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26 mars 2020

Coronavirus : Didier Raoult, l’infectiologue marseillais derrière la folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine

professeur

Par Gilles Rof, Marseille, correspondant, Stéphane Foucart - Le Monde

Le microbiologiste préconise un traitement des malades sur la base d’éléments encore ténus. Savant reconnu, il divise par ses prises de position parfois iconoclastes.

En quelques jours, il a réussi à faire d’une vieille molécule un objet de convoitise mondiale. Et d’un simple espoir thérapeutique contre le Covid-19 un remède miracle.

Une vidéo postée sur YouTube, un essai au mieux fragile, au pire bancal, et un débat public que la panique a rendu perméable aux promesses de guérison : c’est tout ce qu’il a fallu au microbiologiste français Didier Raoult, 68 ans, patron de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour déclencher une folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine, commercialisée sous le nom de Plaquenil. Au Maroc, les autorités commencent à en stocker ; aux Etats-Unis et ailleurs, on commence à compter les premières victimes – par intoxication – de l’engouement pour la molécule.

Dans son fief marseillais, Didier Raoult vient, lui, d’entrer au panthéon des héros locaux incarnant l’esprit rebelle de la ville, opposée à un parisianisme compassé. Un héros, voire un sauveur : devant le siège de son IHU, des centaines de personnes patientent désormais pour recevoir, et le diagnostic, et le remède.

Et, toujours, ces pieds de nez à la capitale, à l’establishment, à la bienséance. Le journaliste Hervé Vaudoit, ancien de La Provence, auteur d’un livre sur le sujet (IHU Méditerranée Infection. Le défi de la recherche et de la médecine intégrées, Michel Lafon, 2018), raconte l’avoir un jour interrogé sur son changement de style, ses cheveux longs, sa barbe, sa bague de biker : « Il m’a souri et m’a répondu : “Parce que ça les fait chier.” »

Affoler tranquillement, depuis Marseille, le personnel politique et les médias parisiens semble comme un jeu. Quand le quotidien Les Echos annonce, mardi 24 mars, le scoop de sa démission du conseil scientifique Covid-19 installé par l’Elysée le 11 mars, son institut répond aussitôt qu’il ne démissionne pas du comité. Simplement qu’il n’y viendrait plus – excusé lors des deux premières réunions, son nom n’apparaît pas dans les deux derniers avis rendus par le conseil.

Né en 1952 à Dakar d’un père médecin militaire et d’une mère infirmière, Didier Raoult ne s’insère dans la tradition familiale qu’après un parcours chaotique : indocile, rétif au système scolaire, il croise Christian Estrosi – actuellement maire (Les Républicains, LR) de la ville – au lycée de Nice, où son père l’envoie après un premier exil en internat à Briançon, dans les Hautes-Alpes. Il quitte l’école en seconde, passe un bac littéraire en candidat libre et l’obtient de justesse. Il part deux ans sur les mers à bord de navires de commerce à la façon du Marius de Pagnol. Puis rentre à Marseille et entreprend, contraint par son père, des études à la faculté de médecine.

Goût pour la polémique et la bonne formule

« Les médecins que je fréquentais ici voulaient tous être le meilleur de Marseille, a-t-il glissé, un jour, au Provençal, qui l’interrogeait sur son attachement à sa ville. Moi, je voulais être champion du monde, à Marseille. »

Controversé, fort en gueule, haut en couleur et incontrôlable, le professeur de médecine est aujourd’hui convaincu d’être devenu le « champion du monde » de sa discipline. Et même si ses pairs ne partagent pas tous cette conviction, il est loin d’être le « docteur Maboule » moqué par certains. Microbiologiste de renommée internationale, il a des travaux majeurs à son actif. A commencer par ceux conduits sur les virus géants, découverts en 2003 en collaboration avec le généticien Jean-Michel Claverie (CNRS). Une percée susceptible de redessiner les contours du monde vivant, et qui a généré de très nombreux travaux en virologie, en génétique, en biologie de l’évolution. Dans les années 1980, ses travaux pionniers sur les rickettsies – de petites bactéries intracellulaires – lui ont également valu une grande reconnaissance.

