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Jours tranquilles à Paris
20 novembre 2018

Emily Ratajkowski lance une marque de lingerie au summum du sexy

Alors qu’elle vient de dévoiler les nouvelles pièces de sa ligne de maillots de bain Inamorata, elle en profite pour annoncer le lancement de sa marque de lingerie baptisée M/Rata.

Le calendrier d’Emily Ratajkowski s’emballe. Entre le lancement de sa nouvelle collection de maillots de bain pour Inamorata et l’annonce d’une ligne de lingerie nommée M/Rata, le top aux 20,5 millions d’abonnés n’en finit plus d’enflammer la toile. En effet, Emily Ratajkowski a choisi les réseaux sociaux pour dévoiler son nouveau projet avec une série de photos sexy… Avant de se rétracter, supprimant les publications Twitter et passant le compte Instagram M/Rata en mode privé. Quant au site, il dirige vers une page d'inscription, pour ceux qui veulent être "the first to know". À suivre de près.

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20 novembre 2018

Carlos Ghosn arrêté, un choc et des questions pour Renault-Nissan

carlos

Par Éric Béziat, Philippe Jacqué - Le Monde

L’arrestation du créateur de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi plonge le groupe dans une zone de turbulences.

Ce n’est rien de moins qu’un « tremblement de terre », pour nombre d’observateurs et d’acteurs de l’industrie automobile. Carlos Ghosn, PDG de Renault et président non exécutif de Nissan et Mitsubishi, a été arrêté, lundi 19 novembre, par la justice japonaise en raison de soupçons de malversations. Le parquet de Tokyo a confirmé mardi qu’il a été placé en garde à vue pour des soupçons de dissimulation de revenus. Nissan a annoncé la tenue d’un conseil d’administration dès jeudi pour démettre M. Ghosn de ses fonctions. Dans la foulée, Mitsubishi Motors a fait état d’une décision similaire, sans préciser de date pour la tenue du conseil.

Passage en revue des principales interrogations que soulèvent l’arrestation et l’éviction du tout-puissant patron.

L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi peut-elle résister au départ de son fondateur ?

C’est la grande inconnue de l’éviction de Carlos Ghosn, véritable clé de voûte de cette alliance industrielle atypique puisque l’homme est encore président non exécutif de Nissan et de Mitsubishi, PDG du groupe Renault et président de Renault-Nissan BV, la coentreprise de droit néerlandais en charge notamment des achats communs. L’actuel directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa, a annoncé qu’il proposerait jeudi au conseil d’administration du constructeur japonais la mise à l’écart de son président. Mitsubishi a également annoncé lundi vouloir démettre M. Ghosn de la présidence du conseil d’administration.

En France, c’est la sidération qui prédomine tant chez les administrateurs que chez les syndicats et les personnels. Le syndicat CFE-CGC du groupe Renault s’est ainsi dit « inquiet » pour l’avenir du constructeur automobile après l’arrestation au Japon de son patron. La CFE-CGC « demande officiellement que toutes les mesures soient prises au sein du groupe pour préserver les intérêts du groupe Renault et de l’alliance », a ainsi déclaré Bruno Azière, délégué de ce syndicat de l’encadrement.

Mariette Rih, déléguée syndicale centrale de FO au sein du groupe au losange, parle d’un « traumatisme » pour l’entreprise et souhaite que tout soit mis en œuvre pour minimiser l’impact sur Renault et sur les projets communs issus de l’alliance industrielle entre Français et Japonais. Pour ne parler que de la France, la Nissan Micra est depuis 2016 fabriquée à l’usine Renault de Flins (Yvelines) et des projets de production de véhicules utilitaires sur les sites Renault de Sandouville (Seine-Maritime) et Maubeuge (Nord) ont été lancés il y a quelques jours. « C’est un modèle de développement industriel que nous ne souhaitons pas voir menacé », conclut Mme Rih.

