Fauteuil de réalisateur
Qui n’a pas rêvé un jour d’avoir son propre fauteuil de réalisateur, avec son nom imprimé à l’arrière du dossier, comme ceux qui peuplèrent autrefois les plateaux de cinéma ? Ce mythique siège qui a envahi les intérieurs a connu un destin aussi riche en rebondissements qu’un blockbuster américain.
C’est évidemment du côté des Etats-Unis qu’il faut chercher la genèse de l’objet. En 1892, lors de l’Exposition universelle de Chicago, la petite entreprise familiale de meubles Gold Medal est récompensée pour l’excellence du design de ce qui deviendra la future chaise de réalisateur. Depuis le Tennessee, l’entreprise continue d’ailleurs de fabriquer le modèle (à partir de 76 euros). Mais si le siège trouve rapidement sa place sur les plateaux, l’appellation « fauteuil de réalisateur » ne se généralise pas avant les années 1950.
En Europe, l’objet apparaît dans les catalogues de l’enseigne Habitat dès les années 1970, d’abord référencé sous l’appellation « Fauteuil pliant danois ». Sa structure est alors en hêtre, la toile de son assise et son dossier en coton naturel très résistant. Ses dimensions sont généreuses, pour un confort d’assise optimal. Mais en 1975, le siège prend le nom de « Fauteuil régisseur » (vendu 69 euros aujourd’hui) ! En 1987, lors de la célébration des 40 ans du Festival de Cannes, c’est la consécration pour Habitat. Son fauteuil pliable envahit toutes les terrasses et les studios de la grand-messe du cinéma. Sous le charme lui aussi, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar parcourt les boutiques de Barcelone pour en équiper ses studios de tournage et prend la pose sur ses photos officielles installé dans l’iconique fauteuil. Depuis, de nombreuses marques produisent elles aussi ce siège devenu un classique qui donne aussitôt à la décoration aussi bien intérieure qu’extérieure des airs de cinéma.