« On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort. Nous sommes clairement en rivalité, mais ça ne m’empêche pas de le respecter en tant que scientifique, raconte Jean-Michel Claverie. Je suis d’ailleurs assez choqué des attaques personnelles dont il est victime sur les plateaux de télévision, alors qu’il n’est pas là pour se défendre. » Ses déclarations à l’emporte-pièce lui nuisent cependant bien plus que les attaques de ses nombreux adversaires.

Dans sa chronique au Point, il a annoncé la fin du changement climatique à plusieurs reprises, sans succès : en 2013 (« Les prédictions climatiques sont absurdes ! »), puis en 2014 (« La Terre ne se réchauffe plus ! »), avant d’enchaîner sur plusieurs textes climatosceptiques. Il a aussi revisité de façon toute personnelle la question du trou dans la couche d’ozone, assurant que celui-ci était la cause d’un… refroidissement du climat.

Même dans son domaine de recherche, son goût pour la polémique et la bonne formule, son jeu du contre-pied permanent l’emmènent parfois sur un terrain glissant. Le 21 janvier, alors que les autorités chinoises s’apprêtent à boucler la province du Hubei, il déclare sur la chaîne YouTube de son institut que l’inquiétude à propos du Covid-19 est « délirante ». « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio, raillait-il alors. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité. »

Statistique contestée

Jusqu’à la mi-février, il continuera, dans ses vidéos, à relativiser la situation, affirmant que c’est « beaucoup de bruit pour pas grand-chose ». Anthony Fauci, le grand immunologiste américain, conseiller de la Maison Blanche ? « Il a dû devenir gâteux », déclare-t-il. C’est aussi par une vidéo postée sur YouTube qu’il défraie la chronique, quelques jours plus tard, en prophétisant la « fin de partie » du Covid-19 grâce à la chloroquine. Il n’y a, alors, aucune donnée probante publiquement disponible pour étayer une telle affirmation.

Plus grave, notent certains : des chercheurs affiliés à son IHU ont publié, début mars, dans Antiviral Research, une synthèse de littérature indiquant que, jusqu’à présent, les effets encourageant in vitro de la chloroquine et de ses dérivés sur des virus, n’avaient jamais été confirmés in vivo. Et que, dans le cas du chikungunya, la molécule avait même eu des effets paradoxaux, aggravant la maladie. Des réserves dont Didier Raoult ne tient nul compte dans sa parole publique.

Les données n’existent pas encore : il faut donc en produire. En un temps record, c’est chose faite avec la publication, le 20 mars, dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents, d’un essai mené en quinze jours sur une trentaine de patients atteints par le coronavirus. Las ! L’étude est éreintée par de nombreux spécialistes. Un patient traité à l’hydroxychloroquine est mort mais n’a pas été inclus dans l’analyse, pas plus que trois autres dont l’état s’est aggravé et qui ont dû être placés en soins intensifs… et ce alors qu’aucun des patients non traités n’est mort ou n’a été conduit en réanimation. Critères d’enrôlement peu clairs, statistique contestée, groupes traités et témoins trop différents pour être comparables, hiatus inexpliqués entre les courbes présentées en vidéo et celles publiées… les commentaires assassins affluent.

C’EST LÀ L’UN DES SECRETS DU SYSTÈME MIS EN PLACE PAR LE PROFESSEUR DE MÉDECINE : PUBLIER À TOUT PRIX

Au point que certains se demandent comment une telle étude a pu être acceptée pour publication par une revue à comité de lecture. De nombreux chercheurs relèvent un conflit d’intérêts patent : la revue ayant publié l’essai a pour éditeur en chef un collaborateur de Didier Raoult, Jean-Marc Rolain, également cosignataire de l’étude en question, de même que responsable de la « valorisation » de l’IHU Méditerranée Infection. Une situation peu conforme aux standards de la publication scientifique.

C’est là l’un des secrets du système mis en place par Didier Raoult : publier à tout prix. Selon la base de données Scopus, il totalisait, mardi 24 mars, 3 062 articles de recherche publiés dans la littérature scientifique. Un chiffre phénoménal : une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année). Ce qui en fait le microbiologiste le plus cité au niveau international – le « champion du monde », aurait-il peut-être dit s’il avait répondu à nos sollicitations avant le bouclage de cet article.

Là encore, le professeur Raoult est son propre et plus redoutable ennemi. Car, dans la communauté savante, l’énormité de tels chiffres ne fait plus guère illusion : « Comment croire qu’un scientifique puisse participer réellement à des recherches débouchant sur quasi une publication par semaine ? », interroge à son propos le biologiste et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis, dans son dernier ouvrage (Malscience. De la fraude dans les labos, Seuil, 2016). En outre, plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs.