Selon Hiroto Saikawa, il n’y a pas de risque. « L’alliance entre les trois entités ne sera pas affectée par cet événement », a-t-il promis dans sa conférence de presse au siège du groupe à Yokohama, en banlieue de Tokyo, même si l’impact sur Renault sera, lui, « significatif ». Un bon connaisseur du groupe pense, lui :

« Ni Renault, ni Nissan, ni Mitsubishi n’ont intérêt à interrompre cette alliance. Il y a beaucoup trop à perdre. En revanche, il peut y avoir la tentation d’un rééquilibrage au profit de Nissan et au détriment de Renault. »

Alors que Renault détient 43 % de Nissan, ce dernier ne détient que 15 %, sans droit de vote, du français. Un vrai traumatisme pour le constructeur japonais, qui est pourtant plus puissant. En 2017, son chiffre d’affaires était de 92 milliards d’euros, près de 33 milliards d’euros de plus que Renault...

L’an dernier, les trois constructeurs ont dégagé 5,7 milliards d’euros d’économies liées aux synergies industrielles, une somme assez importante pour réduire de manière très importante leurs coûts et rester compétitifs. D’ici 2022, M. Ghosn avait fixé un objectif de 10 milliards d’euros de synergies, en particulier grâce aux effets concrets de l’intégration de Mitsubishi. Ensemble, les trois constructeurs revendiquent le rang de premier constructeur mondial, avec 10,6 millions de véhicules vendus l’an dernier, juste devant le groupe Volkswagen.

Qui est Hiroto Saikawa, le nouvel homme fort du constructeur nippon qui cherche à pousser Carlos Ghosn hors du groupe ?

Il n’y est pas allé de main morte. Hiroto Saikawa, 65 ans, directeur général de Nissan depuis le 1er avril 2017, a décidé de pousser Carlos Ghosn, président non exécutif du constructeur, dehors… M. Saikawa a eu des mots très durs contre l’ex-PDG :

« C’est un problème que tant d’autorité ait été accordée à une seule personne (…) Je dois dire que c’est un côté obscur de l’ère Ghosn. »

Des malversations financières expliquent ce renvoi prévu jeudi 22 novembre, lors d’un conseil d’administration du constructeur nippon. « Si les faits sont avérés, cette mise à l’écart est logique, mais le coup paraît trop bien monté, relève un observateur. Vu le déroulement des faits, la direction Nissan semblait bien au courant et disposait d’un communiqué déjà prêt. »

Chez Nissan depuis 1977, Hiroto Saikawa a monté tous les échelons de la société jusqu’à prendre la succession de Carlos Ghosn, son mentor, au poste exécutif du groupe japonais. Après son coup de force, M. Saikawa a justifié cette mise à l’écart. « Le long règne de Carlos Ghosn a affecté les activités de Nissan », a-t-il ainsi déclaré. Après dix-neuf ans d’un pouvoir sans partage, Hiroto Saikawa a tué le père.

Est-ce l’heure de Thierry Bolloré pour succéder à Carlos Ghosn à la direction de Renault ?

C’est peut-être enfin son moment. Thierry Bolloré, promu en février 2018 directeur général adjoint, peut être rapidement promu au poste de directeur général de plein exercice en lieu et place de Carlos Ghosn. Pour le moment, ce dernier, reconduit PDG de Renault depuis 2006, a refusé ce titre à tous ses DG adjoints, de Patrick Pélata à Carlos Tavares. « Pour l’instant, il n’a aucun intérêt à s’agiter. Il attend tout simplement son heure. Aujourd’hui, il tient tous les leviers de l’entreprise », pense un ancien de la maison.

Cet ancien de Michelin, comme Carlos Ghosn, connaît le groupe comme sa poche. Recruté en 2012 pour s’occuper des approvisionnements, il est rapidement devenu directeur délégué à la compétitivité, poste qu’il a conservé jusqu’en début d’année avant sa promotion. Les mésaventures japonaises de son patron lui ouvrent de nouvelles perspectives. En revanche, pas sûr qu’il puisse revendiquer le poste de PDG, l’Etat, qui détient 15 % de Renault, étant désormais un adepte d’une gouvernance dissociée président et directeur général.

Que peut faire l’Etat actionnaire ?

