… soit les différents domaines des arts décoratifs.

Pour aborder « La folle histoire du design », surnom de ce nouveau parcours, on conseille de démarrer au troisième étage avec des objets souvent inédits, nés par modélisation ou par impression 3D, comme le siège « Solid C2 » de Patrick Jouin ou la « Chaise Os » de Joris Laarman. On trouve à ce niveau une salle dédiée au prolifique Philippe Starck, avec presse-agrumes Juicy, télévision, baignoire et jusqu’à ce projet (qui n’a pas vu le jour) d’une maison en kit, vendue par correspondance.

« Toute une salle pour Starck ? C’est amplement mérité, estime Dominique Forest, conservatrice en chef du département moderne et contemporain du MAD. Si quelqu’un a fait connaître le design en France et le design français à l’étranger, c’est bien lui. »

Cuisine-bar de Le Corbusier

Deux autres créateurs ont aussi « leur » espace : Roger Tallon (1929-2011), père du design industriel français (et du TGV), et Jean Royère (1902-1981), décorateur joyeux et fantaisiste. Commode en marqueterie de paille, luminaires, canapé « Boule » de forme haricot… Son travail est mis en correspondance avec celui des contemporains Robert Stadler ou Benjamin Graindorge, qu’il a inspirés.

La visite se poursuit dans les étages 5 à 9 du pavillon de Marsan, rénovés à cette occasion. Le neuvième abrite des créations de céramique et de verre. Au niveau inférieur se nichent les period rooms, des décors d’époque reconstitués : la cuisine-bar de Le Corbusier réalisée, d’après un projet de Charlotte Perriand, pour la Cité radieuse de Marseille (et équipée de sa gazinière d’origine) et la chambre d’étudiant conçue par Jean Prouvé pour la cité universitaire d’Antony, en région parisienne.

Chaise « Fourmi », chaise « Pince-sans-rire », de Yonel Lebovici, ou fauteuil « Poltrona di Proust », d’Alessandro Mendini : au septième, on révise ses classiques avec la « bibliothèque du siège » et ses soixante modèles.

AU CINQUIÈME ÉTAGE, LA ROBE EN PAPIER DE CHRISTIAN LACROIX DATANT DE 1994 DIALOGUE AVEC LA PENDULE DE MAARTEN BAAS OU LE CHIFFONNIER EN GALUCHAT D’ANDRÉ GROULT.

Le sixième niveau présente les avatars du vase, de Picasso à Ettore Sottsass ou Gaetano Pesce, flanqué d’une salle consacrée aux scènes émergentes, avec des pièces venues du Mali, de Chine, d’Inde…

La visite se termine au cinquième étage sous le prisme du rêve et de la fantaisie. La robe en papier de Christian Lacroix datant de 1994 dialogue avec la pendule de Maarten Baas ou le chiffonnier en galuchat d’André Groult, tandis qu’une vitrine est consacrée aux maquettes de l’architecte Emilio Terry (1890-1969), dont la fameuse « maison en colimaçon », peinte par Salvador Dali. La salle attenante fait la part belle au mouvement italien Memphis, haut en couleur, avec la célèbre bibliothèque « Carlton » en forme de château de cartes, mais aussi cette rare coiffeuse « Plaza », inspirée de la tour Chrysler à New York.

Avec ce nouveau parcours, Olivier Gabet, directeur du MAD, souhaitait « donner des clés pour comprendre la place de l’objet dans notre quotidien réel ou rêvé ». Pari réussi.

Publicité
Commentaires
Publicité