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Jours tranquilles à Paris
4 juillet 2020

Independence Day - Une Amérique “isolée” et “humiliée” célèbre le 4 Juillet

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Pandémie, chômage, racisme et violences policières : les États-Unis vont commémorer leur indépendance dans un état de vulnérabilité prononcée. Pour une partie de la presse américaine, la situation est aggravée par la politique isolationniste menée par le gouvernement Trump.

Le 4 Juillet est arrivé, et “l’Amérique arrive à la fête très mal en point”, souligne le Deseret News. La pandémie “se propage”, la crise économique “fait des ravages”, les manifestations contre le racisme et les violences policières “se multiplient depuis des semaines”. À seulement six ans de son 250e anniversaire, “notre pays peut-il tenir son rang en tant que chef de file moral dans le monde ?” se demande le quotidien de Salt Lake City.

Il est difficile d’échapper au sentiment que l’Amérique “vit un moment particulièrement humiliant”, répond The Atlantic. Dans un long article écrit par l’un de ses correspondants à Londres, le magazine américain explique être habitué “à écouter ceux qui détestent l’Amérique, l’admirent ou la craignent (parfois tout en même temps). Mais qu’ils ressentent de la pitié pour l’Amérique ? Ça, c’est nouveau.”

Selon The Atlantic, les États-Unis ont connu d’autres moments de vulnérabilité, mais son système et sa culture démocratique semblaient “si profondément enracinés qu’ils pouvaient toujours se régénérer. Aujourd’hui […], l’Amérique semble embourbée, sa capacité même à rebondir est remise en question.”

Si la superpuissance américaine en est là, insiste le magazine, c’est qu’aujourd’hui elle “ne ressemble tout simplement pas” au pays auquel le reste du monde “devrait aspirer, qu’il devrait envier ou reproduire” :

Avec le président et la première dame, les villes en feu et les divisions raciales, la brutalité policière et la pauvreté, l’image qui est diffusée de l’Amérique confirme les préjugés qu’une grande partie du monde a déjà.”

Privés d’Europe, tout un symbole

Pour le New York Times, l’exclusion des États-Unis de la liste des pays auxquels l’Union européenne va rouvrir ses frontières a tout du symbole. Le quotidien new-yorkais note que l’Algérie, le Rwanda ou le Canada figurent sur cette liste, de même que la Chine, à condition “qu’elle rende la pareille aux Européens”. Mais l’Amérique de Trump “n’y est pas, car nous sommes loin de satisfaire aux critères européens de réduction de la propagation du coronavirus”, observe le New York Times :

La capacité d’une société à lutter avec succès contre la pandémie est la mesure la plus objective qui soit de la compétence d’une nation, sans parler de sa ‘grandeur’ – et sur ce point, comme sur tant d’autres de nos jours, l’Amérique se retrouve en bas de l’échelle.”

Cet échec américain face à la pandémie démolit l’idée, répandue par le locataire de la Maison-Blanche, “que notre pays est mieux loti sans les gens et les idées venant d’au-delà de nos frontières”, poursuit le quotidien américain. “Plutôt que de nous isoler du reste de la planète, nous devrions inviter d’autres personnes à se joindre au projet urgent de reconstruction de l’Amérique […]. Il est temps d’arrêter de prétendre que l’Amérique et les Américains ont toutes les réponses.”

Heureusement, tout n’est pas perdu. The Atlantic trouve des raisons d’espérer dans la vague de protestation qui a suivi la mort de George Floyd. Le magazine rappelle qu’à Moscou ou à Pékin, “il ne serait pas possible de manifester en aussi grand nombre et avec autant de véhémence”. Et son correspondant londonien souligne que, “d’un point de vue européen”, il est également frappant de voir “l’énergie, l’éloquence et l’autorité morale jaillir une fois de plus de la base” :

Écouter un rappeur d’Atlanta s’adresser à la presse ou le chef de la police de Houston parler à une foule de manifestants, c’est voir un orateur plus accompli et plus éloquent que presque tous les hommes politiques européens auxquels je peux penser. Ce qui est différent aujourd’hui, c’est qu’on ne peut pas en dire autant du président Trump ou du candidat démocrate [Joe Biden] qui veut le remplacer.”

Malgré tout, des raisons de fêter le 4 Juillet

Dans une autre chronique, le New York Times considère que les Américains ont même de quoi se réjouir. Ils peuvent en effet célébrer le fait que Trump “n’est ni Poutine ni Xi Jinping”, et qu’ils ont encore la possibilité “de le virer en votant en novembre”. Ils peuvent célébrer le fait que la Cour suprême “ne lui obéisse pas”, rendre hommage “à la beauté du projet américain, tel que l’ont formulé les fondateurs” et célébrer “sa capacité de réinvention en briguant, enfin, l’égalité raciale”.

Bref, en ce 4 Juillet, les Américains peuvent malgré tout “rendre hommage à leur histoire sans dissimuler ses bavures”.

Nicolas Coisplet

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