Au sommet de la République française, c’est le branle-bas de combat. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a affirmé aussitôt la nouvelle apprise alors qu’il était à Bruxelles, que « la première préoccupation » de la France après l’arrestation de Carlos Ghosn à Tokyo était « la stabilité » de Renault et « la consolidation de l’alliance » entre le constructeur automobile français Renault et son partenaire Nissan.

M. Le Maire a déjà pris contact avec Luc Chatel, président de la filière automobile française, ainsi qu’avec Philippe Lagayette, administrateur référent de Renault. Le conseil d’administration s’est fendu d’un court communiqué indiquant que « dans l’attente d’informations précises émanant de Carlos Ghosn (…) les administrateurs consultés expriment leur attachement à la défense de l’intérêt du groupe Renault dans l’Alliance. » Le conseil d’administration est censé se réunir « au plus vite », conclut le communiqué.

A Bercy, on se dit abasourdi par un coup que « personne n’avait vu venir, conséquence d’une dénonciation interne ». Bruno Le Maire rencontrera mardi les principaux administrateurs de Renault avec Martin Vial, membre du conseil de Renault, qui préside l’Agence des participations de l’Etat. Vendredi, M. Vial a rappelé devant la presse la volonté des pouvoirs publics de renforcer l’intégration de Renault et Nissan tout en préservant l’ancrage français de l’ex-régie – ce qui inclut le siège et les centres de R&D – dans l’Hexagone.

20 novembre 2018

Exit du Musée du Louvre pour tenue indécente.....c'est justifié à mon avis !

tenue indécente

19 novembre 2018

Serge Gainsbourg

gains

serge

19 novembre 2018

La lettre politique de Laurent Joffrin - Ghosn : case trésor, case prison

Voilà qui va contribuer à redorer le blason du capitalisme international… Tous les contempteurs de la mondialisation libérale, syndicalistes rouges, militants verts ou «gilets jaunes», fustigent une «oligarchie», qui vit «dans un autre monde», assise sur un pouvoir démesuré et un tas d’or vertigineux. Carlos Ghosn vient de leur apporter un argument du même métal.

C’est Nissan, l’entreprise du patron le plus médiatique du monde automobile qui a elle-même sonné l’hallali. Elle s’apprête à remercier sans cérémonie celui qui la dirige depuis quelque vingt ans, sous l’accusation de malversations et de fraude fiscale. Une paille…

Si tout cela se confirme – on imagine mal Nissan se fonder sur un dossier fragile ou incomplet – ce patron déjà payé un bras, environ 15 millions d’euros par an, aurait gratté quelques centaines de milliers d’euros supplémentaires sur sa feuille d’impôts et fait payer par son entreprise un certain nombre de dépenses personnelles. A croire qu’il avait du mal à joindre les deux bouts…

Jupiter, encore lui, rend fou ceux qu’il veut perdre. Carlos Ghosn, déjà atteint par un melon taille SUV, dirigeant autoritaire cumulant les fonctions éminentes et passant outre régulièrement les remarques que pouvaient lui faire ses actionnaires sur son avidité sans frein ni ralentisseur, aurait poussé l’hubris jusqu’à s’affranchir aussi des règles fiscales. Il survolait le marché automobile, il s’est mis à planer au-dessus des lois. Ses collègues se contentent en général d’exploiter la législation à leur profit en devenant des champions de l’évasion fiscale. Ce qui les met à l’abri des poursuites judiciaires. Ghosn aurait donc franchi cette ligne rouge, sans doute pris du vertige de l’impunité.

Etrange aveuglement : il avait redressé Nissan contre toute attente, réussi une alliance difficile entre Renault et ses partenaires, porté son groupe au premier rang des constructeurs automobiles dans le monde. Ses émoluments solides le mettaient à la tête d’une coquette fortune ; ses états de service comme industriel en faisaient une légende du monde automobile, lui qui avait commencé comme simple cadre chez Michelin. Un tel pedigree aurait pu lui suffire. Il faut croire que la morale du capital n’est pas celle du commun des mortels. Celui qui gagne des millions trouve toujours qu’il lui manque 100 000 euros. Sur ce point au moins, le vieux Marx avait vu juste : accumulez, accumulez ! C’est la loi et les prophètes.