Ses meilleurs soutiens sont politiques

Des stratégies de publication qui finissent par occulter ses études parues, dans des conditions normales, dans les meilleures revues internationales. Au point qu’en 2018 l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le CNRS ont retiré leur label aux unités de recherche de son IHU.

« Quand Agnès Buzyn est devenue ministre de la santé, Didier Raoult a été un des premiers à monter au créneau pour dénoncer un possible conflit d’intérêts du fait de la situation de son mari [Yves Lévy], directeur de l’Inserm, assure Hervé Vaudoit. Et, au moment où Lévy a voulu être prolongé, il est remonté au créneau. L’IHU a perdu le label Inserm dans la bataille. »

Les cercles parisiens ont-ils intrigué contre le tempétueux infectiologue marseillais ? Tous ses soutiens, à Marseille, en sont convaincus. « Le rapport du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur [Hcéres] n’était pas très bon et celui du Comité national de la recherche scientifique [CoNRS] ne l’était pas non plus, rétorque un cadre du CNRS. Nous avons malgré tout envisagé de garder le label CNRS à certaines équipes, mais une affaire de harcèlement sexuel [impliquant un chercheur qui a depuis quitté l’institut] nous a conduits à renoncer. » A plusieurs reprises, des plaintes ont attiré l’attention des organismes de tutelle de l’IHU. Le journal local d’investigation Marsactu a d’ailleurs révélé, à l’été 2017, qu’une lettre d’une douzaine de chercheurs leur avait été adressée, alertant sur la pression pesant sur certains personnels.

Une pression qui peut conduire au pire. En 2012, la revue Science a ainsi révélé qu’en 2006 une suspicion de fraude, impliquant un article de l’équipe de Didier Raoult, avait conduit l’American Society for Microbiology à l’interdire de publication pendant un an, lui et son équipe, dans toutes les revues éditées par la société savante. Une information qui était demeurée confidentielle jusqu’en 2012 et dont la révélation a ulcéré le chercheur marseillais.

Ses meilleurs soutiens sont politiques. Sur les réseaux sociaux ou les chaînes d’information, Christian Estrosi, Renaud Muselier, président (LR) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), Gilbert Collard, eurodéputé apparenté Rassemblement national, l’ancien député PS de l’Essonne Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France, ou encore les élus marseillais testés positif et traités à l’hydroxychloroquine : tous lui apportent un indéfectible soutien. De même qu’une bonne part de l’extrême droite.

Le président de la région PACA Renaud Muselier, médecin et urgentiste, le connaît de longue date et assure avoir personnellement insisté auprès du président de la République pour qu’il l’intègre à son conseil scientifique. « On se connaît depuis près de quarante ans, dit-il. Je l’ai rencontré alors que j’étais étudiant et lui assistant enseignant. C’est un ami et un partenaire. C’est un génie. Il est porteur de cette idée de la grandeur de la France, de la liberté d’expression, et de la liberté de penser. Sa vision est très gaulliste. »

Didier Raoult, selon Hervé Vaudoit, « aime la baston et il gagne souvent ». « Il a toujours parlé mal, il est provocant. Il dégage une certaine arrogance et cela lui a parfois coûté cher. »

Les prochaines semaines diront s’il avait raison de plaider pour un maillage du territoire français par des structures consacrées aux maladies infectieuses, comme celle qu’il dirige. Elles seront cruciales, pour lui et son institut. Soit les essais cliniques lancés lui donnent raison sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine et conforteront sa stature de savant précurseur et incontournable. Soit ils le démentent et le ramèneront à un statut de simple bateleur qu’il ne mérite pas. En attendant, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Cochrane France) lui a demandé, dimanche 22 mars, les données brutes de son essai sur l’hydroxychloroquine. Mardi soir, il n’avait toujours rien reçu.

Et là encore, le premier critique de Didier Raoult n’est autre que Didier Raoult lui-même, qui écrivait, en 2015 dans Le Point, reprenant les idées d’un professeur de Harvard : « Pour redonner confiance dans les études scientifiques », il faut « mettre plus systématiquement les données brutes à disposition de tous ».

26 mars 2020

Milo Moiré

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