LAURENT JOFFRIN

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19 novembre 2018

Phrases de Parisiens...

batterie

parisien22

19 novembre 2018

URGENT-Ghosn-Nissan: C.Ghosn a utilisé de l’argent de la société à des fins personnelles

carlos

Le constructeur automobile japonais Nissan indique dans un communiqué que le président de son conseil d’administation, Carlos Ghosn, « a utilisé de l’argent de la société à des fins personnelles ».
Nissan confirme aussi que Carlos Ghosn « a déclaré au fisc japonais des revenus inférieurs aux revenus réels ». « De nombreuses autres fautes graves ont été découvertes », dit encore le communiqué.
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Renault-Nissan : Carlos Ghosn arrêté au Japon après des soupçons de fraude fiscale

Le président de l’alliance Renault-Nissan est soupçonné d’avoir dissimulé une partie de sa rémunération au fisc japonais. Nissan va proposer son départ.

Son salaire a toujours fait jaser. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a été arrêté, lundi 19 novembre à Tokyo, dans le cadre d’une enquête portant sur des soupçons de fraude fiscale et d’abus de biens sociaux.

Le groupe Nissan a confirmé lundi matin que Carlos Ghosn, président non exécutif du groupe, a « pendant de nombreuses années déclaré des revenus inférieurs au montant réel ». Le groupe a en outre fait savoir que « de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles ». En conséquence, son conseil d’administration, qui se réunira jeudi, proposera que M. Ghosn quitte rapidement son poste de président.

Ces annonces viennent confirmer des informations du quotidien japonais Asahi Shimbun, qui précisait plus tôt dans la matinée que le PDG de Renault était interrogé lundi matin par le parquet de Tokyo pour violation présumée de la réglementation japonaise sur les instruments financiers et les changes. Carlos Ghosn a été placé en détention à l’issue de cet interrogatoire.

Plusieurs centaines de millions de yens

Selon le quotidien nippon, le patron de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est soupçonné d’avoir minoré une partie de sa rémunération, issue de l’achat et de la vente d’actions. La somme pourrait concerner plusieurs centaines de millions de yens (centaines de milliers d’euros). Le chef d’entreprise a accepté de collaborer avec la justice, assure l’Asahi Shimbun.

Emmanuel Macron a assuré lundi que l’Etat français, actionnaire de Renault, serait « extrêmement vigilant » à « la stabilité » du constructeur automobile et à l’avenir de son alliance avec Nissan. Il a précisé que l’Etat apporterait « tout son soutien » à « l’ensemble des salariés » de cette entreprise.

Dans la matinée, les investisseurs avaient en effet vivement réagi à cette annonce. En Allemagne, le titre Nissan a dévissé de 11,3 % dans les minutes qui ont suivi les premières informations, encore parcellaires. A la Bourse de Paris, l’action Renault a, elle, chuté de 12 %. La valeur boursière du constructeur français a perdu plus de 1 milliard d’euros, pour revenir à 17,9 milliards d’euros, son plus bas niveau depuis janvier 2005. En six mois, la capitalisation du groupe tricolore a diminué d’un tiers.

Un des patrons les mieux payés de l’Archipel

Au Japon depuis 1999, Carlos Ghosn a été le principal artisan du sauvetage du constructeur japonais, au bord de la faillite. Entouré d’une petite équipe de cadres venus de Renault, il a restructuré la société et l’a progressivement rapprochée opérationnellement de la marque au losange au sein d’une alliance industrielle globale. Après ce sauvetage, M. Ghosn est devenu une véritable idole au Japon, au point de devenir un personnage de manga.

Longtemps, il a été l’un des patrons les mieux payés de l’Archipel, avec une rémunération – incorporant un salaire fixe, variable et des stock-options – supérieure à 9 millions d’euros par an. En 2017, cependant, sa rémunération a baissé, quand il a abandonné sa fonction de directeur général chez Nissan. Il a touché l’équivalent de 5,6 millions d’euros pour son travail chez le constructeur japonais, selon le cabinet Proxinvest. Chez Renault, le patron de l’alliance Renault-Nissan obtient en revanche, pour l’exercice 2017, 7,4 millions d’euros.

Depuis plusieurs années, la rémunération du patron suscite de nombreuses polémiques en France, l’Etat – qui détient toujours 15 % de Renault – refusant systématiquement de voter en faveur de la rémunération de M. Ghosn lors des assemblées générales. En 2016, les actionnaires avaient même voté contre lors de l’AG, un vote que le conseil d’administration n’avait pas suivi.

La nouvelle pourrait-elle accélérer la succession de M. Ghosn à la tête de Renault ? Depuis février, le groupe français était entré dans une période de transition. Un numéro deux chez Renault avait été désigné pour la première fois depuis 2013, en la personne de Thierry Bolloré, nommé directeur général adjoint.

Contactés par Le Monde, les services du ministère de l’économie, qui gèrent la participation de l’Etat dans Renault, n’ont pas souhaité faire de commentaires. Tout comme Renault, Nissan France et Nissan Europe.

Service économie

19 novembre 2018

Emily Ratajkowski

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19 novembre 2018

Portrait - Chris Dercon, chef de chantier du Grand Palais

Par Roxana Azimi

Chris-Dercon

L’atypique historien d’art qui a dirigé le Musée Boijmans et la Tate Modern, a été choisi pour piloter le Grand Palais et ses 900 salariés. Une mission de cinq ans afin de décloisonner les arts et gérer aussi les travaux prévus en 2020.

Pourquoi lui ? Chris Dercon, le nouveau grand manitou du Grand Palais, qui succède à une énarque, Sylvie Hubac, qui succédait à un autre énarque, Jean-Paul Cluzel, est un historien d’art, belge de nationalité, parlant le français avec un accent flamand. Après des semaines d’hésitation, l’Elysée et la Rue de Valois ont fini par s’accorder sur ce personnage atypique, qui a roulé sa bosse à New York, Rotterdam, Munich, Londres et Berlin, mais pas en France. Sa mission, qui prendra effet début janvier pour cinq ans, n’est pas ordinaire : gérer un paquebot de 900 salariés, un conglomérat culturel sans collection qui accueille foires, défilés et expositions, édite des catalogues et des produits dérivés. Un établissement qui fermera pendant trois ans, de 2020 à 2023, et dont il faudra piloter le chantier, colossal et contesté, de 466 millions d’euros.

De 1990 à 2016, l’homme a dirigé quelques institutions artistiques majeures dans un esprit transdisciplinaire. Mieux : il en a assuré les transformations physiques. Ainsi a-t-il créé de toutes pièces le Witte de With, à Rotterdam, réveillé, dans la même ville, le Musée Boijmans Van Beuningen, dont il a géré l’agrandissement et boosté la fréquentation, réaménagé les salles de la Haus der Kunst, à Munich, et supervisé à Londres la coûteuse extension de la Tate Modern, conçue par Herzog & de Meuron.

« SA QUALITÉ PRINCIPALE, C’EST L’ÉNERGIE. IL A LA CAPACITÉ À RASSEMBLER LES GENS, MAIS IL PEUT AUSSI LES ÉNERVER PARCE QU’IL PREND BEAUCOUP DE PLACE. » DIANE HENNEBERT, EX-DIRECTRICE DE LA FONDATION BOGHOSSIAN

Né en 1958 à Lierre, près d’Anvers, dans une famille de cinq enfants, Chris Dercon mène des études d’histoire de l’art et de théâtre. Avec un rêve, vite oublié, devenir artiste – la légende veut qu’il ait brûlé tous les éléments de sa pratique artistique sur un pont à Leyde. Les galeristes Albert Baronian et Yvon Lambert lui offrent son premier job, « directeur-concierge » de leur espace à Gand. Au bout de deux ans, il se lance dans le journalisme et le commissariat d’exposition, avant d’être nommé, en 1988, directeur des programmes à PS1, un centre d’art ultrapointu de New York. Le début d’une ascension fulgurante. « C’est un leader-né », vante Carolyn Christov-Bakargiev, directrice du Castello di Rivoli, à Turin, qui le connaît depuis ses débuts. Pour Diane Hennebert, ancienne directrice de la Fondation Boghossian, qui a, elle aussi, suivi ses premiers pas, « sa qualité principale, c’est l’énergie. Il a la capacité à rassembler les gens, mais il peut aussi les énerver parce qu’il prend beaucoup de place ».

Son objectif : décloisonner les arts. Comme le propose, depuis peu, le Grand Palais. « Il fait partie de ces curateurs qui pensent que l’art n’est pas une pratique définie, mais plutôt un discours, et peu importe que celui-ci soit plastique, cinématographique, architectural, musical ou dansé », résume le chorégraphe Jérôme Bel. A Munich, il présente aussi bien un peintre du XVIIe siècle, Nicolas Poussin, que la maison de mode Martin Margiela. Même grand écart entre les locomotives du marché, comme Damien Hirst, et des maîtres méconnus issus de pays émergents, comme le Soudanais Ibrahim El-Salahi et la Libanaise Saloua Raouda Choucair, qu’il programme à la Tate. « Ce n’est pas quelqu’un qui oppose marge et mainstream », relève Rüdiger Schöttle, ancien artiste devenu galeriste. « C’est un passeur », précise Dirk Snauwaert, directeur du Wiels à Bruxelles. Un provocateur aussi. A son arrivée au Boijmans, il invite l’artiste et militant Hans Haacke, habitué à pointer les conflits d’intérêts en matière de mécénat dans les musées. A la Haus der Kunst, un bâtiment commandé par Hitler en 1933, il fait polémique en installant Him, de Maurizio Cattelan, statue de cire représentant le Führer agenouillé en position de prière.

« SON CHARISME DEVRAIT FAIRE DES MERVEILLES. LA PROGRAMMATION SERA UN ENJEU IMPORTANT APRÈS LES TRAVAUX. EN CELA, SON PROFIL EST SÉDUISANT. » ALAIN SEBAN, ÉNARQUE

Mais Chris Dercon sait aussi, dans le dialogue intéressé avec les puissants, mettre ses pulsions entre parenthèses. Dans une interview au magazine W, il le dit sans détour : « J’aime faire du fundraising. » Jusqu’à un certain point. « Il en avait marre des milliardaires russes et des compromis qu’il fallait faire pour financer l’extension de la Tate Modern », confie le collectionneur belge Herman Daled. Aussi accepte-t-il un cadeau empoisonné : diriger le théâtre de la Volksbühne, à Berlin.

Cet homme à qui tout sourit y connaîtra sa plus grande déconvenue. Sa nomination à la tête de ce bastion du théâtre politique est-allemand déchaîne de violentes passions : lettre ouverte de 200 personnalités du théâtre contestant ce choix, pétition en ligne appelant à rouvrir les candidatures. Quinze jours durant, son palier est même souillé de matières fécales. Cause ou conséquence, sa programmation, ouverte sur l’international et la danse plutôt que sur l’art oratoire et le répertoire, ne prend pas. En avril, six mois après sa prise de fonctions, Dercon est poussé vers la sortie.

Autant dire que sa nomination au Grand Palais lui permet de sauver la face. Son profil n’aurait-il toutefois pas mieux convenu à une direction de musée ou de centre d’art qu’au bourbier d’un chantier ? Ancien directeur du Musée national d’art moderne, Alfred Pacquement en est convaincu, « son charisme devrait faire des merveilles ». « La programmation sera un enjeu important après les travaux, relève l’énarque Alain Seban, qui fut candidat à ce poste. En cela, son profil est séduisant. » Le chorégraphe Boris Charmatz, lui, se réjouit du symbole : « À Berlin, Chris a été traité en étranger. La France, en le nommant, montre qu’elle n’est pas repliée sur elle-même et qu’elle regarde l’Europe. »

19 novembre 2018

Comme un lundi matin...

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